Un bovin en fuite rappelle l'état archaïque des abattoirs Lundi 4 mars, à deux heures du matin, un taureau fou furieux, s'échappe des abattoirs de la ville d'El Jadida pour mener une folle course à travers presque tout le centre de la vill. Soit un parcours d'environ 4 kilomètres et plus. Il a failli causer une tragédie dans la cité. Empruntant les avenues Saâdiyine et Moulay Abdehafid, puis traversant la place Hassan II, il s'engagea dans l'avenue Mohamed Zerktouni sans qu'il ne soit poursuivi ou signalé à la police et à la protection civile. Au niveau de la mosquée Belhamdounia, il chargea, de plein fouet, un homme aveugle. Dans un état comateux, il fut transporté à l'hôpital provincial. La bête aurait pu poursuivre son périple si ce n'étaient quelques matinaux qui avaient réussi à la maîtriser après une cinquantaine de mètres du lieu de l'incident. La pauvre victime est toujours sous surveillance médicale. Cette fâcheuse mésaventure est l'occasion de nous pencher sur l'état de délabrement avancé des abattoirs, un établissement datant du temps du protectorat et qui ne dispose d'aucun outil de travail indispensable à cette profession de boucherie et d'aucun dispositif hygiénique et sécuritaire pour les employés et pour la santé des consommateurs. Ayant l'aspect d'un étable (et encore !), ce lieu peut servir à un dépôt de ferraille plutôt qu'à des abattoirs. On n'y trouve ni locaux pour l'administration, ni logements du vétérinaire et du gardien, ni poste de garde, ni de stabulations, ni de lazaret- incinérateur, ni de congélateur, ni incinérateur, ni de postes à bovins et à ovins. Rien ! Une honte pour un pôle économique vital du pays. Du côté du contrôle vétérinaire et autres, rapporte-t-on, c'est le laisser-aller flagrant synonyme de magouilles. On peut échanger la nuit une bête valide sanitairement par une autre invalide sans aucune difficulté. Les boyaux et les foies malsains, à défaut d'être incinérés faute d'incinérateurs, sont récupérés pour les vendre ailleurs. Et personne ne s'en soucie ! De nombreux bouchers, sans scrupules, ont fait fortune grâce à ce commerce macabre. Pendant ce temps et en l'absence inexplicable de la commission provinciale d'hygiène, des services des fraudes, de ceux de la Hisba et de la Santé publique, les locataires de la municipalité se la coulent douce en ne songeant qu'aux affaires juteuses leur rapportant gros au lieu de songer à la ville et à sa communauté ! Alors que le citoyen reste livré à lui-même sans aucune protection. Le conseil municipal de feu Mohamed Masmoudi et ex-ministre de l'Industrie et de commerce avait projeté, durant les années 80, la construction d'abattoirs modernes à l'avenue Jabrane Khalil Jabrane. Malheureusement, avec son départ, le projet a été enterré comme son instigateur.