Les jeunes marocains nourrissent-ils un intérêt commun, malgré leurs différences ? Les diplômés d'entre eux vivront-ils mieux que leurs parents ? Quel est leur sentiment sur la politique, les médias et l'avenir ? La génération des 18-25 ans, avec toute la fougue de son âge, empêtrée dans le chômage et la dépendance, rêve-t-elle d'un monde meilleur ? Emploi, logement, émancipation par rapport à la famille, mariage, patriotisme, religion, famille, perception de l'avenir…Tout y passe. Le HCP a recueilli les sentiments des jeunes sur ce qui les préoccupent aujourd'hui au plus haut niveau. Les pouvoirs publics ont-ils mesuré le désespoir qui ronge le bel âge de la société marocaine ? L'enquête du HCP sur les jeunes, dont les résultats ont été dévoilés, vendredi, permet d'en tirer nombre d'enseignements. Elle tombe à pic et lève le voile sur tout un pan de la société marocaine. L'enquête, qui porte sur un échantillon de 5.000 jeunes âgés de 18 à moins de 45 ans (31% âgés entre 18 et 24 ans, 37% entre 25 et 34 ans et 32% entre 35 et 44 ans), montre que la majorité des jeunes (60%) sont des citadins dont plus de la moitié (52%) sont des femmes. Ils ont en général un faible niveau d'enseignement notamment parmi les femmes et les ruraux. Globalement, un jeune sur trois n'a aucun niveau scolaire. Ce ratio est plus élevé parmi les ruraux (1 sur 2, contre 1 sur 5 parmi les citadins) et les femmes (4 sur 10 contre 2 sur 10 parmi les hommes). Côté méthodologique, l'échantillonnage a été élargi pour toucher les 35-44 ans, génération que le patron du HCP appelle « la génération du PAS » (Plan d'ajustement structurel). Ainsi, au niveau de la formation, 9% des jeunes (de 18 à 45 ans) ont un niveau d'enseignement supérieur. M. Lahlimi précise que «l'insertion dans la vie active de cette catégorie de la population se caractérise par un faible niveau d'activité notamment parmi les jeunes femmes et un taux de chômage élevé notamment parmi les citadins. Le taux d'activité s'établit à 56% et passe de 44% parmi les 18-24 ans à 62% parmi les 35-44 ans. Le chômage touche globalement 12% de ces jeunes actifs et est trois fois plus élevé parmi les citadins (17%) que parmi les ruraux (5%) et parmi les 18-24 ans (18%) que parmi les 35-45 ans (5,5%). Concernant les jeunes inactifs, ils sont dans trois cas sur quatre des femmes au foyer et dans 21% des cas des élèves ou étudiants. La majorité vit chez les parents Autre révélation de l'enquête, 67% des 18-24 ans ne disposent pas de source de revenus. Cette situation affecte 40% de la catégorie 35-44 ans. On apprend également que plus de la moitié des jeunes (54%) vivent au sein du foyer parental (81% pour les moins de 25 ans, et 25% pour les 35-44 ans). Dans cette situation, on trouve plus les hommes que les femmes ((67% contre 41%). En outre, il s'agit pour 81% de célibataires, 16% de mariés et 3% de divorcés ou veufs. La grande majorité déclarent ne pas avoir de difficultés avec leurs parents notamment en ce qui concerne la performance scolaire, la fréquentation sociale ou le respect des prescriptions religieuses ou des valeurs traditionnelles. 42% des jeunes célibataires ne pensent pas au mariage, un homme sur deux contre une fille sur trois (31%) et 56% des 18-24 ans contre 25% des 35-44 ans. Les raisons évoquées sont liées aux moyens financiers (38%), à l'âge (35% : 40% des hommes contre 24% des femmes) et 16% invoquent le destin (41% des filles et 4% des hommes). L'ouverture sur leur environnement passe par la télévision, la radio et l'internet. 68% des jeunes déclarent regarder la télévision ou écouter la radio de façon régulière. Un peu moins du tiers (30%, 43% des citadins et 10% des ruraux) utilisent l'internet (14% régulièrement et 16% parfois), principalement pour écouter la musique ou regarder les films (70%), communiquer dans le cadre des réseaux sociaux (62%), chercher les informations (59%) ou pour faire des recherches scientifiques et scolaires (51%).