Entre un fou et demi et un demi-fou, il y a toujours un fou. Une équation qui s'identifie parfaitement à notre système scolaire. Au delà des prestations des personnes qui, tant bien que mal, s'ingénient à sortir leur épingle du jeu, la déconvenue éducative est certaine. La folie du fiasco a donc émaillé notre long parcours, en dépit des tentatives de réformes dans lesquelles on avait injecté un argent fou, sans parvenir à trouver la panacée. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, dès lors que l'éducation s'érige en handicap crucial, tirant notre pays vers le bas de l'échelle. Tout l'orgueil d'une nation de science et de connaissance, à travers des siècles, s'estompe, face à des contre-performances répétitives. Las de ces échecs, on verse dans l'attentisme et le désarroi, après les derniers soupirs du programme d'urgence. Encore une fois, on y sort bredouille, malgré certains redressements timides. L'école marocaine, dans sa globalité, secrète la non-qualité sur toute la ligne. Hormis quelques minorités qui se permettent de fournir à leurs progénitures des apprentissages de niveau, les larges franges de la société déshéritées sont quasiment exclues de la formation requise. Les petits apprenants des milieux ruraux vivent la déchéance, de bout en bout. Dans nombre de facultés, les jeunes ne savent ni parler correctement les langues, ni disserter à l'écrit. De surcroit, l'université n'enfante plus de cadres éclairés, civiques et pleins de fougue, depuis que le débat profond et fécond est remplacé par la haine de l'extrémisme. Les enseignants, pour la plupart, en ont ras-le-bol de rabâcher les mêmes clichés, depuis des lustres et s'indignent de voir leurs efforts s'effilocher comme des fétus de paille. Le malaise est total ! On se couvre de ridicule de voir épanouir des entités au passé récent. L'adéquation de la formation au marché de l'emploi est, à coup sûr, renvoyée aux calendes grecques. Le Singapour et le Bangladesch, pour ne citer que ces petits poucets, se sont appropriés comme fer de lance de leur expansion deux fondements essentiels, à savoir l'éducation et la solidarité. Leur performance défraie toute la chronique dans un monde fortement acquis à ces assises fondatrices. Au Maroc, on est bien loin de ces prouesses, à croire les sondages de l'Unesco qui nous placent dans les rangs les plus bas de la planète, en compagnie du Yémen, la Mauritanie, du Djibouti ou encore la Somalie. Cette affreuse défaillance influe négativement sur les indicateurs du développement humain, puisque notre pays vient de perdre, une fois n'est pas coutume, 16 points, selon le rapport de l'instance précitée, alors que le programme universel dénommé «la pérennité et l'équité, meilleur avenir de tous», le Maroc dégringole à la 15e place sur 20 pays arabes. Le paradoxe est d'autant plus criant qu'il s'affronte au niveau élevé qu'enregistre notre pays aux plans des institutions démocratiques et des croissances socioéconomiques, par le truchement des réformes manifestes, depuis déjà des années. Il va donc falloir harmoniser les indicateurs déficitaires avec les performances réussies, à travers des modes d'actions plus agissantes, dans la stabilité et la cohésion.