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Alberto Navarro Gonzalez, Ambassadeur d'Espagne à Rabat : «La réforme de la Constitution marocaine a placé le Maroc à la tête de tous les processus de réforme dans le monde arabe»
Publié dans Albayane le 20 - 11 - 2011

Dans une interview, accordée à Albayane, l'ambassadeur d'Espagne à Rabat, Alberto Navarro Gonzalez, se félicite des réformes adoptées au royaume et appelle les sociétés civiles dans les deux pays à œuvrer en faveur d'une profonde connaissance mutuelle, du développement des
échanges économiques et commerciales, et, à la création d ‘une nouvelle approche dans les relations bilatérales dans la construction d'un futur commun, basée sur le dialogue, l'entente et la coopération. Il fait également le bilan des relations entre les deux pays depuis sa nomination comme ambassadeur au Maroc, en septembre 2010. Né le 27 mars 1955 à Tenerife, Alberto Navarro est un diplomate de carrière depuis 1980. Il avait exercé au sein des missions diplomatiques espagnoles au Honduras, en Tchécoslovaquie et de la Mission Espagnole près des Communautés européennes. En 2004, il a été nommé secrétaire d'Etat pour l'Union Européenne puis ambassadeur au Portugal en 2008, avant d'être désigné à la tête de l'ambassade d'Espagne à Rabat.
AlBayane : En tant que diplomate en place, comment évaluez-vous les réformes appliquées au Maroc, particulièrement la dernière réforme de la Constitution marocaine?
Alberto Navarro Gonzalez : La réforme de la Constitution marocaine et son adoption par référendum le 1 er juillet dernier, représentent un pas en avant très courageux et très positif qui a placé le Maroc à la tête de tous les processus de réforme qu'a connus le monde arabe. Désormais, les partis politiques et la société civile doivent être à la hauteur de cette réforme. Il y a encore du chemin à faire. En Espagne, nous continuons de suivre avec intérêt ce processus; nous sommes disposés à apporter l'appui et la collaboration qui nous sont sollicités parce que je considère qu'il n'existe au monde un pays autre que l'Espagne qui proclame autant d'intérêt pour un Maroc prospère et stable.
Quel bilan pouvez-vous dresser des relations entre le Maroc et l'Espagne, un an après les tensions surgies entre les deux pays, en novembre 2010 comme conséquence des incidents du délogement du camp de Gdeim Izikm à Laâyoune?
Les relations entre les royaumes d'Espagne et du Maroc se sont énormément améliorées pendant cette année. Je souligne par exemple la visite de dix jours du roi Juan Carlos 1 er à Marrakech, une semaine après l'attentat du café Argaana, ou les récentes visites des ministres de l'Intérieur, Antonio Camacho, du ministre de l'Education, Angel Gabilondo, des Affaires Extérieures et de la Coopération Trinidad Jiménez. Les visites se multiplient à tous les niveaux et dans les deux sens. Les échanges commerciaux se sont accrues de plus de 15% cette année par rapport à 2010, et je suis convaincu que les espagnols suivent avec grand intérêt les importantes réformes politiques et économiques qui sont appliquées au Maroc.
Dimanche prochain, les espagnols se rendront aux urnes pour les élections générales. Quels sont les dossiers et questions prioritaires que devra affronter le futur gouvernement espagnol ?
Je crois que les relations entre les deux pays doivent se maintenir au-dessus des considérations d'ordre politique. Nous avons des intérêts communs et nous partageons aussi, de plus en plus, les mêmes valeurs. L'Espagne est le pays qui se considère le plus intéressé d'avoir comme voisin un Maroc prospère et stable. Elle a été toujours aux côtés du Maroc aux instances européennes. Le Maroc agit de la même manière à l'égard de l'Espagne dans plusieurs pays africains. Nous œuvrons ensemble pour le bien de la Méditerranée et je suis satisfait que le Maroc soit un pays observateur de la Communauté Ibéro-américaine eu égard au fait qu'il compte six millions d'hispanophones parmi ses citoyens. Le nouveau gouvernement espagnol poursuivra, sans nul doute, le renforcement des relations et des liens entre les deux pays. Au printemps prochain, se tiendra au Maroc la Réunion de Haut Niveau (RAN) entre les deux nouveaux gouvernements.
Pouvez-vous nous présenter les grandes lignes de la coopération entre les deux Etats, des échanges économiques et financiers et les résultats des principaux accords bilatéraux en matière de l'emploi de la main d'œuvre marocaine en Espagne?
