Les possibilités de trouver un emploi formel étant limitées, de plus en plus de jeunes, surtout les moins instruits, cherchent à s'installer à leur compte. L'auto-entrepreneuriat est perçu comme un moyen de ne plus être inactif ou de ne plus faire des heures de travail interminables, dans des conditions dangereuses et pour un maigre salaire, ce qui est le lot de bon nombre de ceux qui ont un emploi informel. Cependant, le manque d'accès à une formation à la gestion d'entreprise et à des financements constitue un important obstacle à la création de micro-entreprises viables. Lorsqu'on se promène dans les souks de Fès ou dans toute autre médina marocaine, que l'on passe, dans le centre de Casablanca, devant un salon de coiffure très animé, qui ressemble à une gigantesque usine de beauté, ou que l'on voit, au coin d'une rue à Rabat, des jeunes attendant pour travailler à la journée sur un chantier de construction, on ne peut qu'être impressionné par ces manifestations de l'esprit d'entreprise. Dans tout le Maroc, des bataillons de jeunes travaillent très dur. Nombre de ces jeunes ont arrêté leur scolarité après le primaire et n'ont pour seule perspective que le secteur informel, ce qui limite leurs possibilités de gagner un revenu suffisant et régulier. Une récente étude de la Banque mondiale, intitulée Promoting Youth Opportunities and Participation (2012), illustre l'ampleur de l'exclusion sociale et économique des jeunes au Maroc. Le taux d'inactivité reste élevé au Maroc : 51 % des 15-29 ans ne font pas d'études et n'ont pas d'emploi. De plus, 69 % de l'ensemble des jeunes n'ont même pas un diplôme du premier cycle du secondaire, et 20 % sont analphabètes. Accès à une formation à la gestion Les filles sont particulièrement vulnérables. En effet, environ 82 % d'entre elles ne sont pas scolarisées et ne font pas non plus partie de la population active, soit pour des raisons familiales (63 %) soit parce qu'elles sont découragées (19 %). La proportion de jeunes qui travaillent, sans contrat, dans l'économie informelle est tout aussi considérable, puisqu'elle atteint 87 %. Les possibilités de trouver un emploi formel étant limitées, de plus en plus de jeunes, surtout les moins instruits, cherchent à s'installer à leur compte. L'auto-entrepreneuriat est perçu comme un moyen de ne plus être inactif ou de ne plus faire des heures de travail interminables, dans des conditions dangereuses et pour un maigre salaire, ce qui est le lot de bon nombre de ceux qui ont un emploi informel. Cependant, le manque d'accès à une formation à la gestion d'entreprise et à des financements constitue un important obstacle à la création de micro-entreprises viables. D'après l'étude de la Banque mondiale, le manque d'accès à des capitaux est l'un des grands obstacles cités par 80 % des jeunes qui souhaitaient se lancer dans une activité non agricole, et, pour 70 % des jeunes, ce sont principalement les risques financiers élevés qui incitent à renoncer à un projet de création d'entreprise. C'est pour lever ces obstacles qu'il a été décidé de mettre en place une approche innovante : un don de 5 millions de dollars en faveur de l'entrepreneuriat a été octroyé en vue de permettre à des jeunes peu qualifiés d'acquérir, pour la première fois de leur vie, des compétences dans le domaine de la gestion d'entreprise, de bénéficier d'un accompagnement et d'accéder à des services financiers. Ce don destiné au renforcement du micro-entrepreneuriat des jeunes défavorisés dans le secteur informel a été approuvé le 20 février par le comité directeur du Fonds pour la transition au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Région MENA), lors d'une réunion dans la capitale marocaine, Rabat.Lancé par le Partenariat de Deauville à la suite des changements historiques en cours dans plusieurs pays de cette région, le Fonds est un partenariat à grande échelle qui est axé sur la coopération technique. Il a pour objectif d'aider les pays en transition à consolider leurs institutions sociales, économiques et de gouvernance, de manière à promouvoir une croissance inclusive. Sur une période de quatre ans, l'enveloppe allouée devrait ainsi permettre à au moins 5 000 jeunes hommes et jeunes femmes, âgés de 15 à 29 ans et issus d'un milieu défavorisé, d'accéder à des services d'aide à la création d'entreprise. Au fil du temps, grâce au renforcement de leurs capacités institutionnelles, les acteurs nationaux et locaux pourront apporter à ces jeunes micro-entrepreneurs un appui plus large, à l'échelle nationale. Donner confiance aux jeunes «L'entrepreneuriat des jeunes et son soutien par un accès au financement sont cruciaux pour la bonne intégration de la jeunesse marocaine dans le processus de développement économique qui est à l'œuvre dans le pays depuis une décennie. Ce projet permettra de remédier aux problèmes existants et encouragera les jeunes à innover et à créer des entreprises viables, ce qui sera bénéfique non seulement pour eux, mais aussi pour leur communauté», a déclaré Simon Gray, directeur des opérations de la Banque mondiale au Maghreb. En réduisant les obstacles à l'entrepreneuriat, ce projet contribuera à la création d'emplois et à l'amélioration des revenus, tout en donnant aux jeunes une plus grande confiance en eux-mêmes et dans les institutions. En première ligne pour promouvoir l'auto-entrepreneuriat des jeunes, le ministère marocain de la Jeunesse et des sports conduira ces efforts, avec le soutien de la Banque mondiale. À cette fin, il s'appuiera sur ses services locaux qui ciblent les jeunes, il élargira son action aux segments les plus défavorisés et il s'attachera à accroître l'efficacité des dispositifs en place, afin de mieux répondre aux besoins des jeunes. Ce projet introduira également un nouveau modèle de partenariat entre le secteur public, le secteur privé et les ONG, avec, à la clé, un écosystème de plus grande ampleur qui sera propice à l'entrepreneuriat des jeunes au Maroc. *De la Banque mondiale