Si tous les Marocains cessent de fumer de la cigarette et tout ce qui lui est associé, ils gagneraient l'équivalent en dirhams de 15 milliards de cigarettes par an, actuellement consommés dans le pays, selon des statistiques rendues publiques lors de la Conférence débat de plaidoyer et de sensibilisation en faveur de la ratification de la Convention de l'OMS pour la lutte anti-tabac, non encore ratifiée par le Royaume. Et si tous les Marocains cesseraient de fumer, le pays ferait l'économie d'un véritable problème de santé, lié à la consommation du tabac et qui serait à l'origine de milliers de maladies comme c'est le cas partout dans le monde. Selon l'OMS, près de 6 millions de décès par an sont dus au tabagisme dont plus de 600.0000 sont des fumeurs passifs. Les conséquences sanitaires du tabagisme induisent également des coûts estimés à des centaines de dollars supportés par la société. Au Maroc, les fumeurs accros de plus de 15 ans représentent 18% de la population (31,6% des hommes et 3,3 des femmes). Quant aux jeunes fumeurs âgés de 13-15 ans, ils représentent quelque 9,5%. Pour le ministère de la Santé, les maladies non transmissibles (étiologie) liées au tabagisme, constituent la première cause de décès au Maroc (maladies cardiovasculaires, cancers, etc.) Et ce ne sont pas les textes et les programmes qui manquent au Maroc pour lutter contre ce fléau, mais bel et bien la volonté personnelle des fumeurs pour cesser de fumer. En dépit du fait qu'il n'a pas encore ratifié la CCLAT comme l'ont fait 177 pays dans le monde, le Maroc est doté d'un programme national de lutte contre le tabagisme, en application du Plan national de prévention et du contrôle du caner. Malgré donc tout l'arsenal juridique mis en place, le pays compte toujours des millions de fumeurs et dont certains ne tentent jamais de remettre en question leur décision de fumer. Il est vrai que la décision de fumer est personnelle et que pour cesser de fumer, il est aussi impératif pour le fumeur de se déprogrammer. En consommant de la cigarette, le fumeur n'est pas seulement devenu «accro», c'est-à-dire dépendant d'un point de vue physique, psychologique et comportemental, il a également développé des façons de penser et pleins d'habitudes liées de plus en plus à la cigarette. Ces liens sont si forts qu'on parle de réflexes de fumeurs. De telles façons de penser, habitudes, réflexes ne se modifient pas juste en avalant une pilule ou en prenant une résolution du nouvel an. Si on veut se libérer de la cigarette, il faut se déprogrammer et chacun est libre de choisir la stratégie qui convient à sa personnalité. Un ancien fumeur vous dira avoir réussi le pari de cesser en remplaçant la cigarette par des verres d'eau, qu'il buvait à chaque fois que l'envie de fumer le prenait. Un autre vous dira avoir réussi dès le premier coup en remplaçant la cigarette par des sucettes. En attendant, il est nécessaire pour le pays de créer toutes les conditions requises pour remporter la bataille contre le tabagisme en procédant à la ratification de la Convention de l'OMS pour la lutte anti-tabac. La bataille est difficile car il s'agit de faire face aux géants producteurs du tabac et de la cigarette, qui cherchent par tous les moyens à accroitre leurs gains et non pas à perdre un marché mondial qu'ils contrôlent belle lurette.