Comme je viens de le signaler, les échanges commerciaux se sont accrus selon un rythme très élevé, et à la fin de 2011, ils dépasseront sûrement le cap des six milliards d'euros. L'Espagne vend au Maroc plus de ce qu'elle exporte vers la Chine, l'Inde et au Japon par exemple. Les investissements et les opportunités d'affaires dans les deux pays devraient cependant s'amplifier dans les prochains mois parce que, je considère, qu'aucun des deux pays n'est satisfait de leur niveau actuel et parce qu'aussi il existe un impressionnant potentiel à exploiter pour leur croissance.
Quels sont les instruments auxquels recourent les deux gouvernements pour fortifier la coopération bilatérale dans ces domaines?
La coopération bilatérale se renforce par la conclusion d'accords et de mémorandums comme c'est le cas de celui signé, il y a quelques jours à Rabat, par le ministre espagnol de l'éducation, Angel Gabilondo, avec son homologue marocain, Ahmed Akhchichene, dans le but de renforcer la coopération universitaire pour le cinq prochaines années. Nous avons déjà constitué, dans ce sens, le Comité Mixte qui va permettre de renforcer les échanges de professeurs et d'étudiants universitaires et d'organiser des rencontres entre les 14 recteurs d'universités marocaines et le conseil qui groupe les 74 universités espagnoles. Il s'agit uniquement d'un exemple parmi d'autres parce que l'objectif consiste à renforcer la coopération bilatérale par le biais de la société civile, les entrepreneurs ou les chercheurs scientifiques. Les moyens de communication, la culture et le sport sont autres champs qui constituent des instruments valables pour consolider la coopération bilatérale.
Quel rôle joue l'entreprise dans le développement de cette coopération?
Les entreprises assument un rôle de plus en plus important dans le développement de la coopération bilatérale. Ce sont elles qui créent la prospérité, la richesse et l'emploi. En Espagne, les Petites et Moyennes Entreprises (PME) contribuent à hauteur de 80% dans la création de l'emploi. Au Maroc, plus de mille entreprises espagnoles y opèrent bien que les multinationales espagnoles ne soient malheureusement pas bien représentées dans le pays. Nous sommes appelés à donner une impulsion au plan de la diplomatie économique pour qu'il y ait davantage d'entreprises, les véritables moteurs de la croissance, qui viennent s'installer au Maroc.
L'Espagne est le deuxième client du Maroc. Que faudrait-il faire pour donner une impulsion encore plus forte à la croissance des échanges commerciaux ?
Bien que les exportations espagnoles vers le Maroc se soient accrues, pendant les huit premiers mois de l'année en cours de plus de 20% en comparaison avec la même période de 2010, je crois qu'il faudrait faire mieux et déployer encore plus d'efforts, spécialement de la part des grandes entreprises espagnoles, surtout celles qui font partie de l'indice sélectif de la Bourse de Madrid, l'Ibex 35. Dans ce contexte, le Maroc est appelé à progresser avec décision sur la voie des réformes et du renforcement de la démocratie. Les entreprises œuvrent dans leur stratégie d'expansion en fonction de la sécurité juridique et de la stabilité politique dans un pays puisque les régimes démocratiques sont les plus stables et sont aussi ceux qui offrent le plus d'assurances et de garanties.
Dans le domaine culturel, l'apprentissage et l'enseignement de la langue et de la culture espagnole se développe progressivement au Maroc en dépit des tenions cycliques entre les deux gouvernements. Comment s'explique ce phénomène?
L'espagnol est actuellement la langue officielle de plus de 500 millions de personnes et acquiert de plus en plus d'adeptes de par le monde. C'est la première langue maternelle de la planète et occupe le deuxième rang, après l'anglais, comme moyen de communication dans les relations commerciales et économique internationales. Pour cette raison, il est logique que nous constations une demande croissante de l'espagnol au Maroc parce qu'actuellement, près de cinq mille étudiants marocains sont inscrits aux universités espagnoles et 75.000 élèves l'étudient dans l'enseignement public au Maroc . D'autant plus, ce sont 5.000 enfants marocains qui fréquentent les 11 écoles et instituts culturels espagnols à côté de vingt mille autres environ qui suivent des cours d'espagnol dans douze centres et classes impartis aux Instituts Cervantès.
Actuellement, la question de l'immigration ne constitue plus un motif de désaccord entre les deux gouvernements. Quels sont les résultats de la coopération bilatérale dans la lutte contre l'immigration irrégulière et quelles sont les futures démarches à entreprendre pour garantir de bonnes conditions de séjour et de travail pour la communauté marocaine en Espagne?
