"Viens, mon petit chéri, on va faire un tour en chariot !" s'exclame avec enthousiasme la maman en installant son bambin dans le siège du chariot du supermarché, ravie de pouvoir faire ses courses sans l'avoir dans les pattes. Grave erreur ! Voilà le gamin assis sur une bombe sanitaire, cerné par des bataillons de bactéries fécales. Les résultats préliminaires d'une étude américaine menée récemment par les chercheurs de l'université d'Arizona sont sans appel : sur 72 % des 85 poignées de chariots examinées dans quatre Etats, on retrouve des marqueurs de bactéries fécales. Et pas n'importe lesquelles, les chercheurs se sont intéressés aux prélèvements de 36 de ces chariots et ont découvert qu'un sur deux contenait la bactérie Escherichia coli, dont certaines souches sont très pathogènes. Selon Charles Gerba, professeur de microbiologie qui dirige l'étude, c'est plus que ce que l'on pourrait trouver dans les toilettes d'un supermarché. En effet, les toilettes sont régulièrement nettoyées avec des produits désinfectants, à l'inverse des poignées des chariots, dont la désinfection ne fait pas partie des tâches courantes des équipes d'entretien des supermarchés. Lingettes Des résultats qui corroborent ceux d'une précédente étude montrant que les enfants assis dans les chariots développent plus de maladies liées aux bactéries telles que Salmonella et Campylobacter. Pour protéger les enfants et leur éviter des diarrhées sévères, des vomissements ou pire encore, le mieux reste de désinfecter systématiquement les poignées des chariots avec des lingettes imbibées d'une solution hydro-alcoolique. Mais ce n'est pas tout, les chariots ne sont pas les seuls nids à microbes dont il faut se méfier dans les supermarchés, le professeur Gerba avait déjà mis en évidence de fortes teneurs en bactéries dans les sacs de courses réutilisables, expliquant que ne pas les laver régulièrement équivalait à porter les mêmes sous-vêtements tous les jours. Objets souillés Les bactéries sont partout, impossible d'y échapper, même si quelques foyers sont parfaitement identifiés. Il y a quelques années, le professeur Frédéric Saldmann de l'hôpital européen Georges-Pompidou avait marqué les esprits avec les 14 sortes d'urines qu'il avait détectées dans les bols de cacahuètes de bars. Depuis, les téléphones portables sont venus allonger la liste des objets les plus souillés. Une étude de l'université de Manchester a démontré qu'ils hébergent 500 fois plus de bactéries que les cuvettes de toilettes. Les souris et claviers des ordinateurs, dans une école de Washington DC, ont pour leur part été le vecteur d'une épidémie de gastro-entérite qui a touché 27 % des élèves qui les utilisaient. Selon une étude britannique, les distributeurs de billets de banque distribuent aussi des bactéries via les touches, et même les billets. Pas mieux du côté des salles de cinéma 3D où l'on s'échange, grâce aux lunettes, infections cutanées, conjonctivites, et même staphylocoque doré. Et l'iPad n'est pas épargné, l'université de Stanford a trouvé 18 fois plus de bactéries et de virus sur les écrans tactiles que sur les boutons des chasses d'eau. La liste est longue : poignées de porte, barres de métro, rampes d'escalier... Pas étonnant quand on sait qu'un seul gramme de matières fécales peut contenir au-delà de 100 milliards de bactéries. Un chiffre qui poussera peut-être certains à enfin se laver les mains.