La seconde édition de la conférence internationale sur la photonique, les capteurs et l'énergie et leurs applications vient de clore ses travaux, le weekend dernier dans la capitale du Souss. Une manifestation scientifique d'envergure qui a tenu toutes ses promesses, en termes d'affluence professionnelle des experts et d'influence matérielle sur les échanges. Pour en arriver là, nombre de compétences en la matière ont été derrière la réussite de cet événement de haute portée théorique et pratique. On en citera l'une des pièces maitresses de cet éclatant succès qui n'est autre que Bouchta Sahraoui (marocain, possédant un grand esprit d'appartenance), éminent professeur de l'Université d'Angers (Institut Moltech-Anjou UMR CNRS 6200, Angers, France), président de la présente manche et vice président de l'association marocaine de physique des matériaux avancés et leurs applications qui a bien voulu nous accorder l'entretien ci-après : Al Bayane : Quels sont les principaux axes de cette seconde édition de la conférence 2017, par rapport à la première à El Jadida, il y a deux ans? Bouchta Sahraoui : Ces caractéristiques se résument en trois volets essentiels. Tout d'abord, la photonique moléculaire est basée sur l'interaction lumière-matière à l'échelle moléculaire et ses différentes applications dans le domaine de la nano photonique. Le but majeur est de pouvoir contrôler les propriétés macroscopiques via les propriétés microscopiques. Nul ne doute que les technologies de demain seront basées en grande partie sur le photon le dernier prix Nobel obtenu 2012 par le Physicien S. Haroche en témoigne grandement par la pause de la première brique vers cette direction ainsi que le prix Nobel de physique attribué aux inventeurs de la LED bleue en octobre 2014. Le remplacement des fils et des câbles traditionnels de cuivre des ordinateurs par des fibres optiques est un exemple qui se traduirait par une énorme augmentation de la vitesse de transfert de données. L'intérêt de cette thématique réside dans l'ingénierie moléculaire pour la photonique. Cette démarche d'ingénierie moléculaire à partir de laquelle les composants photoniques sont conçus et mis au point, concerne en premier lieu l'optimisation des propriétés optiques non linéaires de molécules ou de nano structures. L'optique non-linéaire pourra surement révolutionner les télécommunications. Le second but est de protéger par exemple non seulement l'être humain contre les agressions laser mais aussi les différentes cibles stratégiques (avions, navires etc…), sans oublier la fabrication des systèmes performants pour la limitation optique large Bande dans le visible et le proche infrarouge sont également à réaliser. A cela s'ajoute autres applications également importantes, notamment le stockage d'information par voie optique, la commutation optique, la conversion de fréquence ou le traitement du signal. Il reste cependant beaucoup de recherche à faire pour découvrir tout le potentiel et toutes les applications possibles des effets optique non-linéaires. Le second axe de cet évènement concerne les énergies renouvelables d'une manière globale. En générale les énergies sont fournies par le soleil, le vent, la chaleur de la terre, les chutes d'eau, etc.. Les énergies renouvelables n'engendrent pas ou peu de déchets ou d'émissions polluantes. Elles participent à la lutte contre l'effet de serre et les rejets de CO2 dans l'atmosphère. Le solaire (solaire photovoltaïque, solaire thermique), l'hydroélectricité, l'éolien, la biomasse, la géothermie sont des énergies flux inépuisables par comparaison aux énergies extraites des gisements de combustibles fossiles qui sont en voie de raréfaction (pétrole, charbon, gaz naturel). Notre évènement a mis l'accent plus particulièrement sur le solaire photovoltaïque et la récupération de l'énergie à base de molécules organiques, de matériaux hybrides et/ou de composés organométalliques. Depuis plusieurs années, de nombreux laboratoires de recherche scientifique travaillent pour augmenter le rendement du photovoltaïque organique ainsi que la stabilité des cellules organiques. Quelques premières applications basées sur le photovoltaïque organique ont été discuté lors de cet évènement en vue d'obtenir une durée de vie augmentée et des coûts de production abaissés. Le but est d'atteindre un rendement supérieur à 15%. En ce qui concerne les systèmes de récupération d'énergie, nous pouvons citer : récupération énergie thermique, récupération d'énergie électrique, système de récupération d'énergie électrique, récupération d'énergie piézoélectrique etc...). Je tiens à rappeler que le principe de la récupération de l‘énergie est de transformer l'énergie non exploitée en électricité. Le dernier aspect concerne les bio-détecteurs (bio senseurs, les biocapteurs). Par exemple des molécules susceptibles d'être utilisés comme des marqueurs biologiques. Les bio détecteurs permettent de déterminer la présence dans un échantillon de l'élément toxique. Par exemple la mesure de la teneur biologiquement active d'un composé toxique dans l'environnement est importante pour l'évaluation du risque. Par conséquent pour les toxicologues nucléaires qui souhaitent disposer de dispositifs de mesure sensibles, fiable et précoces, le développement de biocapteurs est un axe de recherche essentiel. D'autres types de bio senseurs sont à développer : développement de bio senseurs fluorescents, développement de bio-détecteurs pour lutter contre les moisissures, bio marqueur cancer, bio marqueur Alzheimer. Quel est votre bilan global de cette manifestation qui a, sans nul doute, généré des faits saillants? Comme vous dites, vu le nombre des participants et en particuliers des jeunes chercheurs marocains, cette manche se sera, en fait, distingué aussi bien au niveau de la quantité du flux que la qualité du contenu, plus particulièrement des diverses interventions. Le nombre des contributeurs aura, en effet, presque multiplié par deux, ce qui explique l'intérêt que portent les participants à cette conférence internationale. Sur le plan purement scientifique, les conférenciers pléniers sont incontestablement des sommités dans leurs domaines respectifs. Pour cela, il suffit de consulter la base des données «Web of sciences» pour s'en rendre compte. On mentionnera, à ce propos, Marek Samoc, un érudit chercheur polonais qui a eu le premier «Prix Polish Nobel Price» de la fondation scientifique de Pologne dans le domaine des matériaux fonctionnalisés pour l'optique non linéaire et Paras Prasad de Buffalo aux Etats Unis qui est un illustre savant ayant remporté plusieurs prix de distinction internationale dans le domaine de la nano-bio-photonique, l'une des sciences modernes mais compliquées à ce propos. Au fait, lors du colloque d'Agadir, M. Le Prof. Marek Samoc (Pologne), Le professeure Chantal Andraud (France), Professeure Lada Puntus (Russie) ont mis la lumière sur les applications des molécules Organiques et des nano-composés organométalliques dans les domaines de la photonique et nano-photonique, comme en témoignent ses récentes publications 2016/2017. D'autre part, M. le Prof. Mickaël Lallart (France) a mis l'accent sur le potentiel des matériaux polymères ou (récupération d'énergie piézoélectrique) dans la récupération de l'énergie. Tandis que le Prof Kariem Arof (Malaisie) a mis l'accent sur le potentiel des matériaux organiques et les pigments naturels pour le photovoltaïque. A votre sens, quelles sont les répercussions de cet événement sur le plan économique et la recherche scientifique? En premier lieu, les retombées immédiates sont destinées en aux étudiants en thèses de doctorats qui étaient très attentifs et réactifs au moment des différentes communications orales. En effet, les étudiants et les jeunes chercheurs ainsi que les doctorants ont eu la possibilité de prendre contact et de discuter avec les experts de très haut niveau en la matière. C'est sans conteste, une opportunité d'aller suivre des stages de recherche dans des laboratoires équipés de matériels scientifiques complexe et sophistiqués. L'interaction permettra, à coup sûr, de relever, à moyen terme, le niveau de la recherche nationale et pourra aussi conduire à l'obtention des brevets en commun et des projets scientifiques dans le cadre des appels d'offre européens. Il faut souligner que le caractère stratégique des thématiques traitées assurera des retombées scientifiques et socioéconomiques pour le tissu industriel et le développement de biens immatériels. Ce capital cognitif participe des indicateurs les plus récents retenus au niveau international pour mesurer le développement des Etats. Il faudra également parler de la qualité des interventions et des échanges qui s'avèrent très fructueux et, partant, on peut d'ores et déjà parler des rendez-vous pris pour la troisième édition qui aura lieu en 2019 à Casablanca/Mohammedia.