Le Royaume du Maroc a, de tout temps, considéré le Sénégal comme un allié sûr, auquel il est lié par des rapports exceptionnels et séculaires dont les origines se perdent dans les dédales de l'histoire. Cette alliance s'est davantage renforcée ces dernières années, qui ont vu la coopération bilatérale se consolider dans tous les domaines, grâce à la clairvoyance et à la sagesse de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et du président Abdoulaye Wade, au bénéfice des deux peuples frères et à la grande satisfaction des deux pays. Le Maroc n'a pas, un seul instant, par le passé, comme aujourd'hui, douté de cette amitié légendaire, ni de l'engagement du Sénégal, avec toutes ses composantes, aux côtés du Maroc, particulièrement en faveur de son intégrité territoriale. Dakar et Rabat ont, au fil des siècles, tissé des relations spéciales empreintes d'une compréhension parfaite et d'un respect mutuel. Les tentatives de déstabiliser ces rapports, uniques en leur genre, se sont toujours brisées sur un socle solide, historique, cultuel et humain, qui fonde ces relations et qui a fait dire récemment au maire de Dakar que «le problème entre le Sénégal et le Maroc est justement qu'il n'y a pas de problème». En convoquant son ambassadeur à Dakar pour trois jours, pour tenir informé le gouvernement marocain des positions, pour le moins nouvelles et inhabituelles de certains dirigeants du parti socialiste sénégalais sur la question du Sahara, le Maroc n'entendait nullement mettre en doute l'engagement sans faille du gouvernement sénégalais à ce sujet, dont le Royaume mesure toute l'importance. Au contraire, il se réjouit de la position permanente et continue du Sénégal à cet égard, qui reste un digne avocat de la thèse du Maroc dans les forums internationaux. Il s'agit-là d'une position que tous les Marocains apprécient à sa juste valeur. Le Maroc, fier de ces liens étroits, tissés à tous les niveaux, officiel et populaire, aborde de toute évidence ses relations avec le Sénégal dans une optique globale, habitué qu'il était à la solidarité sans faille que les Sénégalais, toutes catégories confondues, y compris le Parti socialiste sénégalais, manifestaient à l'égard de sa cause. Ce dernier ne faisait pas exception lorsqu'il était au pouvoir. Jacques Baudin, alors ministre des Affaires étrangères, proclamait, dans plusieurs forums internationaux, son soutien inconditionnel au Maroc. Le revirement affiché, ces derniers temps, par cet ancien ministre et, avant lui, par le secrétaire général du même parti, est surprenant et grave car non seulement le PS renie ses principes et décide d'épouser des thèses hostiles au Royaume du Maroc, mais plonge dans l'hostilité en envoyant M. Baudin à Tifariti, actuellement zone tampon, en territoire marocain, pour assister à un soi-disant congrès des séparatistes, tenu en violation flagrante du cessez-le-feu proclamé en 1991. En tant qu'ancien ministre des Affaires étrangères, bien au fait de la situation politique, historique et juridique de Tifariti, M. Baudin ne pouvait ignorer qu'il franchissait le pas de l'inimitié. Et c'est sur cette portion du territoire marocain, délibérément laissée comme zone tampon pour éviter tout accrochage avec l'Algérie, que M. Baudin a choisi d'expliquer la nouvelle position de son parti de se ranger dans le camp des adversaires de l'intégrité territoriale du Royaume. La démarche du PS constitue à coup sûr une offense au peuple marocain qui s'interdisait de voir en le Sénégal de multiples voix, tellement habitué à une solidarité unanime de tout le peuple sénégalais frère. C'est la seule motivation de la convocation de l'ambassadeur du Maroc, pour trois jours. Il s'agissait pour le Royaume de comprendre ce qui a pu se passer pour que le Parti socialiste sénégalais tourne le dos au Maroc, après l'avoir fortement soutenu.