La journée mondiale du cœur sera célébrée cette année le 26 Septembre 2011 pour faire prendre conscience à l'ensemble de l'humanité des réels dangers que représentent ces affections. En partenariat avec l'OMS, la Fédération mondiale du Cœur organise pour cette journée des activités dans plus de cent pays : bilans de santé, marches, courses et séances de fitness, conférences publiques, spectacles, réunions scientifiques, expositions, concerts, festivités et tournois sportifs. Par ailleurs la Journée mondiale du cœur, a aussi pour but de mieux faire connaître au grand public les principaux facteurs de risque de ces maladies ainsi que les moyens de les combattre. Afin de mieux éclairer nos lecteurs sur ces maladies, nous avons rencontré à cette occasion le professeur Ahmed Bennis professeur de cardiologie, chef du département de cardiologie à l'hôpital Ibn Rochd et ancien président de la Société marocaine de cardiologie. Al Bayane : Le 29 Septembre le monde célèbre la Journée mondiale du cœur. Cette année, le thème retenu est : «Un monde, un foyer, un cœur». A l'instar des autres pays du monde, le Maroc fêtera cet événement en organisant des conférences de sensibilisation, en éditant des articles dans la presse et en menant une action de sensibilisation auprès de la population. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? Professeur Ahmed Bennis : Tout d'abord, je tiens à vous remercier et à travers vous, le journal Al Bayane pour l'intérêt que vous portez aux problèmes de santé de notre population et aux maladies cardio-vasculaires. Il faut savoir qu'aujourd'hui, les maladies cardiovasculaires constituent ce qu'on pourrait appeler une épidémie mondiale non transmissible. Elles tuent plus que les accidents sur la voie publique et davantage que les cancers. Chaque année, plus de 25 millions de patients décèdent de maladies cardiovasculaires et d'accidents vasculaires cérébraux. Ces pathologies concernent surtout les pays en voie de développement où 16 millions de personnes sont emportées par ces maladies. Pouvez-vous nous préciser quelles sont ces maladies ? Je ne vais pas vous faire un long cours sur ces différentes maladies, cela prendra toute la journée, et puis je ne voudrais pas embêter vos lecteurs, mais il faut savoir que les maladies cardio-vasculaires constituent un ensemble de troubles affectant le cœur et les vaisseaux sanguins. Elles regroupent : Les cardiopathies coronariennes (infarctus); les maladies cérébrovasculaires (accidents vasculaires cérébraux); l'hypertension; les artériopathies périphériques; les cardiopathies rhumatismales; les malformations cardiaques congénitales; et l'insuffisance cardiaque. Ce qu'il faut aussi savoir c'est que les principales causes des maladies cardio-vasculaires sont le tabagisme, le manque d'exercice physique et une mauvaise alimentation. Justement, quels sont les facteurs de risque de ces maladies ? Alors, il faut savoir que ces facteurs de risque sont multiples et variés. Un seul facteur de risque représente en soi un réel danger, vous vous imaginez quand un e même personne cumule plusieurs facteurs de risque, c'est une véritable bombe à retardement. En tête de peloton des facteurs de risque nous trouvons le tabac, hypertension artérielle, cholestérol, diabète, sédentarité et obésité qui sont autant de facteurs de risque qui favorisent l'apparition des maladies cardio-vasculaires. Je ne vous apprends rien en vous disant que notre population s'occidentalise de plus en plus, que notre mode de vie change et que les Marocains se sédentarisent de plus en plus. L'absence d'activité physique touche jusqu'à 70% de la population marocaine. Ce qui se traduit par les maladies cardiovasculaires. Le Maroc est, selon les spécialistes, un pays à haut risque cardiovasculaire. Les statistiques nationales, alarmantes à cet égard, le confirment : 33, 6% des Marocains examinés sont atteints d'hypertension artérielle, 8% sont diabétiques, 13% sont obèses et 29 % ont un taux de cholestérol élevé (plus de 2 g/l). J'ajouterai aussi qu'il y a des facteurs non modifiables comme l'âge