Soulever de nouveau la question relative aux dons et greffes d'organes au Maroc, c'est tout de suite reconnaitre que c'est une pratique qui n'arrive toujours pas à connaitre un décollage susceptible de répondre aux attentes des patients en attente d'une greffe d'organe. Pourtant, le Maroc a été le premier pays arabo-musulman à avoir réalisé la première greffe de cornée en 1960 et la première greffe de rein en 1985. Au Maroc le taux des donateurs d'organes et de tissus humains après décès est insignifiant. Il ne dépasse pas 0,4 par million d'habitants, Si on fait une petite comparaison avec la Tunisie qui est un pays de même niveau, ce taux atteint 1,6 don d'organes En France, ce taux est de 25 donateurs par million d'habitants et en Espagne il est de 33. On peut aisément faire la différence et conclure que le don d'organes chez nous est pratiquement insignifiant. Pour bien comprendre la situation qui est la nôtre et mieux appréhender la problématique du don et de la greffe d'organes, il faut savoir par exemple qu'en 2014 , les hôpitaux autorisés a pratiquer les greffes d'organes n'ont pu réaliser que 370 greffes de cornées, 56 greffes de reins et 57 greffes moelles osseuses, alors que le besoin est de 1.000 greffes de cornées par an, celui des reins est estimé à 250 greffes/an et pour la moelle osseuse 300 /an. On est loin du compte. Pourtant notre population est aujourd'hui de plus en plus consciente que la greffe d'organes sauve des vies. Mais il y a à l'évidence un frein qui résiste, qui empêche que le don d'organes soit inscrit dans notre culture comme c'est le cas au niveau d'autres pays qui, faut-il le rappeler, ont réussi à lever plusieurs obstacles et tabous liés aux dons et greffes d'organes. Il reste beaucoup à faire A l'évidence, il y a des progrès certains au Maroc, qui est sur la bonne voie. La culture du don d'organes et de tissus que les donneurs soient vivants ou morts, ne cesse d'évoluer et de s'élargir de manière significative, comme cela est aujourd'hui le cas au niveau des hôpitaux universitaires, en plus de l'hôpital Sheikh Zayed et de l'hôpital militaire Mohammed V, Des structures habilitées, autorisées par le ministère de la Santé pour effectuer les greffes d'organes, car ces hôpitaux disposent de toutes les capacités techniques et les compétences et talents humains pour réaliser dans d'excellentes conditions ce genre d'interventions .C'est ainsi qu'en 2014, ces hôpitaux dument autorisés et habilités, ont pu réalises 50 greffes de reins. Tous ces éléments, démontre clairement si besoin, que le Maroc dispose de toutes les conditions requises pour mener dans d'excellentes conditions toutes sortes de greffes d'organes. Nous disposons d'une longue expérience, de compétences humaines avérées, de structures modernes adaptées et de la haute technologie. Mais, et il y a un mais, qui dit greffes d'organes, fait référence à la disponibilité constante de greffons, il s'agit en particulier du cœur, les reins, le foie, le pancréas, les poumons, les intestins la cornée, les os, la peau, les valves cardiaques, les vaisseaux et la moelle osseuse qui peuvent faire l'objet de transplantations. C'est aussi le cas pour les tissus humains (cornée, moelle osseuse, peau...). Après plus de dix d'existence seules 800 personnes se sont inscrites sur les registres dédiés aux dons d'organes après décès. C'est insignifiant. Aujourd'hui, on est loin de pouvoir répondre à une demande sans cesse croissante de patients en attente d'une greffe d'organes (rein, foie, cornée, moelle osseuse...). Il est clair que les besoins en la matière sont important et qu'il serait illusoire de prétendre faire face a toute les demandes. Nous avons les compétences, nous avons la haute technologie, nous avons des structures de haut niveau, mais ce sont les mentalités des citoyens marocains qui constituent un réel problème. Si le don d'organe a partir de personnes vivantes ne pose pas de restrictions significatives, car cette pratique fait toujours appelle à un membre de la famille qui se porte volontaire pour offrir un de ses reins ou autres à un frère, une sœur, un fils... Mais s'agissant d'un prélèvement post mortem, le don, le prélèvement et la greffe d'organes sont tenus à la solution du consentement présumé. En gros, un prélèvement est possible si, de son vivant, le patient a été inscrit sur le registre de donneur d'organes ou si les membres de la famille du défunt ne s'y opposent