Un réel problème de santé Les envenimations scorpioniques constituent une pathologie d'urgence grave, et un problème de santé publique important au niveau des régions du centre-sud et du sud du Maroc, comme Essaouira, Marrakech, Agadir, Safi, Béni Mellal, Kalâat Sraghna, Khouribga, Tata ou encore Tiznit. Chaque année, 30.000 personnes sont victimes de ces piqures de scorpions et 100 enfants de moins de 15 ans décèdent des suites de ces piqûres de scorpions. À l'instar des pays chauds, les envenimations scorpions-serpents constituent une calamité qui est à l'origine d'un grand nombre de victimes. Ces envenimations sont devenues la première cause d'intoxication avec 50 à 60% des cas déclarés au Centre antipoison du Maroc, Conscient de ce danger et des réelles menaces que font peser sur la santé des individus, par les fortes chaleurs, les scorpions et les serpents venimeux, surtout au niveau de certaines régions du Maroc, le ministre de la Santé, El Housseine Louardi a présidé le lundi 6 mai au dernier siège de son département, une réunion consacrée à l'étude des mesures, dispositifs et moyens à mettre en place dans le cadre de la lutte contre les piqûres et les envenimations scorpioniques qui connaissent une augmentation, surtout en périodes de fortes chaleurs , comme c'est le cas en été et plus particulièrement au niveau de certaines régions en milieu rural. Le rôle et les moyens du Comité national de lutte contre les piqures de scorpions et les envenimations seront renforcés afin de mener à bien toutes ces missions. La campagne de lutte contre les piqûres et les envenimations scorpioniques débutera par la région de Marrakech- Tensift El Haouz où sont enregistrés la majorité des cas entre mai et octobre de chaque année. Mais les piqures de scorpions et les envenimations résultants des morsures de serpents sont aussi fréquentes dans les régions du centre-sud et du sud du Maroc : Essaouira, Agadir, Safi, Béni Mellal, Kalâat Sraghna, Khouribga, Tata ou encore Tiznit. 30.000 piqûres de scorpions chaque année Au Royaume, chaque année, 30.000 piqûres de scorpions sont enregistrées par le CAPM (Centre national antipoison et de pharmacovigilance) et seuls 10% de ces piqures de scorpions nécessitent une hospitalisation avec prise en charge au niveau des services de réanimation des hôpitaux. Les services d'urgences et de réanimations des zones concernées par la problématique des piqures de scorpions sont dotés des moyens matériels et thérapeutiques pour faire face, dans de très bonnes conditions, à tous les effets, complications et insuffisances cardio-vasculaires, respiratoires et atteintes neurologiques ou musculaires inhérentes au venin et poison des scorpions. Par ailleurs, grâce à la stratégie nationale de lutte contre l'envenimation scorpionique, on a noté une diminution très significative des décès qui étaient de 6 cas à 1,5 cas pour 1.000 piqures de scorpions entre 2001 et 2012. En outre, on note chaque année en 150 et 200 cas de morsures de serpents, dont 30 à 50% nécessitent une prise en charge en milieu hospitalier. Les enfants plus sensibles Les envenimations scorpioniques constituent à l'évidence une pathologie d'urgence grave, et un problème de santé publique important au niveau des régions citées. Le problème c'est quand il s'agit de jeunes enfants Selon les estimations, environs 100 enfants de moins de 15 ans décèdent des suites de piqûres de scorpions. Mais les personnes de plus de 70 ans sont plus sensibles aux piqûres fatales En cas de piqûre, le venin se diffuse rapidement dans le corps et se fixe au niveau des tissus. La personne ressent des douleurs, frissons, sueurs et d'autres symptômes. Sans traitement, la mort survient dans les 6 à 15 premières heures dans environ 20% des cas chez l'adulte et jusqu'à 35% des cas chez l'enfant. Ce qu'il faut éviter lors d'une piqûre de scorpion Inspiré des croyances légendaires de la population, le traitement traditionnel reste sans effet, voire même dangereux, et il faut impérativement le bannir. Il s'agit de : L'incision et la scarification : risque d'élargir la surface de diffusion du venin avec risque d'infection. La succion : risque d'entraîner l'envenimation de la personne qui la pratique. La pose du garrot : risque d'entraîner une gangrène et par conséquent une amputation du membre blessé ou encore risque de «crush syndrome» lors de la levée brutale du garrot. Le recours aux moyens traditionnels (gaz, brûlures...). L'utilisation de certains produits (henné, gaz, miel, etc.) est sans effet. Ces procédés ne font que retarder le transfert des victimes vers les formations sanitaires qualifiées. Les gestes urgents à faire Lors d'une piqûre de scorpion : Enlever le scorpion des habits, chaussures, literie et le tuer. Retirer la victime du lieu de la piqûre. Noter la taille et la couleur du scorpion. Calmer le piqué et son entourage. Noter l'horaire de la piqûre Evacuer immédiatement le piqué vers la plus proche unité sanitaire. Il faut rappeler que dans bien des cas la piqure du scorpion peut être sans gravité, mais eu égard à la précipitation, à la pratique de certains gestes et actes qui sont dus à l'ignorance, au manque d'information des populations concernées par cette problématique, la situation peut vite se dégrader. Par ailleurs et concernant la prise en charge des victimes, il est utile d'insister sur la répartition inégalitaire des structures et des effectifs des personnels de santé, la plupart des douars étant souvent situés à des dizaines de kilomètres du dispensaire le plus proche, et les centres de prise en charge des intoxiqués se trouvant uniquement dans les villes. Une anomalie qu'il convient de corriger.