Le Maroc leader en matière de résorption de l'habitat insalubre Le directeur exécutif de l'ONU-Habitat : l'expérience du Maroc, «un succès historique réalisé par un pays sans pétrole, sans diamants et sans gaz naturel». Benabdallah : la réussite du Maroc en la matière tient à la ferme volonté royale qui transcende les changements et à la mobilisation des seuls moyens humains et institutionnels du pays. L'expérience du Maroc en matière de lutte contre les bidonvilles est un «succès historique, remporté par un pays sans pétrole, sans diamants et sans gaz naturel, rien que ses ressources humaines et ses institutions», a affirmé, lundi à Rabat, Joan Clos Drapeau, secrétaire général-adjoint de l'ONU, Directeur exécutif du Programme des Nations unies pour les établissements humains (PNUEH ou ONU-Habitat), à l'ouverture d'une conférence internationale organisée sous le haut patronage de SM le Roi sur le thème «Sortir des bidonvilles: un défi mondial pour 2020». Depuis 1950, le Maroc a testé divers programmes dont le dernier a été lancé en 2004 sous l'impulsion de SM le Roi sous l'appellation de «villes sans bidonvilles». Ce programme s'est fixé pour objectif l'éradication des bidonvilles dans 85 villes pour y contribuer à améliorer les conditions d'habitat de près de 1,7 million d'habitants avec une subvention de l'Etat qui atteindra à terme 10 milliards de dirhams. Jusqu'à ce jour, plus d'un million d'habitants (soit plus de 55 % des ménages concernés) ont vu leurs conditions de vie s'améliorer avec la déclaration de 45 villes sans bidonvilles. Stratégie intégrée En reconnaissance de ces performances, le Maroc a été récompensé par un prix de l'ONU Habitat, remis à SM le Roi, à l'issue de la rencontre entre le Souverain et le Secrétaire général de l'ONU en 2010, lors de la session de l'Assemblée générale, consacrée aux OMD. L'expérience marocaine est pleine d'enseignements devant inspirer tous les pays confrontés au phénomène des bidonvilles et en particulier en Afrique où 65 % de la population vivent dans des baraques, a dit le responsable onusien. Le succès de l'expérience marocaine s'explique par le fait que le pays n'en a pas fait une politique isolée à part, mais intégrée dans une stratégie globale et dans un processus de développement endogène, a-t-il expliqué, notant que cette lutte menée en concertation entre tous les intervenants a été l'opportunité pour le pays de créer des milliers de postes d'emploi. Elle a constitué aussi pour le pays l'occasion idoine pour promouvoir le secteur du bâtiment, lequel représente entre 7 et 8 % du PIB du pays. C'est pourquoi, un pays comme le Maroc qui ne dispose pas de gisements de pétrole, de gaz naturel ou de diamants a réussi cet exploit, en dépit de son niveau de développement relativement bas. En 2004, lors de l'élaboration de cette politique, le revenu par habitant ne dépassait pas 200 dollars par an, contre 500 dollars actuellement. Selon M. Joan Clos Drapeau, la stabilité politique du Royaume a fait que le pays dispose d'une stratégie cohérente durable, qui lui a permis de réaliser ses objectifs de réduction des bidonvilles, parallèlement à sa lutte contre la pauvreté et la précarité. Vision claire Abondant dans le même ordre d'idées, le ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville, Mohamed Nabil Benabdallah a souligné que le succès historique du Maroc en matière de réduction des bidonvilles et d'amélioration des conditions d'habitat des citoyens s'explique avant tout par la ferme volonté de SM le Roi Mohammed VI, engagement royal qui s'est traduit dès 2004 par le lancement du programme de «villes sans bidonvilles», un des programmes majeurs sur lesquels le ministère de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique et les établissements opérant dans le domaine fondent leur action. La stratégie mise en œuvre dans ce domaine a le mérité d'être durable, grâce à la détermination du Souverain, dont les orientations ont donné aux différents opérateurs une vision claire à suivre, a-t-il affirmé, ajoutant que le secteur s'est doté pour ce faire des outils institutionnels nécessaires et des établissements spécialisés. Selon le ministre, cette conférence internationale, organisée conjointement par le ministère de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville avec ONU-Habitat, s'inscrit dans le cadre de la revue à mi-chemin des Objectifs du millénaire pour le développement. Au cours de cette rencontre, les participants, parmi lesquels les 20 pays les plus performants, ayant réalisé des progrès significatifs, devront procéder évidemment à une évaluation à mi-chemin des résultats obtenus dans le cible 7-D des OMD, échanger les bonnes pratiques dans le domaine de la réduction de l'habitat insalubre et d'amélioration des conditions d'habitat des populations urbaines défavorisées, selon le ministre. Au Maroc, a-t-il rappelé, la situation est marquée en 2012 par un taux d'urbanisation de 65 %. Quelque 3 millions d'urbains vivent en dessous du seuil de la pauvreté et 13 % d'entre eux résident dans un habitat insalubre, a-t-il dit, précisant que le déficit en logements est estimé 170.000 unités. L'action du ministère repose sur un certain nombre de programmes dont celui de villes sans bidonvilles, ainsi que sur un ensemble d'outils et de moyens mis en place pour garantir l'accès à un logement décent aux ménages vivant dans des situations précaires, a-t-il indiqué. Abstraction faite des progrès réalisés, l'évaluation du programme de villes sans bidonvilles a permis d'identifier un certain nombre de contraintes, dont la solution a nécessité la mise en place d'organes spécifiques pour pouvoir maitriser l'évolution du phénomène et l'accompagner, selon Benabdallah. C'est ainsi qu'il a été procédé à la mise en place de la Politique de la ville pour faire de la ville marocaine un espace attractif et un cadre de vie agréable, où les habitants seront les maîtres de leur situation, en y créant richesses, emploi et distractions. Il est en effet temps de faire de la ville un espace accueillant pour lutter non seulement contre l'habitat insalubre mais également contre l'exclusion, la marginalisation et l'oubli, a-t-il relevé. Assurer le bien-être des habitants Pour sa part, le ministre d'Etat, Abdallah Baha, a souligné l'importance de cette conférence internationale qui se penche sur la problématique des bidonvilles pour permettre à la ville de jouer pleinement son rôle dans l'œuvre de développement des pays. L'urbanisation galopante dans tous les pays du monde requiert pour sa gestion des réponses appropriées pour assurer aux habitants des services de qualité et répondre à leurs besoins en habitat, santé et éducation, a-t-il dit, rappelant que le Maroc vit à l'heure de grands chantiers, ouverts sous l'impulsion de SM le Roi dans divers domaines dans le but de poursuivre le développement du pays et faire des villes des espaces intégrés. Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Saad Eddine Othmani, a réaffirmé la disposition du Maroc de mettre son expérience en matière de lutte contre l'habitat insalubre à la disposition de tous les pays qui le désirent, rappelant l'intérêt que le Royaume porte au développement de la coopération Sud-Sud. Il a également rendu hommage à ONU-Habitat, dont le staff ne ménage aucun effort pour appuyer les efforts du Royaume dans le domaine de l'habitat. Les travaux de cette conférence de trois jours seront ponctués par une série d'ateliers thématiques. Ils seront sanctionnés par la lecture et l'adoption mercredi de la déclaration de Rabat.