et le sexe et il y a des facteurs modifiables sur lesquels on peut agir comme le tabac, le cholestérol, l'obésité, la sédentarité, l'absence de consommation de légumes et de fruits, l'alcool, l'hérédité…Tous ces facteurs combinés entraînent l'estimation du risque cardiovasculaire. Lorsqu'on dit que quelqu'un a un risque élevé cela veut dire qu'il a plus de 30% de risques de faire un gros événement cardiovasculaire : un infarctus du myocarde, un accident vasculaire cérébral ou une mort subite. Autrement, on peut dire qu'il a une chance sur trois de faire un événement dans les 10 ans qui viennent. Aujourd'hui, la journée mondiale du cœur va vers une sensibilisation des personnes vis-à-vis de leur risque. En matière de prévention, on insiste sur 4 choses : le taux du cholestérol, la glycémie, la tension artérielle et le tour de taille. A partir de là, si on a des taux élevés et un tour de taille qui dépasse 102 cm pour les hommes et 88 cm pour les femmes, il faut prendre conscience du risque et adopter un mode de vie qui va de paire avec une diminution du risque cardiovasculaire dans les 10 ans à venir. Quels sont vos conseils pour prévenir ces maladies ? Je ne vais pas aller par quatre chemins. Il faut dire que tout est dans notre mode de vie, dans notre quotidien, dans la façon dont nous nous comportons avec notre corps. Concernant les facteurs de risque, il est souhaitable de sensibiliser le plus grand nombre de citoyens contre ces facteurs de risque des maladies cardiovasculaires et promouvoir un mode de vie sain. Si la maladie est dépistée à temps et prise en charge correctement, le malade peut éviter les graves complications. Il faut organiser des campagnes de sensibilisation, de dépistage au profit de la population. Au dispensaire, au centre de santé, à l'hôpital on peut organiser des séances d'éducation et d'information avec des séquences vidéo, diapo, affiches. Au niveau des écoles, des collèges et lycées organiser 10 minutes par mois pour parler des facteurs de risques des maladies cardiovasculaires, la TV, la radio, la presse écrite, tous peuvent contribuer à sensibiliser contre le fléau des maladies cardiaques .Aujourd'hui, il est admis qu'avec une bonne information, de l'éducation et la prévention, on réduit 50 % les complications mortels de HTA. Je ne saurais trop insister sur l'importance d'une alimentation saine et équilibrée qui est essentielle pour un cœur sain et un système de circulation. Ceci devrait inclure beaucoup de fruits et légumes, grains entiers, viandes maigres, le poisson et les légumineuses, et enfin limiter la consommation du sel, du sucre et l'apport de gras. Concernant la pratique de l'activité physique régulière, il faut consacrer au moins 30 minutes d'activité physique régulière tous les jours, ce qui aide à maintenir la santé cardiovasculaire L'usage du tabac sous toutes ses formes est très nocif pour la santé (cigarettes, cigares, chicha, pipes…) L'exposition à la fumée de tabac secondaire est également dangereuse. Le risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral commence à baisser immédiatement après qu'une personne cesse d'utiliser les produits du tabac, et peut chuter autant que la moitié après un an. Il est aussi recommandé de consulter son médecin traitant pour vérifier sa pression artérielle au moins deux fois par an. L'hypertension artérielle est habituellement sans aucun symptôme, mais peut provoquer un AVC ou une crise cardiaque soudaine. C'est aussi l'occasion pour contrôler votre taux de glucose dans le sang (glycémie) car quand la glycémie est surélevée (diabète) cela augmente le risque d'attaques cardiaques et cérébrales. Si vous souffrez de diabète, il est très important de contrôler votre pression artérielle et la glycémie pour minimiser les risques. Le contrôle du taux de cholestérol sanguin est très important car des résultats de lipides sanguins anormaux augmentent le risque d'attaques cardiaques et cérébrales. Pour conclure, je tiens encore à vous remercier pour participation affective à cette journée de lutte contre les maladies cardio-vasculaires.