Que fait-on au Maroc pour que les enfants aient le plaisir d'aller vers un livre ? Existe-t-il une notion de diversité et de liberté au niveau du livre ? Développe-t-on des stratégies qui permettent de faire connaître d'autres types de livres ? Les libraires ont-ils une influence sur la demande faite par les jeunes ou par les médiateurs de la lecture? Existe-t-il des animations et rencontres d'auteurs dans les librairies où les enfants sont invités? Pour répondre à toutes ces questions pertinentes et à tant d'autres se rapportant à cette thématique, le stand belge recevait ce mercredi 14 février cinq spécialistes belges et marocains concernés de par leur profession (éditeur, auteur, libraire...), à divers degrés, par la littérature pour enfants. Oracle Content & Collaboration La rencontre autour du thème «Le plaisir de lire ça s'apprend. Expériences belges et marocaines», organisée dans le cadre du Salon du livre, a permis d'appréhender et confronter les expériences des deux pays en ce qui concerne l'incitation à la lecture et l'éclosion de futurs lecteurs. Une tribune qui a servi de prétexte à un examen des méthodes et des stratégies employées au Maroc comme en Belgique. Les intervenants marocains ont ainsi égrené les nombreux écueils qui freinent l'épanouissement de l'électorat jeune. Un tableau peu reluisant sur lequel sont inscrits plusieurs maux. Entre autres : les difficultés d'apprentissage, le manque de professionnalisme de certains bibliothécaires et libraires, l'absence d'animations et de rencontres d'auteurs aux lieux d'apprentissage, la faible présence des éditions pour enfants, insuffisance et/ou plutôt peu d'exploitation des bibliothèques dont le nombre reste insuffisant Une litanie qui a donné lieu à des échanges finalement fructueux et riches d'enseignements qui n'a pas manqué d'édifier l'auditoire. Le plaisir de lire s'apprend dès la petite enfance ont convenu les intervenants. «Je pense que c'est déjà dès le début de la vie que tout se met en place Dès sa naissance, l'enfant est déjà lecteur», a d'emblée souligné Jeanne Ashbé, auteur d'ouvrages de jeunesse . Un point de vue que l'on peut traduire en ces termes : l'enfant naît avec les dispositions à devenir un lecteur, mais c'est la société qui en fait ou non un lecteur. Dans ce cas, comment expliquer le manque ou plus simplement les difficultés de réussite de l'apprentissage de la lecture ? s'est-on interrogé lors de ce débat modéré par Emile Lansman. Pour les intervenants, l'enfant acquiert le plaisir de la lecture du milieu familial, scolaire, sauf que ces lieux d'apprentissage par excellence opposent une réalité beaucoup plus complexe. «Il n'y a pas de réussite parce que, aucune méthode n'est magistrale et complète. L'Ecole reste, quoi que l'on dise, après le milieu familial, le milieu où l'enfant va aimer ou pas la lecture. Si, dans une école, l'enfant a en face un instituteur qui lui impose un outil qui n'a absolument rien à voir ni avec ses goûts ni avec ses attentes, nous n'aurons jamais un futur lecteur. D'où l'importance pédagogique de ce milieu. Aussi, quand un enfant a la chance d'avoir des parents qui lisent, ce n'est que par la suite qu'une simple habitude qu'il prend et devient également grand lecteur», explique l'expert Mohamed Gounajjar. Pour sa part, l'éditrice de livres de jeunesse Nadia Essalmi déplore que «les parents ne prennent pas le temps de communiquer ce plaisir de lecture à l'enfant. La plupart sont analphabètes, illettrés et donc n'ont pas cet amour du livre».