Des obstacles à lever L'envoyé spécial de Ban ki-moon au Sahara, Christopher Ross, semble être revenu, lors son nouveau périple en Afrique du nord-Ouest (Maroc, Algérie, Mauritanie), avec une nouvelle méthode de travail. Celle de prendre son temps pour écouter le plus grand nombre d'intervenants possible dans les pays visités (autorités gouvernementales, partis politiques, société civile...). Une preuve s'il en est qu'il a désormais bien saisi que son rôle de facilitateur est beaucoup plus noble que la partialité dont il avait preuve au début de cette année. En effet, l'émissaire onusien a compris, à travers le rappel à l'ordre de Rabat en mai dernier, que son option référendaire est une fausse route sur laquelle bien d'autres diplomates avant lui se sont retrouvés piégés dans un cul-de-sac... Sans issue. C'est dans ce sens, que lors de son étape marocaine, que ce soit à Rabat ou à Laâyoune, il a rencontré, une semaine durant, tout l'arc-en-ciel politique et de la société civile du pays. Dans la capitale des provinces du sud, Ross, qui a même eu l'occasion de recevoir librement au siège de la MINURSO une poignée de séparatistes de l'intérieur, aura sûrement mesuré à sa juste valeur la quasi-unanimité des hommes politiques et des représentants locaux de la société civile en faveur de la marocanité du Sahara. L'on est en droit alors de se demander, si sa visite, entamée dimanche et qui se poursuivra jusqu'à mercredi prochain, dans les camps de Lahmada, aura le même répondant de l'autre côté du mur. En effet, si plusieurs mouvements, dont les militants de «Khat Ecchahid», attendent de pied ferme l'émissaire onusien pour lui étaler leur vision favorable au plan marocain d'autonomie, les hommes d'Abdelaziz El Marrakchi ont déjà pris les devants en exilant provisoirement bon nombre de ces militants vers les autres wilayas algériennes. Il appartient donc à Christopher Ross, pour lequel l'habit de la partialité ne sied plus, de forcer la main à ses interlocuteurs pour qu'ils lèvent tous les obstacles qui risquent d'entraver sa mission. Il y va de sa crédibilité personnelle et de celle de l'ONU. Après Tindouf, Ross se rendra à Alger, avant de s'envoler la semaine prochaine pour Nouakchott. Cette dernière étape risque probablement d'être écourtée pour cause d'absence et de convalescence du président mauritanien, qui souffre toujours des séquelles d'une blessure par balles survenue le 13 octobre dernier. Ross aura alors tout le loisir de rencontrer le dissident du polisario, Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, en sit-in depuis plusieurs mois devant le siège onusien du HCR à Nouakchott. Ce dernier a rejoint il y a quelques jours le «Rassemblement sahraoui démocratique», une formation politique dissidente du Polisario, appelant à une solution politique négociée au Sahara. Ross ne pourra mieux clore son actuel périple nord africain.