pas non plus. Mais là encore, c'est tout un travail qui reste à faire, et qui nécessite des équipes bien formées au niveau des hôpitaux qui sont autorisés à pratiquer les greffes d'organes. Il est nécessaire de créer un environnement propice à l'amélioration de la prise en charge psychologique des familles dès l'admission d'un patient en unité de soins intensifs. Il faut pouvoir évoquer avec tact l'éventualité d'un prélèvement avant le décès du malade, au lieu de mettre les proches au pied du mur une fois que l'irréparable est survenu La promotion du don d'organes passe donc par un renforcement des actions de sensibilisation en direction du grand public, via des émissions radiophoniques ou télévisées, des émissions programmées régulièrement, animées par des professionnels de la santé qui maîtrisent parfaitement le sujet et non pas par des présentateurs qui risquent de bâcler le travail car il y a le coté éthique, la dextérité, le savoir, la maîtrise du langage spécifique, la prise en considération de l'état d'âme des individus... Tout d'abord, il faut reconnaitre que tout n'est pas négatif. Bien au contraire, puisque les dons d'organes au Maroc enregistrent une évolution constante et confirment le niveau atteint par la médecine, la maîtrise totale des greffes d'organes par les équipes spécialement formées à ces pratiques. Ce qui nous manque, ce qu'il faut, ce qui serait souhaitable, c'est que les mentalités doivent absolument suivre cette évolution afin de confirmer davantage l'acte de générosité qu'est le don d'organes. Le Maroc a été le premier pays au niveau du Maghreb à s'investir dans le domaine de la transplantation d'organes et de tissus. En effet la première greffe de rein au niveau du Maghreb a été réalisée en 1985 au CHU Ibn Rochd de Casablanca, En 1995 : première greffe du cœur au centre hospitalier Ibn Sina de Rabat 1999 : loi 16 / 98 relative au don au prélèvement et greffe d'organes et tissus humains 2003 : création du conseil consultatif de greffes d'organes et tissus humains 2004 : première greffe de la moelle osseuse au centre hospitalier Ibn Rochd de Casablanca 2007 : première greffe d'organes au profit des enfants, à l'hôpital Ibn Rochd de Casablanca , avec l'aide d'une équipe du Pr Robert Debré . 2010 : signature de protocole entre le ministère de la santé et la banque de tissus humains Américaine «Vision Share» pour importer des cornées 2010 : Lancement du programme de greffes d'organes au niveau des CHU Mohamed VI de Marrakech et CHU Hassan II de Fès, avec la réalisation de 04 greffes de reins . Le Maroc a également connu depuis l'année 2010 , la réalisation de greffes d'organes à partir de donneurs en mort cérébrale avec le consentement de leurs familles, une grande première qui a été entreprise au niveau de l'hôpital universitaire Ibn Rochd de Casablanca, avant que cette pratique ne soit généralisée au niveau des autres hôpitaux universitaires du pays et plus particulièrement le CHU Hassan II de Fès et le CHU Mohammed VI de Marrakech. 2011 : ouverture de la première banque des yeux au Maroc, au CHU Mohamed VI de Marrakech. 2012 : première opération réussie de transport d'organes grâce aux unités héliportées, le transport d'un organes (rein) s'est effectué dans de bonnes conditions, et en un temps record de Marrakech, vers Casablanca, et ce pour le bénéfice d'in patient , qui a pu être sauvé 2012 : Lancement de la première opération de sensibilisation en faveur du don d'organes après décès en présence des ministres de la santé, de la justice et des libertés et celui des affaires islamiques. 2013 : révision de l'article 11 de la loi 16 / 98 relative aux dons et greffes d'organes et tissus humains. En 2014, la première greffe du foie a été réalisée, à l'hôpital universitaire Mohammed VI de Marrakech, qui a été suivie de deux autres transplantations du foie, au CHU de Casablanca et celui de Rabat. Par ailleurs, il convient de rappeler que le Centre universitaire Hassan II de Fès a réussi une grande première dans le domaine du prélèvement multi-organes et greffes de plusieurs patients, la première du genre en 2014. Greffes rénales En 2010, le Maroc a réalisé 28 greffes de reins 2011 : 19 greffes de reins 2012 : 36 greffes de reins 2013 : 43 greffes de reins 2014 : 46 greffes de reins Greffes de la cornée 2012 : 372 greffes 2013 : 399 greffes 2014 : 370 greffes Greffes de foie En 2014 : 5 greffes de foie, dont 3 grâce à des donneurs décédés.