La 26e édition des journées cinématographique de Carthage, les célèbres JCC, se tient cette année du 21 au 28 novembre 2015. Première nouvelle concernant le cinéma marocain, il s'agit de la sélection du long métrage. L'orchestre des aveugles de Mohamed Mouftakir en compétition officielle en vue de concourir, avec 14 autres films, pour le Tanit d'or, trophée prestigieux du plus ancien festival de cinéma en Afrique. Les JCC ont été créés en effet en 1966 sous la houlette d'un grand cinéphile maghrébin et africain, Tahar Chariaa. Elles ont été le lieu de rencontres et d'échanges entre les professionnels du cinéma dans le monde arabe et en Afrique. Une formidable vitrine pour des cinématographies nationales cantonnées dans des circuits limités du fait même de l'étroitesse des marchés locaux et de la rude concurrence imposée par le cinéma dominant. C'est un film sénégalais qui a remporté le Tanit d'or en 1966, La noire de... de Sembene Ousmane, premier long métrage d'Afrique occidentale. Très tôt un film marocain apparaitra au palmarès avec le Tanit de bronze décerné à Wechma de Hamid Bennani en 1970. Organisées, dès leur création, tous les eux ans, en alternance avec le festival de Ouagadougou, le festival de Carthage de viendra annuel dès 2014. C'est le producteur et cinéaste Brahim Letaief qui a été choisi pour présider aux destinées de la nouvelle tournure des JCC dans un contexte de grand changement que le pays a connu depuis 2011. Dans son mot d'ouverture de cette édition, il dit son optimisme : «Dialoguer, rêver, avancer : ce sont les trois mots qui résument nos ambitions pour cette 26e session. Trois mots qui placent le partage et l'innovation au centre de notre démarche. Concrètement, il s'agit d'ancrer les Journées cinématographiques de Carthage dans leur terroir arabo-africain tout en maintenant l'ouverture sur les cinématographies du monde, celles qui partagent notre souci d'indépendance et d'expression culturelle. Le contexte dans lequel se tient cette session est particulier, le défi à relever est grand mais il n'en est pas moins exaltant. Il s'agit de poser les grandes lignes de ce que sera le festival dans l'avenir, d'en renforcer les «fondamentaux», maintenant que son annualité est acquise. La réussite de cette session n'en rendra que plus éclatante la célébration, en 2016, du cinquantième anniversaire de ce festival fondé par feu Taher Cheriaa et rêvé par les cinéastes arabes et africains. La présence confirmée jusqu'à présent du film de Mouftakir en compétition officielle des JCC, en attendant d'autres précisions des organisateurs, est une bonne nouvelle à la fois pour le cinéma marocain qui continue sur sa lancée et pour Mouftakir. Rappelons que son deuxième long métrage, L'orchestre des aveugles, connaît un formidable succès public et critique et une très bonne présence à l'étranger.