Il ne fait pas de doute, le secteur du tourisme est tributaire de maints facteurs aussi bien internes qu'externes, aléatoires que virtuels. La crise mondiale qui secoue nombre de marchés émetteurs peut, à tout moment, hypothéquer les efforts des destinations réceptrices, aussi prisées soient-elles. La vulnérabilité du domaine dont dépendent l'économie et la subsistance de plusieurs contrées peut pareillement émaner d'autres paramètres d'ordre naturel. En effet, le changement climatique constitue aujourd'hui un phénomène inévitable et susceptible, à terme, d'introduire de réelles transformations dans le monde de tourisme. Le Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) a évalué la hausse possible des températures1 d'ici la fin du siècle entre 1,4 et 5,8°C. Le climat est directement ou indirectement lié à un certain nombre de facteurs qui compose l'attractivité d'une destination touristique. Ainsi, le patrimoine qu'il soit naturel ou culturel, les infrastructures, la qualité de l'offre touristique dessinent tous la spécificité de chaque destination. En juin 2012, c'est le record de température moyenne des continents de l'Hémisphère Nord qui atteint une hausse d'au moins 1.47°C. La relation entre le tourisme et le changement climatique, comme pour d'autres activités économiques, est une relation à double sens. Les impacts du changement climatique sont susceptibles de modifier les ressources touristiques et l'attractivité des destinations: c'est la dimension « impacts du changement climatique et adaptation à ces impacts» Au mois de juin 2012, la communauté internationale : gouvernements, scientifiques, et ONG se sont mobilisés pour informer, sensibiliser et pousser vers une prise de décision courageuse en faveur d'une économie ou une croissance verte développée grâce à des partenariats public/privé et s'appuyant sur les initiatives volontaires et responsables afin de préserver les écosystèmes de la planète. Ainsi, dans le cadre de la 6ème édition de la Journée Mondiale pour un Tourisme Responsable, la Coalition Internationale pour un Tourisme Responsable a organisé le 1er juin 2012 un colloque professionnel sous le titre : « Le tourisme responsable face au changement climatique : vers une relocalisation du tourisme ? ». Le 22 juin 2012, la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 » s'est clôt et doit maintenant être ratifiée par les 193 pays membres des Nations unies afin de relancer la dynamique du développement durable, trop peu soutenue par les Etats. Inscrit dans une dynamique de création d'emplois verts et de préservation du lien social, elle prône une “économie verte" renforcée par le rôle décisif des citoyens et encourageant l'acheminement des pays vers un modèle de développement plus respectueux de l'environnement. Ses objectifs (éradication de la pauvreté et développement durable) étant croissance économique durable, sécurité alimentaire, emploi et conditions de travail décentes, protection de la biodiversité et adaptation au changement climatique y compris pour le secteur de tourisme. Lors d'une conférence-forum, tenu à Agadir, il y a quelques temps, en présence du wali de la région Souss Massa Drâa et un parterre d'experts en la matière aussi bien nationaux qu'étrangers, les intervenants institutionnels ont confirmé leur engagement en faveur d'un tourisme plus responsable que ce soit au niveau socio-économique ainsi qu'au niveau environnemental. Ils ont également souligné l'impératif de mettre en place une stratégie visant la réduction des gaz à effet de serre (GES). Cette mesure devra aller de pair avec des mesures d'implémentation d'un tourisme durable par le biais de programmes institutionnels visant à faire connaître, sensibiliser et inciter les acteurs touristiques à considérer les enjeux du changement climatique en tant que véritable projet de société comme le stipule la Vision 2020. Une attention particulière a été mise sur le tourisme rural qui représente de nombreux avantages dans la lutte contre le changement climatique et sa participation au développement socio-économique. Effectivement, dans un monde de plus en plus en proie aux stress, il est bien évident que les décideurs et les professionnels du secteur se rabattent sur le tourisme de prairie et de montagne, où règnent la quiétude et l'air pur. Durant les deux journées de cet important