Société civile et Parlement... Quelle relation ? La relation entre le parlement et la société civile n'est pas au beau fixe. Un grand fossé sépare les deux entités, voire même une rupture marque la relation entre les deux. L'édification d'une démocratie dépend, pourtant, d'une complémentarité de rôles entre différents intervenants. La représentativité serait entrée dans une phase de crise. La société civile, dont le rôle a été consacré par la nouvelle Constitution de 2011, peut, et a la responsabilité de jouer un rôle dans ce processus de changement en exerçant sa fonction de force de proposition, de contrôle et de pression externe sur le parlement. Elle serait, aux yeux des uns, une source de concurrence aux élus, en matière de représentativité. Et pourtant, rien ne peut remplacer jusqu'à présent le rôle de représentativité assumé par la démocratie représentative. Pour élucider le constat et le futur de cette relation, une journée d'étude a eu lieu, samedi à Fès, sous le thème «Société civile et Parlement : quelle relation pour consacrer la démocratie ?». L'initiative de du Collectif Démocratie et Modernité vise essentiellement l'amélioration de la qualité de la relation entre le parlement et la Société civile. Il s'agit de l'avant dernière rencontre régionale, avant la tenue d'une rencontre nationale à Rabat, qui couronne ce projet «Promotion des bonnes pratiques parlementaires» cofinancé par l'Union européenne. Certes, l'instauration méticuleuse des règles, principes et dispositions de la démocratie nécessite un travail de concert entre les différentes institutions élues, administratives et la société civile d'un autre côté. Les distorsions et rapports centrifuges et centripètes entre les différents intervenants dans le champ de l'action démocratique ne peuvent qu'entraîner un dysfonctionnement fonctionnel. Le constat est flagrant : le parlement marocain reste depuis 1961 inapte à assurer ses fonctions majeures, à savoir la représentation, la législation et le contrôle, et a rarement constitué un espace de débat public autour des questions sociétales principales. En plus, l'image stéréotypée du parlement au sein de la sphère civile est sans conteste négative, ce qui dénote de cette relation conflictuelle entre les deux. Lors de cette rencontre, l'universitaire Abderrahman Amrani, qui est également un ex-parlementaire pour deux mandats (groupe USFP), a étalé son expérience personnelle et en a puisé des conclusions majeures, notamment la formation des députés, dont une grande partie reste en deçà des enjeux de cette fonction politique majeure. En contrepartie, a-t-il ajouté, une bureaucratie investit également la coupole, sans lui donner son sens politique essentiel. «On ne voyait ces bureaucrate que lors des débats sur la loi de finances pour des raisons de lobbyings», dixit ce militant et dirigeant de l'USFP à Fès. Après tout, le rétablissement de cette confiance mutuelle passe nécessairement par des rencontres permanentes communes, en guise de cristallisation du principe de reddition des comptes, une communication par le biais des bureaux régionaux des députés et des sites électroniques à mettre en place, sans oublier le site électronique du parlement qui devrait être mis à jour en permanence, afin d'assurer le droit d'accès à l'information. Ceci dit, la société civile devrait, de son côté, faire montre d'une ouverture envers l'institution législative, à la faveur notamment de plaidoyers bien ficelés, autour de questions nationales.