Dans son rapport de 2015 sur le tabagisme, l'organisation mondiale de la santé (OMS) dresse un constat alarmant: les taxes sur le tabac demeurent encore faibles dans plusieurs pays. Certains n'en prélèvent d'ailleurs pas. Et pourtant, l'augmentation des taxes sur le tabac a été érigée par l'organisation onusienne comme une mesure phare pour enrayer «l'épidémie du tabagisme» qui sévit dans plusieurs pays. L'OMS requiert des gouvernements plus d'attention sur la question. D'après l'étude menée par l'OMS sur la mesure R du programme MPower de lutte contre le tabagisme, il est admis que l'augmentation des taxes sur le tabac dépassant 75% du prix du détail est une mesure efficace de lutte contre le tabagisme. Et pourtant, 10% seulement de fumeurs dans le monde vit dans les pays où les taxes sont surélevées sachant que la mise en place de cette mesure selon l'OMS est peu coûteuse et accroit les recettes publiques. Ainsi, en 2014, 11 pays uniquement ont augmenté les taxes sur les paquets de cigarettes pour qu'elles constituent 75% du prix de détail. En 2008, 22 pays appliquaient déjà cette mesure. En dépit de ces quelques progrès, dans la majorité des pays, le prix de la cigarette est encore très accessible. Ce qui enlise la lutte contre le phénomène de tabagisme. Toutefois, selon l'OMS, la lutte contre le tabagisme aurait enregistré des progrès au cours des 2 dernières années. En cause, plusieurs pays auraient appliqué certaines mesures du programme MPower inscrit dans le cadre de la convention cadre de l'OMS pour la lutte contre le tabagisme adoptée en 2003 et signée par près de 170 pays dont le Maroc. L'objectif de ce traité international est de mettre fin à la propagation de l'épidémie du tabagisme facilitée par certains facteurs dont la libéralisation des échanges commerciaux, les investissements étrangers directs, les activités transnationales de publicité, de promotion et de parrainage. Parmi les mesures qu'intègre cette convention-cadre figurent les mesures financières visant à réduire la demande de tabac ainsi que d'autres mesures à l'instar de la réglementation de la composition des produits du tabac, le conditionnement et l'étiquetage des produits du tabac, l'éducation, la communication et la formation et sensibilisation du public à la problématique. Lutte anti-tabac Louardi prône le renforcement des mesures déjà prises par le Maroc La commission des secteurs sociaux à la chambre des représentants a organisé, mercredi dernier une journée d'étude sur le thème «Le tabagisme entre réalité et solutions à l'horizon de la ratification par le Maroc de la convention cadre sur la lutte contre le tabac».Invité à cette rencontre, le Pr El Housseine Louardi, ministre de la Santé, a fait une intervention à cette occasion. Tout de go, Louardi a laissé parler les chiffres devant les députés. Il a ainsi affirmé que le tabac constitue l'un des plus dangers sur la santé, voire même une épidémie mondiale. Le Tabac est en effet l'une des premières causes de mortalité évitable (6 millions de morts par an, dont 600.000 pour tabagisme passif). Ce chiffre est appelé à croitre à l'horizon 2030 pour atteindre 8 millions de morts, dont 80% dans les pays en voie de développement. Le Maroc est très concerné par ce fléau car 31% des hommes et 2.3% de femmes s'adonnent au tabac. Plus grave, on retrouve en milieu scolaire marocain un taux de fumeurs de 10% chez les garçons et 7% chez les jeunes filles. Mais le ministre a affirmé que les autorités du pays ne sont pas restées les bras croisées. Le Maroc n'est autre que le premier pays maghrébin à avoir mis sur pied une loi une loi anti-tabac, en avril 1991. Cette loi interdit de fumer dans certains lieux publics, comme elle met fin à la publicité pour les marques de tabac. Cette loi a été renforcée en 2008 par l'interdiction de la vente des cigarettes aux mineurs. D'autres propositions visant à renforcer ce dispositif anti-tabac seront prises en considération a garanti le ministère de la Santé. Louardi a également rappelé aux députés que la lutte contre le tabac a été intégrée, en 2010, au Plan national de prévention et de contrôle du cancer (PNPCC), établi dans le cadre d'un partenariat entre le ministère de la Santé et la Fondation Lalla Salma de lutte contre le cancer. «Sur les 78 mesures de ce plan, 8 ont trait à la lutte contre le tabac», a précisé Louardi. Dans le cadre des actions de sensibilisation sur les dangers du tabac, le ministère de la Santé et la fondation Lalla Salma agissent de pair sur le plan médiatique, au niveau des établissements scolaires, mais aussi au niveau de tous les hôpitaux et centres de santé. Les dieux partenaires ont également organisés, en partenariat avec l'Organisation mondiale de la santé, une rencontre sur la convention cadre de lutte contre le tabac, en vue de sensibiliser sur la nécessité pour le Maroc d'intégrer rapidement cette convention, dont il est le seul pays arabe à ne pas avoir encore ratifiée.