La mise au point chez la souris d'une protection efficace contre la bactérie responsable de la tuberculose, relance l'espoir d'un vaccin plus efficace chez l'adulte contre cette maladie qui fait chaque année 1,5 million de morts.Le classique vaccin BCG est efficace sur l'enfant mais «ne protège pas suffisamment l'adulte contre la tuberculose pulmonaire», explique l'Institut Pasteur, lui-même à l'origine de la mise au point du BCG, il y a près d'un siècle. Des chercheurs de l'Unité de régulation immunitaire et vaccinologie (Institut Pasteur/Inserm) ont réussi à modifier le génome du bacille responsable de la tuberculose pour en obtenir «une souche non virulente chez la souris», selon un communiqué commun de Pasteur et de l'Inserm. Ces équipes coordonnés par le Dr Laleh Majlessi et le Pr Claude Leclerc ont pu établir que «les souris immunisées par la souche atténuée sont protégées très efficacement contre l'infection par Mycobacterium tuberculosis», la bactérie responsable de la maladie. Dans le cadre de ces recherches, publiées mercredi par la revue américaine spécialisée Cell Host & Microbe, ils ont pu démontrer que certaines protéines appelées PE/PPE jouent un rôle essentiel dans la virulence de la bactérie. Du coup, «la souche mutée de Mycobacterium tuberculosis est un candidat vaccin sérieux contre la tuberculose» soulignent l'Institut Pasteur et l'Inserm. Les chercheurs ont pu établir que leur version mutée du bacille de Koch --autre nom de l'agent infectieux découvert par l'Allemand Robert Koch-- «provoque une réaction immunitaire plus forte que le vaccin BCG chez la souris». «Cette découverte majeure ouvre de nouvelles perspectives pour la mise au point d'un vaccin plus efficace contre les différentes pathologies provoquées par le Mycobacterium tuberculosis, notamment contre la tuberculose pulmonaire de l'adulte», selon Pasteur/Inserm. D'autres études sont cependant nécessaires avant d'envisager une application chez l'homme. Prochaine étape : opérer une mutation supplémentaire pour disposer d'une souche d'une totale innocuité afin de pouvoir pratiquer des essais chez l'homme. Cette piste reste encourageante face à une maladie en forte recrudescence dans les pays pauvres: avec 9 millions de nouveaux cas chaque année, la tuberculose est la deuxième cause de mortalité pour les maladies infectieuses derrière le sida (les deux maladies sont d'ailleurs souvent associés). L'arsenal médical contre la tuberculose est daté et s'avère de moins en mois efficace avec l'émergence de souches multi-résistantes à l'action des antibiotiques. Le vaccin BCG (Bacille de Calmette et Guérin), préparé à partir d'une souche atténuée de bacille tuberculeux bovin (Mycobacterium bovis) est surtout efficace chez l'enfant. «L'efficacité du vaccin BCG est estimée entre 75 et 85% pour les formes graves du nourrisson et du jeune enfant, notamment méningite et tuberculose disséminée», selon le ministère de la Santé. Mais le niveau de protection assuré par le BCG descend entre 50% et 75% pour la tuberculose de l'adulte et ne permet donc pas d'empêcher la transmission de la maladie et d'enrayer l'épidémie mondiale. L'obligation de vaccination par BCG chez l'enfant et l'adolescent a été «suspendue» en France en 2007 mais il reste «fortement recommandé» pour les enfants les plus exposés à la maladie.