Le PAM dans la tourmente Attention les sigles se ressemblent et ne renvoient pas – nécessairement - au même référent. Le PAM pour les familiers des médias (et de la politique) est le concentré sémantique pour parler du Paysage audiovisuel marocain. Entendre par là la télévision (surtout), la radio (de plus en plus), les réseaux et autres supports qui font appel au son et à l'image en dehors du cinéma bien sûr qui ne relève pas de l'audiovisuel, même si c'est une confusion qui fait des ravages dans plusieurs milieux. Ce PAM donc, dont les frontières sont de plus en plus floues, va mal, très mal. Deux éléments au moins illustrent ce malaise récurrent du paysage audiovisuel marocain. D'abord, un constat vécu lors de ce méga-événement que vient de vivre - et d'organiser - notre pays, à savoir la petite coupe du Monde, le mondialito des clubs. «A quoi sert une chaîne comme Arriadia ?» s'interroge un observateur du champ médiatique face au désarroi de nombreux téléspectateurs qui n'ont pas pu accéder à la retransmission de l'épopée du Raja. Les images ayant été monopolisées par une chaîne cryptée et livrée par le seul canal hertzien de la première chaîne nationale. A l'ère du tout numérique, annoncé comme le triomphe de l'image par tout pour tout le monde, cette nouvelle exclusion invite à plus de modération dans les discours apologétiques de la nouvelle media-sphère. La chaîne thématique sportive n'était pas la seule à vivre des miettes, la deuxième chaîne, qui a vécu son âge d'or avec les retransmissions de la Champion's league, a frisé le ridicule avec des reportages au seuil des stades abritant l'essentiel de l'événement. Ce n'est pas la première fois que nos chaînes nationales échouent à satisfaire les attentes du public autour d'un grand événement, le livrant à la merci du marché aussi bien légal que parallèle. C'est l'aspect le plus criant de la crise du PAM. Elle a des dimensions qui relèvent de la stratégie et se négocient comme une question de souveraineté. L'autre aspect est plus conjoncturel. Il est lié à la nouvelle colère qui secoue le monde très fermé des sociétés de production audiovisuelles. Celles-ci viennent de réagir avec virulence à l'annonce de l'octroi des marchés suite aux appels d'offre pour la nouvelle grille des programmes de 2M et de la SNRT. «On est passé de la misère à la disette», c'est ainsi qu'un jeune producteur résume la situation. Il faut dire, en effet, que le milieu de la production a vécu deux années de turbulence suite au changement introduit pas le ministère de la Communication. Au début de 2012, il a lancé un chantier de réformes autour de la question des cahiers des charges. Réforme qui a défrayé la chronique et a conduit la profession dans un tunnel où il a fallu intervenir par une commission de sauvetage ad hoc, alors présidée par M. Nabil Benabdellah ; elle a révisé le texte initial et a introduit des amendements qui ont permis son adoption...Tout cela avait pris du temps et s'est répercuté par un chômage technique, «terrible» sur le plan humain, pour de nombreux techniciens et responsables de société de production. Lors d'une rencontre ouverte dans un grand palace de Casablanca, le ministre a eu un avant goût de l'ampleur des dégâts sur une profession déjà fragilisée par la faiblesse du marché et l'archaïsme de son organisation. La virulence des propos renvoyaient à la violence du vécu quotidien tout simplement. M. El Khalfi leur a apporté son soutien. Les visées de la réforme sont nobles dans l'absolu... à savoir encourager et favoriser la transparence et les principes de la bonne gouvernance. Or, on vient de constater la confirmation de quelque chose que nous n'avons pas cessé de répéter : les meilleurs textes et procédures du monde ne peuvent introduire le changement sans l'absence d'une culture de changement. Ce n'est pas le cahier des charges qui fait la télévision. La preuve : les cahiers des charges sont là et rien n'a changé ni dans le monopole exercé par les mêmes clients des chaines depuis des lustres, en amont ; ni la qualité de la programmation, en aval.