Malgré le poids de l'histoire et l'importance qu'a toujours revêtue l'intégration africaine pour le Maroc, l'admission, en février 1982, au sein de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), de la prétendue République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), créée en février 1976, a poussé celui-ci à se retirer de ladite organisation. Néanmoins, le départ effectif du Maroc ne s'est réalisé qu'à partir de 1984, suite à la participation d'une délégation de la « RASD » au 20ème sommet de l'OUA, organisé à Addis-Abeba, en Ethiopie. Pourtant, rappelons-le, le royaume chérifien est membre fondateur de l'OUA, créée en 1963, et devenue Union africaine (UA) depuis 2002. Cela étant dit, le Maroc est conscient de la nécessité d'œuvrer pour le développement du continent africain, auquel il demeure profondément attaché. Aussi continue-t-il d'être incontestablement présent sur la scène africaine malgré son absence de l'organisation panafricaine, qui se fait de plus en plus sentir. En témoignent les différents projets lancés à travers l'ensemble du continent, en vue de hisser ce dernier au rang des régions les plus prospères. On en veut pour preuve son indéfectible soutien au Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD), adopté par l'UA en 2001, dans l'objectif, notamment de « (…) promouvoir l'investissement et le développement en Afrique et d'œuvrer pour la création d'un environnement propice à l'essor du commerce et de la croissance ». De même, le Maroc multiplie les accords de partenariat, afférents à de multiples secteurs, conclus avec divers pays africains à l'instar du Sénégal, du Mali et du Togo. En outre, les investissements marocains en Afrique connaissent une réelle dynamique, concrétisée à travers l'intensification et la consolidation des « (…) alliances des groupes marocains avec les entreprises étrangères sur le continent ». De surcroît, plusieurs tournées royales dans le continent se sont soldées par l'inauguration de maints projets et par la signature de plusieurs conventions, « (…) dans les domaines de la marine marchande, le secteur minier, le génie civil, le logement, l'eau et la formation », entre autres. Il convient de rappeler, par ailleurs, qu'à l'issue du sommet, « Union européenne-Afrique », tenu au Caire en 2000, le Maroc a annulé la dette de 25 pays africains les moins avancés et a procédé à l'exonération totale de « (…) leurs produits des droits de douane à l'entrée du marché marocain ». Ceci dans l'objectif ultime de mettre un terme à la marginalisation de la région dans l'économie mondiale et d'instaurer un développement durable, en vue d'annihiler la pauvreté et le sous-développement. Ce qui signifie que la diplomatie chérifienne développe sur le continent une action intégrée d'essence étiologique afin d'y juguler, en fonction des ressources du Maroc, les causes de la précarisation. C'est dire, et à juste titre, que l'absence du Maroc de l'UA n'a, en aucun cas, présenté un frein pour la dynamisation de ses relations avec les autres pays du continent. Dès lors, l'on peut affirmer que le Maroc est présent de facto à travers ses actions et projets initiés dans la région. A cette aune, mentionnons la visite effectuée par le ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération, Saad Dine El Otmani, à la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, où il a été reçu par plusieurs chefs d'Etat africains, dont ceux du Bénin, du Gabon et de la Côte d'Ivoire. Cette visite, qui coïncide avec la tenue du 18ème Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA vient conforter et, surtout, rappeler la position du Maroc dans l'échiquier régional et l'« anomalie majeure » que reflète son absence. Toutefois, malgré les efforts consentis par plusieurs Etats africains pour que le Maroc regagne sa place de choix au sein de cette organisation, la principale raison justifiant le retrait du royaume chérifien persiste encore, et ce en dépit des voix qui s'élèvent pour réparer une illégalité que l'Histoire retiendra. D'autant plus que la réintégration du Maroc est une conviction partagée par plusieurs Etats membres de l'UA, en l'occurrence la Tunisie dont le président, Moncef Marzouki, a déclaré récemment, lors du dernier Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA, organisé à Addis-Abeba du 29 au 30 janvier 2012, que l'UA « (…) ne peut se passer d'un pays aussi important que le Maroc » et que son pays va s'assurer que le Maroc réintègre l'Union. Et le ministre des Affaires étrangères sénégalais de souligner que « (…) les politiques africains ‘'continueront à se battre pour que le Royaume reprenne sa place au sein de l'Union'' ». Par ailleurs, le chef de la diplomatie marocaine a réitéré, en marge de sa visite de travail effectuée à Addis-Abeba, en date du 29 au 30 janvier 2012, l'attachement, sans faille, du Maroc à l'unité africaine et s'est exprimé en faveur de la réintégration africaine, prônée, d'ailleurs, par ses prédécesseurs. En effet, le royaume chérifien a toujours « (…) inscrit la stabilité et le développement de l'Afrique, en tête des priorités de sa politique étrangère, privilégiant la coopération et la solidarité pour relever les défis socio-économique, politique et sécuritaire qui entravent le développement global du Continent africain ». Lequel constitue, indéniablement, une des priorités diplomatiques du royaume. Ainsi, grâce à sa politique étrangère menée sur le plan régional et son rôle incontestable dans la coopération sud-sud, le Maroc a réussi à « (…) rallier à sa cause la majorité des pays africains ». Ces derniers sont plus que jamais convaincus de l'indispensable réintégration du Maroc dans l'UA. De ce fait, le dernier sommet africain, fut l'occasion pour la plupart des chefs d'Etat africains, rassemblés à Addis-Abeba, de relancer les appels en faveur du retour du Maroc au sein de cette organisation. Reste à savoir que ce retour au sein de l'instance africaine, même s'il représente un enjeu majeur de la politique étrangère marocaine et figure, dès lors, sur l'agenda gouvernemental, est conditionné par l'exclusion de l'autoproclamée république sahraouie. Car tant que la « RASD » continue à faire partie de l'UA, le Maroc sera contraint d'opérer en dehors de cette instance jusqu'à ce que cette « anomalie » soit rectifiée. Créé en 2004 à Rabat, le Centre d'Etudes Internationales (CEI) est un groupe de réflexion indépendant dont le domaine de spécialisation s'articule autour de certaines thématiques nationales fondamentales, comme celle afférente au différend du Sahara occidental marocain. La conflictualité structurant la zone sahélo-maghrébine constitue également l'une de ses préoccupations majeures. Outre ses revues libellées, « Etudes Stratégiques sur le Sahara » et « La Lettre du Sud Marocain », le CEI initie, dirige et coordonne régulièrement des ouvrages collectifs portant sur ses thématiques de prédilection. Ainsi, le CEI a publié, en 2010, auprès des éditions Karthala, un ouvrage collectif intitulé, « Une décennie de réformes au Maroc (1999-2009) ». En janvier 2011, il a rendu public, auprès du même éditeur, un second ouvrage titré, « Maroc-Algérie : Analyses croisées d'un voisinage hostile ». Il a également fait paraître, en septembre 2011, auprès des éditions susmentionnées, un troisième ouvrage dénommé, « Le différend saharien devant l'Organisation des Nations Unies ».