Dans une semaine, jour pour jour, le tapis rouge se déroulera sur le pavé du cinéma Rialto et le rideau s'étirera devant les foules enchanteresses. Les sons de cloche de la 9ème édition du grand événement cinématographique retentiront, à la satisfaction des festivaliers de tous bords. La fête du cinéma s'installe, sous les accolades des stars et du public, emportés dans l'ivresse du partage et de la communion. Le Festival Cinéma et Migrations qui se tiendra du 8 au 11 février, sous la présidence du grand écrivain marocain, Tahar Benjelloun, fera actualité, au vu de la thématique dont la teneur et l'originalité sont de plus en plus palpitantes. «Le cinéma vit et la migration survie, par la violence. Merci pour le festival d'Agadir qui permet de mettre en évidence toute cette réalité commune !», claironne le détenteur du prix Goncourt. Comme à l'accoutumée, depuis déjà presque une décade, cette manifestation annuelle, une réelle tradition, est organisée par l'Association “Initiative culturelle” en collaboration avec le Centre Cinématographique Marocain (CCM). «Le choix porté sur le romancier et poète Tahar Benjelloun pour présider cette édition n'est pas du tout le fait du hasard», explique Driss Moubarik, président de cette Association active, à l'origine de cet évènement artistique et culturel. «En fait, Tahar Benjelloun a longuement écrit sur la condition des immigrés, les difficultés d'intégration, la liberté, le dialogue et les problèmes du racisme et d'exclusion, autant de thèmes complexes et universels qui constituent la thématique centrale de notre Festival», poursuit-il. Le Prix Goncourt 1987 pour “La Nuit sacrée”, est, entre autres, la consécration et la continuité en effet, d'une série féconde et percutante de romans, essais et recueils de poésie, largement salués par la critique et traduits dans de nombreuses langues. L'on cite, dans la foulée, “L'Enfant de sable, “la réclusion solitaire”, “Le racisme expliqué à ma fille”, “Partir”, “Au pays”… «Chaque année, on s'efforce de dénicher les meilleures trouvailles du 7ème art afin de dépasser les redondances et accrocher les masses des fans qui prennent d'assaut les divers espaces du festival», souligne Aziz Omari, directeur et plaque tournante de cet événement de haute notoriété. En effet, cette nouvelle manche, propose plus de 30 films marocains et étrangers. Les adeptes du cinéma et le grand public auront l'opportunité de suivre, dans différents lieux de la ville d'Agadir, des courts et longs métrages et documentaires portant, entre autres, sur le phénomène migratoire. Une manière de satisfaire tous les goûts et les attentes de plus en plus exigeantes. Dans la catégorie des longs métrages, le programme comporte des productions comme “Notre étrangère” de Sarah Bouain, “Illégal” de Olivier Masset-Depasse, “Route vers Kaboul” de Brahim Chkiri.«Beur sur la ville», de Djamel Bensalah, «Andalousie, mon amour !» de Mohamed Nadif, «De l'huile sur le feu», de Nicolas Benamou. De bout en bout, cette panoplie de réalisations raffinées et débordantes d'interprétations et de questionnements profonds auront, sans doute, exercé le charme et la volupté requis. Ces trois derniers films seront projetés lors d'une soirée spéciale où la comédie est reine. Ces productions jetteront en effet pleine lumière sur des situations critiques auxquelles sont confrontés les immigrés au quotidien, vacillés entre leurs pays d'origine et les pays d'accueil, entre traditions et modernités, entre communautarisme et ouverture sur l'autre. L'humour, la dérision et la caricature servent ainsi de moyens subtils pour aborder, sans complexe, des sujets «sérieux» et des situations, assez souvent, sources de tensions, de polémique et de discorde. Une kyrielle de courts-métrages et documentaires sont aussi au menu. A titre d'exemples : “Rocky doit mourir” de Abdellah Nihrane, “6h15 min” de Mouna Karimi, “Au secours Africa” de Zaynab Toubali, “Mariage mixte” de Salma Eddlimi, “Ensemble” de Mohamed Fekrane, “Sur la route du paradis” de Uda Benyamina et “Chlamydia” de Ben Younes