Le travail paie toujours. Et le mérite est souvent récompensé. Cela tombe bien finalement pour l'Egypte. La sélection dirigée par Hassan Shehata a tout simplement su marier ces deux valeurs pour les rendre parties intégrantes de son football. Le tout dans une certaine discrétion, impératif sine qua none pour ne pas s'éteindre en cours de compétition, comme bon nombre de favoris de la CAN. Le Cameroun avait déjà pu mesurer tout le sérieux de la formation égyptienne lors des phases de poules. Cette fois, les Lions Indomptables ont eu droit à une confirmation sèche et douloureuse. Mais toujours avec cette "Egypte touch" dans le résultat : avec maîtrise donc. Il en a fallu, c'est certain, aux Pharaons pour venir à bout de Camerounais revanchards et motivés à l'idée de pouvoir régner à nouveau sur le continent africain. Les hommes d'Otto Pfister ne passent pas à côté de leur entame de match. Ils ne marchent pas : ils gambadent allégrement sur la pelouse du stade Ohene-Djan. Mieux et contrairement au scénario de leur première confrontation, ces derniers ne se montrent pas empruntés lorsqu'il s'agit de porter le danger en terre adverse. Du moins durant un temps. Car l'Egypte, fidèle à elle-même et à son organisation tactique, sait se montrer patiente. Rigoureuse. Efficace. L'Egypte a pris son temps Si les Lions montrent un peu les dents aux abords du but d'El Hadari, il manque ce petit coup de griffe bien placé pour déstabiliser le bloc adverse. On attendait un duel mano-à-mano entre Eto'o et le portier égyptien... ce dernier n'a finalement pas eu lieu. Ou du moins pas tel que l'on pouvait l'espérer. L'avant-centre du FC Barcelone, comme le reste de son équipe d'ailleurs, bute régulièrement sur une muraille particulièrement bien regroupée et doit forcer le destin individuellement (34e). En guise de compensation, le public local assiste en revanche à un récital de Kameni, particulièrement remuant sur sa ligne de but. Le dernier rempart des Lions ne chôme pas, notamment devant l'audace d'Hosny (55e). Si son poteau lui évite une mésaventure fort désagréable (62e), Kameni ne doit rien à personne, hormis à lui-même, un face-à-face décisif gagné aux dépens de Moteab (36e). Hélas, ce one-man show n'a pas d'effet sur le reste du groupe camerounais. Les Lions, qui avaient facilement pallié la sortie prématurée d'Alexandre Song en première période dans l'entrejeu, semblent avoir laissé leur grinta aux vestiaires lors du second acte. Moins vifs, moins inspirés, marqués physiquement aussi, les partenaires d'Eto'o marchent à nouveau sur la pelouse. Et plient lentement mais sûrement face au travail de sape adverse. Rigobert Song, impérial jusque-là, cède, victime du pressing de Zidan. La suite n'est que littérature. L'ancien joueur du Werder Brême trouve Abou Trika en retrait qui ne se fait pas prier pour libérer les siens (76e, 1-0). Piqué au vif, le Cameroun tente de réagir. A sa vitesse, à sa manière. Parfois maladroitement, à; l'image d'un solo manqué de M'Bia dans la surface (90e+2)... ou d'une frappe trop molle de Binya (86e). Parfois avec malchance, l'arbitre de la rencontre ne sifflant pas une main évidente de Mohamed dans la surface (82e) et Song ne parvenant pas à corriger son erreur de la tête dans le money-time (90e+4). Si la défaite est difficile à digérer pour les Lions, elle est pourtant logique. Implacable. Tenus en cage par des Pharaons patients et usants, les Indomptables ont failli. L'Afrique ne change pas de roi. Et l'Egypte la remercie.