C'est mardi 8 Juin 2010, que s'est terminée à Chicago, la conférence mondiale sur le cancer de l'Asco (American Society of Clinical Oncology) qui se tient chaque année aux Etats-Unis. Protocoles thérapeutiques, stratégies innovantes, médicaments… Cette réunion est l'occasion de faire le point sur les grandes orientations de la lutte contre le cancer. Les révolutions thérapeutiques lors de ce rendez-vous annuel sont exceptionnelles, mais les progrès sont constants. «Aujourd'hui, les nouvelles technologies de biologie moléculaire nous ont permis de comprendre que le cancer, par exemple du sein, n'est pas une maladie unique, mais un ensemble de différentes maladies, que l'on traitait jusque-là toutes de la même façon, explique le professeur Thomas Turz, directeur général de l'Institut Gustave-Roussy. Les traitements dits personnalisés adaptés aux caractéristiques génétiques et biomoléculaires des cancers connaissent un développement explosif, notamment au niveau de la recherche.» Un travail majeur d'identification biomoléculaire et de classification est en cours et va transformer l'ensemble des cancers en sous-groupes bénéficiant chacun de traitements spécifiques. Pour les tumeurs que l'on ne sait pas guérir actuellement, la chimiothérapie vise à faire du cancer une maladie chronique, avec laquelle on peut vivre longtemps. On estime aujourd'hui à 12,7 millions le nombre de nouveaux cas de cancer dans le monde chaque année et à 7,6 millions le nombre de décès. Un homme sur deux au cours de sa vie, une femme sur trois, souffrira d'une tumeur. Cancer de l'ovaire : survie prolongée L'Avastin, une thérapie ciblée empêchant la tumeur cancéreuse de développer des vaisseaux sanguins nourriciers, déjà utilisée dans le cancer du sein, du poumon, du rein, combiné à de la chimiothérapie, prolonge la survie des femmes atteintes de formes graves de cancer de l'ovaire, si l'on en croît une étude présentée également à l'Asco. «C'est le premier essai clinique de phase 3 qui montre que bloquer la formation de vaisseaux sanguins des tumeurs améliore notablement la survie sans progression des femmes ayant un cancer ovarien ou péritonéal très difficile à traiter», a expliqué le Dr Robert Burger du Fox Chase Cancer Center à Philadelphie (Etats-Unis), qui a conduit cette recherche portant sur 1873 femmes récemment diagnostiquées d'un cancer avancé de l'ovaire et déjà opérées. Les patientes traitées par Avastin et chimiothérapie ont bénéficié d'une espérance de vie supérieure à celle n'ayant reçu que la chimiothérapie. Cancer du poumon : résultats prometteursDes résultats prometteurs ont été obtenus, contre une forme fréquente de cancer du poumon avancé chez des malades ayant un profil génétique particulier, avec un nouveau médicament le crizotinib, développé par la firme Pfizer. «Environ 90% des patients traités avec du crizotinib ont répondu positivement au traitement et plus de la moitié (57%) ont vu leur tumeur régresser après huit semaines, a précisé le Pr Yung Jue-bang, de la faculté de médecine de l'université nationale de Séoul. Selon lui, ces résultats «représentent une amélioration importante par rapport à ce que nous observons avec une chimiothérapie standard chez des malades atteints de cancer du poumon ayant des métastases.» Un tel traitement, encore au stade expérimental, avec lequel le recul reste insuffisant pour l'instant, n'est adapté qu'à environ 5% des malades atteints de cancer du poumon et porteurs de cette variation génétique. En conclusion, les nouveaux traitements anti-cancers offrent et vont offrir des améliorations en terme de survie, mais certaines sont limitées, se comptant en mois et non pas en années. Ce qui ne manquera pas de faire débat, car ces nouvelles molécules dites ciblées sont de plus en plus onéreuses.