Les enfants marocains éprouvent d'énormes difficultés dans l'apprentissage de l'espagnol ou la langue régionale le catalan. Ils tardent au moins six ans pour être au même niveau que leurs collègues natifs. C'est un des résultats atteints par deux chercheurs de l'université de Gironne (Catalogne : Nord-Est) sur la base d'une enquête concernanr l'évaluation linguistique de 457 élèves du primaire âgés de 11-12 ans provenant de 52 écoles en Catalogne, dont 153 dont la langue mère est l'arabe, 45 roumains et 259 latino-américains. L'étude, qui a été publiée dans la revue pédagogique Culture et Education par les chercheurs Judith Oller et Ignasi Vila, soutient que pour dominer la langue comme un natif, l'élève étranger tarde six ans. De manière que «sans un soutien linguistique spécial, le résultat est l'échec scolaire». Il s'agit de l'un des défis à soulever par les enfants des immigrés, particulièrement les marocains qui proviennent d'une société arabo-islamique. C'est aussi le défi que doivent transcender professeurs, éducateurs et les familles. Les élèves du primaire et du secondaire provenant d'autres pays représentent 9,6% de la population scolarisée en Espagne et 13% en Catalogne. Le suivi de ces élèves permet de relever que pour vaincre le retard linguistique par rapport à leurs collègues espagnols, les enfants étrangers sont amenés à faire davantage d'efforts en vue de réduire ce retard. « Comme minimum, ce sont six ans pour pouvoir dominer parfaitement la langue du pays d'accueil enseignée à l'école», observent les deux chercheurs. «C'est la même situation qui se vit au Canada, aux Etats Unis ou en Australie», ajoutent-ils assurant que sans un soutien linguistique spécial «le résultat serait l'échec scolaire». Il ne suffit pas d'assister régulièrement aux cours de classe pour dominer parfaitement une langue, notent les chercheurs. Ceci invite à «garantir aux enfants les conditions idoines pour développer à l'école des habilités linguistiques générales». Toutefois, retiennent-ils, les enfants scolarisés entre trois et six ans sont ceux qui «obtiennent les meilleurs résultats». Trois facteurs qui accélèrent le processus d'acquisition des langues enseignées à l'école sont avancés par les deux chercheurs catalans. D'abord, ils encouragent une scolarisation précoce de l'enfant dans sa propre langue maternelle en pratiquant l'écriture et la lecture. Cette démarche, qui doit se développer à l'école et dans la famille favorise l'apprentissage, ce qui facilite par la suite l'accès sans grande difficulté à l'espagnol et au catalan. De même, la continuité entre la langue académique et la langue de l'environnement social au sein duquel évolue l'élève exerce une influence favorable pour développer les techniques de communication dans l'espagnol ou le catalan dans la rue et en dehors de la classe. Enfin, il est notable le poids qu'exercent la distance, les différences et les similitudes qui existent entre la langue du pays d'origine et celles du pays d'accueil. C'est le cas des marocains en comparaison avec les roumains (qui parlent une langue d'origine latine) et les latino-américains qui sont hispanophones. Parmi les groupes étudiés, les enfants marocains sont ceux qui obtiennent les notes les plus basses en espagnol et en catalan. Cependant, ils expriment correctement en catalan surtout ceux qui vivent dans un milieu où prédominent les catalanophobes. Dans ce cas, ils se situent entre les roumains et les latino-américains. C'est aussi le collectif dont le milieu familial a un niveau éducatif très bas. D'après l'étude, 60% des élèves étrangers qui débarquent en Catalogne parlent une langue différente du catalan et de l'espagnol, ce qui signifie qu'ils seront amenés, après leur entrée à l'école, ajouter à leur répertoire linguistique une deuxième, une troisième ou une quatrième langue. L'élève marocain parle ainsi, outre l'arabe ou l'amazigh, deux langues obligatoires (l'espagnol et le catalan) en plus d'une langue complémentaire (l'anglais). En Catalogne, l'enfant marocain est soumis à un apprentissage en catalan, dans l'école et une communication sociale en espagnol. La barrière linguistique est la principale cause de l'échec scolaire qui affecte 45% des élèves immigrés qui abandonnent prématurément l'école, face à 28%, selon l'Eurostat, l'Office statistique de l'Union européenne.