événement scientifique, plusieurs recommandations et suggestions ont été analysées et discutées. Les recommandations principales émises pendant la conférence se résument en : Recommandations générales La concentration des efforts sur la recherche va permettre de cerner les impacts du changement climatique sur le tourisme, de définir des objectifs d'adaptation et d'identifier les vulnérabilités et les opportunités pour monter des plans d'actions (par exemple : impacts respectifs du tourisme et de l'eau...) ; Mener des études prévisionnelles et proposer des mesures d'adaptation lors des aménagements et activités touristiques au changement climatique (remontée du niveau de la mer, événements météorologiques exceptionnels...) La sensibilisation des prestataires touristiques et hôteliers ainsi que des consommateurs est primordiale pour conduire au changement des comportements et notamment en terme énergétique. Il faut donc implémenter des mesures incitatives telles que la tarification... L'Etat doit être un acteur à part entière dans la démarche Atténuation /Adaptation du secteur touristique au changement climatique. Pour cela, elle doit inciter la mise en place d'alliance stratégique avec le secteur privé et le tissu associatif. Ces politiques d'appui doivent viser l'ensemble de la chaîne de valeur du tourisme et doivent être annoncées et prévisibles sur des périodes longues. Les collectivités locales notamment les communes doivent Inclure le changement climatique dans les plans de développement communaux car ses dernières doivent être le levier de développement touristique durable ; Les territoires les plus pauvres doivent être aidés en priorité dans la démarche d'adaptation au changement climatique ; A court terme, le management environnemental des entreprises touristiques doit s'imposer en amont mais aussi pour les structures existantes. Une telle stratégie devrait être porteur de valeur ajoutée pour une destination touristique; L'adhésion à une charte ou un label permettra d'assurer une garantie de la qualité des prestations et ouvre la voie vers un tourisme responsable en phase avec son environnement naturel et culturel ; Au niveau des transports Opter/investir dans des transports à faible impact sur le changement climatique : le train par exemple ou le transport électrique en commun en ayant une politique de qualité/prix pertinente et en assurant une disponibilité de l'infrastructure ; La mise en place d'une taxe carbone sur les billets d'avion doit être obligatoire et les produits de cette taxe doivent être réemployés dans des mesures visant la lutte contre le changement climatique ; Mise en place de politique d'éco-mobilité sur les territoires (navettes, auto-partage, schéma vélo, circuits touristiques itinérants, etc.) Privilégier le tourisme de proximité ou «slow tourism» en augmentant les durées des séjours pour impacter moins sur le climat et freiner la tendance actuelle de l'hyper mobilité afin de limiter les gaz à effet de serre. Pour cela, il faut trouver des combinaisons «acceptables» distance/mode de transport/vitesse ; Au niveau des structures hôtelières Les entreprises et les destinations doivent s'adapter à l'évolution du climat en prenant des mesures éco-actives (ex. le management environnemental). Donc, commencer par mesurer son empreinte carbone puis limiter les émissions de gaz à effet de serres en sensibilisant le personnel et les clients... - Conception architectural optimisée et isolation ; - Système de gestion énergétique et développement des énergies renouvelables (énergie solaire, biomasse,...) et contrôle de la climatisation ; - Gestion de l'eau avec rationalisation et baisse de la pollution (réduction de la consommation, produits ménagers biodégradables, collecte des eaux de pluie, système de toilettes à eau salée...) - Gestion de la consommation de gaz, cogénération - Gestion des déchets (tri, achat en vrac pour diminuer les déchets d'emballage) - Politique d'achat responsable en privilégiant les partenaires locaux et les produits biologiques ; - Gestion des prestataires par des normes faisant références aux pratiques éco-responsables ; - Protection et valorisation de la biodiversité/géo diversité - Recyclage des eaux usées en vue de leur réutilisation en arrosage ; - Certification des établissements dans un objectif de valorisation et de promotion.