Le 21 mars a été proclamé journée mondiale de la poésie par la conférence générale de l'Organisation des Nations-Unies pour l'éducation, la science et la culture, lors de sa 30° session, à Paris. C'était en octobre et novembre 1999. L'objectif primordial de cet événement est d'encourager la lecture, l'écriture, la publication, l'amour et l'enseignement de la poésie dans le monde. Dans ce cadre, nous invitons à partager le plaisir de la lecture et la création poétique avec un écrivain, poète issu du sud–est marocain, Mohamed Agoujil. Que représente la journée mondiale de la poésie pour vous ? C'est une occasion qui doit faire penser à l'importance de la créativité dans la vie car rien ne peut dissiper la peur, libérer la parole, et cultiver l'espoir en des jours meilleurs que ce zeste paradisiaque qui vient parfumer les airs et rappeler aux consciences qu'il n y a pas que l'argent et le pouvoir dans la vie et qu'il y a surtout l'humain. Cette dimension de la vie qu'on oublie le plus souvent ou qu'on déconsidère à tel point d'en faire la première victime des guerres et de tous les maux qui déchirent la société moderne. Pourquoi avez-vous choisi la poésie comme moyen d'expression ? Et quelles sont les fins auxquelles vous souhaitez aboutir ? S'adonner à la poésie ne se choisit pas tout simplement parce que ce n'est pas un métier. La poésie interpelle chacun de nous. Qui par la peinture, qui par la musique et qui par la danse. Il en est de même pour les autres métiers qu'on qualifie de techniques et qui exigent une certaine dextérité gestuelle et intellectuelle. On n'est pas un bon cuisinier par le respect total des consignes mais par le plus, ce «un-peu-de-soi» qu'on met dans une recette. C'est le flair de poésie qui guide les gestes, les objets et les mots (dans le cas du poète). Je n'ai donc pas choisi la poésie. Nous nous sommes rencontrés un jour dans le désert, ou un soir à l'ombre des fêtes de mariage qu'on célébrait jadis dans mon petit village. Puis vient l'école qui a mis à ma disposition un outil d'expression poétique qu'est la langue. Il y a un peu de tout pour faire de moi celui que je suis. Ecrire, ou mieux encore s'écrire, la poésie étant le majestueux royaume du «Moi», pour le plaisir de le faire et le partager avec les autres. Je n'ai d'autres buts que cela. Où trouvez-vous votre inspiration ? Pensez-vous que les gens lisent vraiment aujourd'hui la poésie, sachant que le grand nombre des éditeurs n'acceptent pas souvent la publication des recueils poétiques ? Je ne parlerai pas d'inspiration mais plutôt de prétextes d'écrire. La création poétique, et artiste en général, n'est pas l'apanage des uns à l'exception des autres. Elle est la propriété de tout le monde disait Barthes, parlant de l'écriture. Il est vrai que la poésie n'est pas assez lue, surtout chez nous, mais les poètes continueront quand même à écrire en dépit des éditeurs qui se détournent de la poésie, d'une certaine poésie surtout. Le poète n'attend rien d'un poème, ne serait-ce que le moment de plaisir que l'acte d'écrire lui procure. Bon anniversaire pour la Poésie et les Poètes.