Le Processus de Rabat, mis en marche conjointement par l'Espagne et le Maroc en 2007, est un exemple et un modèle qui témoigne de l'excellente coopération bilatérale en ce qui concerne la question de l'immigration. Les mouvements migratoires n'ont jamais cessé d'exister depuis le début de l'humanité ce qui invite à les gérer dans une approche globale en agissant à quatre niveaux: lutter contre l'immigration irrégulière et le trafic d'êtres humains; faciliter l'immigration légale; encourager l'intégration des immigrés dans les sociétés d'accueil, et, apporter de l'assistance aux pays d'origine et de transit des mouvements migratoires en leur accordant des facilités de caractère commercial et des aides financières. Un autre exemple à citer dans l'actif de notre meilleure coopération bilatérale est l'Opération-transit qui permet chaque été à trois millions environ de ressortissants marocains résidant et travaillant en Europe de traverser le territoire espagnol sur leurs routes pour les vacances dans leur pays.
Des contentieux bilatéraux sont encore en suspens dans l'agenda diplomatique, tels la question de Sebta et Melilla et les espaces maritimes. Quelle approche faut-il appliquer pour aplanir tous les différends existants au plan bilatéral ?
Personnellement, je ne connais aucun pays dans le monde qui prétend n'avoir aucune difficulté ni contentieux avec ses voisins. Ce que nous devons en réalité faire est de tenter de construire et non de détruire; coopérer dans l'élaboration d'un agenda bilatéral qui soit de plus en plus positif et comportant le minium de contentieux. C'est le procédé que j'avais appliqué en tant qu'ambassadeur du royaume d'Espagne au Portugal et c'est ce que je compte faire dans ma mission au Maroc, un autre pays voisin et ami de l'Espagne.
Comment jugez-vous le rôle que joue la société civile dans le rapprochement de l'opinion publique dans les deux pays ?
Je considère que la société civile joue un rôle de plus en plus important dans la diplomatie moderne et dans les relations entre Etats. Nous devons opter pour cela spécialement pour les femmes et les jeunes. Je souhaite que nous puissions renforcer et revitaliser le Comité Averroès (qui groupe des représentants de la société civile et des gouvernements des deux pays) et en même temps créer au Maroc un Forum d'Amitié Hispano-Marocain comprenant des représentants de la société civile qui aspirent à enrichir et fortifier ces relations. L'existence de près d'un million de marocains qui résident et travaillent en Espagne doit constituer un autre facteur qui contribuera au rapprochement et à une meilleure connaissance entre nos deux sociétés. En dépit des siècles d'histoire commune, persistent encore de nombreux préjugés, stéréotypes et ignorance mutuels entre nos opinions publiques. Un intérêt spécial est indispensable en vue d'améliorer l'image du Maroc en Espagne.
Eu égard aux tristes expériences du passé, comment pourront-ils les deux pays transcender le climat de méfiance et les effets négatifs des préjugés réciproques pour se convertir en deux pôles complémentaires dans la région ?
La meilleure formule à appliquer pour enterrer les tristes épisodes du passé est d'œuvrer ensemble dans l'objectif de construire un futur commun. Eu égard à mon expérience européenne, à laquelle j'ai consacré toute ma carrière professionnelle, je crois qu'il s'agit là de la meilleure sinon l'unique solution. En Union Européenne, des pays qui avaient pris part aux deux grandes guerres du siècle dernier avaient souffert de la perte de plusieurs millions de leurs citoyens (en réalité les deux grandes guerres mondiales étaient des guerres entre européens qui s'étaient étendues plus tard au reste du monde) mais à travers le dialogue et la coopération, sont parvenus en fin de compte de progresser vers une intégration politique et économique, une expérience unique dans l'histoire de l'humanité. Aujourd'hui, nous européens avons une monnaie unique, un marché unique et nous avons aussi réussi à éliminer les frontières intérieures pour instaurer la libre circulation des personnes, des biens des services et des capitaux. En dépit des difficultés qu'elle traverse en ces temps, l'Union Européenne demeure un modèle d'intégration politique et économique et un exemple à suivre pour toutes les parties du monde. Au Maroc et en Espagne, nous sommes appelés à œuvrer ensemble au niveau de tout ce qui nous unit, un immense acquis qui n'est pas d'ailleurs à dédaigner, et non sur ce qui nous sépare, qui est pourtant très peu.


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