Les militaires qui ont pris le pouvoir le 5 décembre aux Fidji sans effusion de sang ont prévenu samedi la population que quiconque critiquerait ouvertement le nouveau régime serait convoqué au siège de l'état-major à Suva, par la force le cas échéant. "L'armée souhaite que la période de transition se déroule dans le calme", a toutefois ajouté son porte-parole, le commandant Neumi Leweni. Plusieurs personnalités de cet archipel du Sud-Pacifique ont déjà été emmenées à la caserne de la reine Elizabeth où les militaires leur ont demandé de taire leurs critiques. La commission nationale des droits de l'homme a ouvert une enquête sur des informations faisant état de "traitements inhumains" infligés à une personne en état d'arrestation. L'opposition au putsch fomenté par l'amiral Frank Bainimarama grandit aux Fidji, où les chefs coutumiers et les églises l'ont déclaré illégal. Samedi, un exercice de tir non annoncé à l'avance à la caserne de la reine Elizabeth a déclenché une fausse alerte dans la population. L'armée a pris soin d'indiquer que le chef de l'armée était toujours aux commandes mais que pour des raisons de sécurité, il n'était pas possible de préciser l'endroit où il se trouvait. Le Premier ministre renversé, Laisenia Qarase, a invité la population à manifester pacifiquement son opposition aux putschistes. Il compte revenir la semaine prochaine dans la capitale, où il craint d'être arrêté. Enfin, la junte militaire a publié samedi une petite annonce dans la presse fidjienne pour recruter des candidats "dotés d'une personnalité remarquable" à des postes ministériels au sein du futur gouvernement provisoire. Le coup d'Etat a été condamné par de nombreux pays dans le monde. L'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont décrété des sanctions économiques et militaires. Le Commonwealth a, quant à lui, suspendu les Fidji.