Bahkani. Pareillement, en partenariat avec l'Institut culturel italien, les cinéphiles pourront découvrir ou redécouvrir le chef d'œuvre italien “The Golden Door” du réalisateur Emanuele Crialese. L'un des moments forts de cette 9ème édition n'est autre que l'hommage qui sera rendu, dans la convivialité et la reconnaissance, à deux sommités de la scène artistique marocaine et égyptienne: le chanteur-compositeur et acteur Younès Megri et à la figure emblématique du cinéma égyptienne, Hassan Hosni. Ces moments de haute intensité seront l'occasion d'exalter les qualités rarissimes que renferment ces deux ténors de l'art contemporain. Une riche programmation a été, par ailleurs, élaborée par l'Association « Initiative Culturelle» au profit des étudiants de l'Université Ibn Zohr, en particulier pour les étudiants des filières des sciences humaines, et des sciences de la communication et de l'audiovisuelle. Une tradition « complice » qui vise à tendre des passerelles d'échange et de symbiose entre les adultes et les jeunes imbibés par la magie de l'image. Tahar Benjelloun aura, donc, deux rencontres avec les étudiants de la Faculté des lettres et sciences humaines d'Agadir. La première portera sur sa vision en tant qu'écrivain et chroniqueur sur l'actualité de l'heure, en particulier les récents bouleversements qui ont jalonné la scène régionale. La seconde consiste en un débat sur la question migratoire avec les étudiants du Master « Migrations et développement durable», à l'issue de la projection du documentaire «Partir, retourner. En voyage». Sur un récit de Taher Benjelloun, le documentaire est réalisé par les italiens Nene Grignaffini et Francesco Conversano. Une belle opportunité pour les étudiants, d'autant plus que la faculté a toujours été, par le passé, un lieu communication, consolidé récemment par la mise en œuvre d'un centre des médias universitaire dont l'objectif est justement de mettre en marche une réactivité des plus probantes. Par ailleurs, des ateliers sur l'écriture au Cinéma, l'interprétation dramatique et l'image cinématographique sont proposés aux étudiants de la Faculté polydisciplinaire de Ouarzazate. Ils seront animés respectivement par l'acteur et réalisateur Mohamed Nadif, l'acteur Rabie Kati et le cameraman reporter, Houcine Oualil. Parallèlement à la projection de leurs courts métrages, les réalisateurs Uda Ben Yamina, Mohamed Chrif Tribak et Abdelillah Zirat se déplaceront à l'enceinte de l'Université pour débattre avec les étudiants sur différents thèmes liés au 7ème Art et à leur parcours professionnel. Comme il est de tradition depuis la première édition, le festival est aussi un espace de débats sur les problématiques de l'immigration. Des universitaires et des chercheurs nationaux et étrangers se pencheront cette année sur les phénomènes de la mobilité géographique, en particulier des femmes et des mineurs, l'arrière plan démographique du printemps arabe, la migration et les droits de l'homme. Evènement artistique et culturel, le festival se veut aussi une occasion pour faire la lumière sur des phénomènes qui continuent malheureusement de sévir dans notre société, en mettant à profit le succès acquis auprès du grand public et des médias pour les dénoncer et pour interpeller les responsables et la société générale. En collaboration avec l'Association “ Touche Pas à mon enfant”, le festival prévoit la projection du film “La danse du Monstre” de Majid Lahcen, qui traite du fléau des abus sexuels contre les enfants. Le film tourné à Agadir, sera projeté en présence des membres du casting, une occasion pour le public de venir en nombre, suivre le film et faire entendre sa voix pour que cesse ce genre de pratiques infâmes et ignobles. Enfin, on ne peut clore ce papier de présentation (nous rapporterons de près tous les moments de cet événement d'envergure), sans évoquer non sans allégresse cette sorte de familiarité intime qui marque la présence des vedettes marocaines et des grandes foules admiratives de leurs stars. Des moments de haute émotion indescriptible.