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Abu Dhabi, un projet pharaonique
Publié dans Agadirnet le 20 - 01 - 2007

En 2012, les Emirats arabes unis prévoient un complexe artistique et culturel sans équivalent. La participation du Louvre déclenche en France une violente polémique.
En 2012 devrait naître dans les Emirats arabes unis un complexe qui changera la donne culturelle dans cette partie du monde. Il revêt une ampleur pharaonique. Sur une île de 27 kilomètres carrés qui porte le nom de Saadiyat (l'île du Bonheur), à 500 mètres au large des côtes de la capitale, Abu Dhabi, a été imaginé un ensemble muséal sans précédent. Les ambitions des autorités locales sont gigantesques. Dans cette zone non habitée, couverte seulement d'une forêt de mangroves, le cheikh Khalifa bin Zayid Al-Nahyan, prince héritier du plus riche des sept émirats, a donné sa bénédiction pour l'érection d'un parc géant de musées constitué de cinq bâtiments. La performance tient d'abord au fait que les édifices seront dessinés par des architectes de renommée mondiale. L'Américain Frank Gehry a signé le 10 juillet 2006 un engagement annonçant la création d'un immeuble livré dans cinq ans qui abritera des oeuvres d'art moderne et contemporain sous le label Guggenheim. Le Guggenheim Abu Dhabi sera le plus grand du monde, avec une surface de 30 000 mètres carrés. C'est manifestement Tom Krens, le patron de la fondation Guggenheim, qui, contacté il y a environ deux ans par les autorités locales, a mis au point ce projet de complexe muséal mariant, selon la recette éprouvée à Bilbao, architecture novatrice signée d'un nom célèbre et collections prestigieuses. La fondation américaine se charge de créer une collection pour le musée, mais aussi de montrer des oeuvres qui sont exposées par ailleurs dans son réseau international. Il est également question de l'architecte d'origine libanaise Zaha Hadid pour la conception de l'espace consacré aux arts vivants (danse, théâtre...) et de Tadao Ando pour le musée de la Mer. Enfin, depuis six mois, l'architecte français Jean Nouvel, contacté directement par les autorités émiriennes, travaille d'arrache-pied à un projet de musée d'Art classique. Pour la petite histoire, le cheikh Sultan binh Tahnoon, responsable des questions de tourisme dans le royaume, et donc du projet, possède une résidence secondaire à Paris, à Saint-Germain-des-Prés. Il a eu l'occasion de se rendre au musée du Quai-Branly - dessiné par Jean Nouvel. Le bâtiment a, semble-t-il, produit une forte impression sur lui. Mais aujourd'hui encore, aux dires des proches de l'architecte, aucun engagement n'a été signé. Cependant, Rita Aoun, conseiller spécialiste de la culture auprès de l'office chargé de la réalisation de Saadiyat Island, en parle comme de l'un des grands favoris : « Le projet d'un musée d'Art classique qui serait réalisé avec Jean Nouvel est très avancé. »
Globalement, la stratégie des autorités locales consiste à faire de ce site un pôle d'attraction touristique de niveau international. Il devrait être achevé en 2018 avec la création de 29 hôtels, deux golfs, plusieurs ports de plaisance pouvant accueillir 10 000 bateaux et encore l'animation du lieu par une biennale d'art, certainement des foires, etc. En tout, 150 000 personnes pourraient séjourner dans ce lieu. Selon des sources proches du pouvoir d'Abu Dhabi, le principe serait de constituer un pôle culturel, comme une frontière intelligente dans une zone du monde soumise aux tourments des extrémismes religieux, de l'instabilité politique et des conflits militaires.
Sans entrer dans les détails, Rita Aoun explique dans un français parfait : « Le projet d'Abu Dhabi est d'être un catalyseur, une capitale artistique et culturelle, un lieu de partage des connaissances. Plutôt que de nous orienter vers le commerce, par exemple, nous avons fait le choix de la culture et de l'art. » A la signature du contrat avec la fondation Guggenheim, le cheikh Mohammed bin Zayid AlNahyan, frère du prince héritier et Premier ministre, déclarait que « Saadiyat et son district deviendront un centre culturel d'envergure internationale au Moyen-Orient et l'un des meilleurs au monde. La culture joue un rôle clé dans une meilleure compréhension des nations entre elles ».
Du côté américain, on traduit l'opération par une formule simple : « oil for art », « du pétrole contre de l'art ». Selon certains conseillers d'outre-Atlantique, les autorités émiriennes ont créé ce projet afin d'ouvrir cette partie du monde à la culture moderne dans le dessein de faire contrepoids à la montée de l'extrémisme islamique. Le prestige ainsi que la viabilité économique de l'opération tiennent à la dimension exceptionnelle de ce parc de musées du XXIe siècle.
