Pour Abdelatif Ouammou, chef du groupe de l'Alliance socialiste à la chambre des Conseillers, le bilan de la production de la session du printemps est très moyen et beaucoup de blocages persistent et handicapent le bon roulement de la machine législative. Il s'agit notamment de l'absence de mécanismes dynamiques dans la relation gouvernement/Parlement et du manque d'encadrement au sein de la deuxième chambre. Le phénomène de lobbying pèse de tout son poids sur le retard accusé par les travaux des deux chambres. Al Bayane : quel bilan faites-vous de la production législative de la session printanière du Parlement ? Abdellatif Ouammou : Le bilan de la production législative de l'actuelle session parlementaire est très moyen. Cela est dû à la manière de gestion de l'ensemble des composantes du parlement en général et de la deuxième chambre en particulier. En effet, les deux dernières sessions ont été marquées par un travail beaucoup plus organisationnel et structurel avec l'instauration d'un climat d'activisme et de dynamisme entre les différents groupes parlementaires. Ce bilan moyen s'explique, outre mesure, par les travaux de réhabilitation du siège de la chambre des Conseillers. Ces travaux ont causé des problèmes de centralisation des informations et de la tenue des réunions des groupes et commissions à l'extérieur de l'édifice sans aucun lien avec les autres groupes ni avec le corps des ministres. Cela étant, le retard législatif est causé également par la relation parlement/gouvernement qui n'est pas gérée par des mécanismes dynamiques combinés à l'absence des ministres qui bloque les réunions des commissions. Autre bémol de cette session du printemps est le manque d'encadrement au sein de la chambre en elle-même. Les différentes commissions n'ont pas les compétences humaines et techniques requises pour débattre les textes de lois a caractère trop technique. Les élus comptent sur leurs propres compétences et leurs contributions restent insuffisantes. Le phénomène du lobbying à l'intérieur du parlement entraîne, pour sa part, le blocage de certains dossiers et projets de lois. Quels ont été les moments forts de la dite session ? Avant de répondre à cette question, je dirai que le parlement a besoin d'un souffle fort pour pouvoir liquider l'ensemble des projets et textes de lois. Parmi les moments forts, je citerai d'abord les débats déclenchés sur les grandes questions lors de la session de mardi (questions d'actualité). Les autres faits marquants ont porté sur le débat houleux et critique des différents rapports présentés lors de la session du printemps, à savoir le rapport de la Cour supérieure des Comptes, celui de l'ICPC (Instance Centrale de Prévention de la Corruption) et le débat sur le rôle des médias qui dure plus de mois. Le présentation du bilan à mi-mandat du gouvernement Abbas El Fassi est un autre moment fort qui a été suivi d'un grand débat aboutissant à des conclusions et donc à des engagements nouveaux. Ainsi, en plus d'un appel pour relancer un travail de concentration sur les réformes politiques et institutionnelles (lois électorales, organisation politique, échéance 2012), la responsabilité de tout un chacun est désormais engagée. Selon vous, qu'est- ce qui reste à faire lors de la prochaine session ? Il serait judicieux de trouver le moyen adéquat pour mieux aménager le facteur temps pour donner à la deuxième Chambre l'occasion de liquider les projets de lois en attente. La discussion de la loi des Finances 2011 occuperait à mon avis l'essentiel des débats lors de la session d'automne. Entre le 20 octobre, date de remise du projet de budget à la chambre des députés et le 20 novembre, délais limite pour l'adopter et le soumettre à la seconde chambre, les conseillers chôment pendant pratiquement un mois. Il s'agit donc de mieux organiser le temps pour améliorer la production législative.