Que dire d'un homme qui se prend pour le pivot de la vie politique au Maroc? Un mélange de bourgeois gentilhomme qui vient de découvrir qu'il est devenu «le leader du parti» et de tartuffe qui ne cesse de «vendre le singe et de rire de celui qui l'a acheté». Servant de pieux mensonges pour réaliser des effets positifs et rechercher son propre avantage sans se soucier du tort causé à autrui, il se réclame démocrate par la force des urnes. Il faut lui reconnaître cette imagination et cette créativité qui lui permettent de faire croire à son histoire. Pour lui, tous les jours sont des fêtes, car à l'instar de Néron, il n'hésiterait pas à brûler la Ville pour se donner une stature. Il privilégie le contact direct à l'action institutionnelle pour que «Monsieur le Président» fasse sentir à ses ouailles qu'il est à leur service. Chacun fera le nécessaire après pour qu'il reste lui à son propre service. Electoraliste par excellence, il ne peut se passer de ses contacts directs avec «ceux qui ont besoin de lui». Le clientélisme lui a servi pour que les urnes parlent à tous les niveaux. Son ambition est de devenir partout le premier. Et de ministre, il le déclare, il n'en veut pas. Le poste nécessite une certaine réflexion alors qu'il adore agir en usant de ses téléphones portables. Il est fort dans son jeu favori de «battre et rebattre les cartes» pour que son cheminement se transforme en destin. Les ennemis d'hier, qu'il dénonce avec sa gouaille outrancière, deviendront les amis du jour ; l'important c'est d'arriver à ses fins, quels que soient les moyens utilisés, parmi lesquels la préhension de la barbichette des uns par les autres semble être le plus efficace. Se proclamant du peuple et prônant le recours au peuple, le leader nouvellement proclamé ne se positionne ni avec le gouvernement ni avec l'opposition. Il est global et totalitaire en évoquant la Nation dans son ensemble pour mieux faire passer son simplisme. Il annonce d'ores et déjà sa victoire dans les prochaines élections partielles. Il est certain de les avoir puisqu'il est fort en calcul sonnant et trébuchant; d'autant plus que l'Oracle lui a assuré cette augmentation du nombre des députés de son parti pour mieux défendre le remaniement du gouvernement qu'il s'acharne à réclamer sans raison valable, à moins de répondre à un agenda dont il ne serait qu'un événement fortuit. Et puis, ses annonces sur la vie quotidienne montrent bien qu'il sait ajouter de l'huile sur le feu. C'est comme cela qu'il s'est construit et c'est sa manière de faire de la politique. Reste le prix du médicament! Belle affaire pour faire sentir à ceux qui l'accompagnent dans son exécutif qu'il pose les véritables problèmes, les leurs, pour calmer leurs angoisses provoquées justement par la Cour des comptes. Et l'Autre, édile de la ville des pigeons et déçu du fameux G8, avec son sourire narquois lui tend une lettre où des malversations commises dans une faculté sont dénoncées. La gorge pleine, roucoulant pour se libérer de son fiente, il contribue par cela à exprimer son opposition au gouvernement et laisser notre personnage jouer sa partition: le ministre est un représentant du parti au sein du gouvernement. Il doit rendre compte aux instances de Sa Chefferie et rester à son service. A d'autres de s'occuper du service de l'Etat et de la réalisation des aspirations des Marocaines et des Marocains pour une vie meilleure. C'est l'Oracle qui le dit et autant qu'il est «leader syndical, politique et édile à la fois», il reste au service. Quelle fiction! Elle est telle que l'auteur de l'Autocritique risque de se retourner dans sa tombe. Lui qui savait que la fiction n'enlèvera rien aux relations entre deux forces politiques alliées depuis des lustres. Et bien sûr, faut-il préciser «que toute ressemblance avec des personnes réelles ne serait que pure et fortuite coïncidence».