Le prochain rendez-vous clé aura lieu le 31 janvier à Abu Dhabi, lorsque tous les projets architecturaux seront confrontés sous forme de maquettes et soumis au regard de la famille régnante. Il sera aussi question, évidemment, du contenu de ces musées. Le sujet le plus polémique du moment, du moins en France, est celui de la création d'un Louvre Abu Dhabi en guise de musée d'Art classique. La genèse de l'opération trouve certainement sa source auprès de Jacques Chirac, qui aurait fait passer le dossier au Quai d'Orsay, qui lui-même a remis l'affaire il y a environ un an au ministère de la Culture. Là, une personne issue du corps diplomatique est chargée de la gestion de l'épineuse question.
« C'est la direction des musées de France qui a piloté l'opération [...] Et pas que le Louvre. » La difficulté tient depuis le début au fait que le patron du Louvre, Henri Loyrette, comme ses conservateurs, sans le déclarer officiellement, ont manifestement toujours été hostiles au projet. C'est en tenant compte de cette donne que le ministère de la Culture a mis en place une stratégie visant à contourner la difficulté. Une structure indépendante devrait être créée dans ce dessein, destinée à récolter auprès de tous les musées français, en province mais aussi à Paris - y compris le musée des Arts décoratifs et le Centre Pompidou -, sur la base du volontariat, des oeuvres et des objets d'art allant de l'Antiquité à la période moderne. L'organisation d'expositions thématiques et l'aide à la constitution d'une collection seraient cependant chapeautées par le Louvre sur une période de dix ans. Des émissaires des musées français ont été envoyés le 24 novembre à Abu Dhabi et la majorité des oppositions de principe de la hiérarchie muséale ont été résolues à cette occasion. Et le 9 janvier Henri Loyrette déclarait dans Le Monde : «Les Emirats ont d'abord sollicité le Louvre seul. Compte tenu de nos engagements nationaux - à Lens notammant - et internationaux, il nous était impossible d'y répondre. C'est donc la direction des musées de France qui a piloté l'opération en sollicitant l'ensemble des musées français. Et pas que le Louvre. Les propositions qui sont faites aujourd'hui par le ministère de la Culture aux Emirats correspondent à nos exigences.»
Cela dit, la colère gronde en France. Françoise Cachin, ancienne directrice des musées de France, Jean Clair, ancien directeur du musée Picasso, ont enfourché le cheval de bataille anti-Louvre Abu Dhabi, dénonçant dans des lettres ouvertes la « politique commerciale » du musée. Ils sont relayés par un site Internet spécialiste de l'information sur l'art ancien (www.latribunedelart.com) qui a réuni plus de 2 300 signatures de soutien. Des joutes verbales par articles interposés opposent partisans et ennemis du Louvre Abu Dhabi, Jack Lang et Francine Mariani-Ducray, directrice des musées de France, volant à la rescousse d'Henri Loyrette. Si ces débats animent la presse française, vus des Emirats arabes unis ils revêtent une importance minime. Rita Aoun observe toutes ces polémiques avec placidité : « Il s'agit de questions purement internes, qui concernent uniquement la France. Les questions culturelles françaises ne sont-elles pas toujours soumises à des débats de ce type ? »
Reste que le dernier épisode médiatique de l'affaire Louvre Abu Dhabi révélait le 11 janvier dans Le Monde la nature d'un contrat liant l'Etat français et l'Etat émirien. L'article présentait le projet comme quasiment abouti. Il comprendrait en tout le versement d'une somme avoisinant 700 millions d'euros pour l'usage du nom « Louvre », l'organisation d'expositions temporaires, le prêt d'oeuvres et la gestion du musée. Abu Dhabi ne souhaite pas se prononcer officiellement sur la question. Cependant, la conseillère pour les questions d'art de l'agence officielle chargée de mener à bien le projet Saadiyat précise : « Il existe des négociations en cours avec le Louvre et d'autres institutions. Mais à l'heure actuelle absolument rien n'a été signé et, quoi qu'il arrive, les termes du contrat pourraient être modifiés jusqu'au dernier moment. »
De sources locales, un autre projet pourrait séduire la famille royale. Il s'agirait d'organiser le musée d'Art classique en collaboration avec un consortium d'institutions célèbres ; entre autres, l'Ermitage de Saint-Petersbourg, le Prado de Madrid, le Kunsthistoriches Museum de Vienne et le musée de Topkapi, à Istanbul. Cette nouvelle esquisse d'un musée d'Art classique présenterait l'avantage d'avoir par le biais de l'institution turque un fonds d'objets islamiques propre à attirer les faveurs de l'opinion locale. Elle évincerait par là même la présence française dans cette partie du monde


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