Emplacement, réputation, qualité d'enseignement sont les éléments de motivation des parents L'enseignement privé prend de plus en plus une place importante dans le paysage de l'enseignement au Maroc, principalement pour le primaire, le secondaire (collège et lycée). Il faut dire que la faible prestation de l'enseignement public qui se morfond dans une crise structurelle et pédagogique est pour quelque chose dans le développement de l'enseignement privé. Le relâchement de la discipline, le manque de motivation chez les enseignants publics, caractérisé chaque année par des grèves tout au long de l'année est, entre autres, la grande preuve que cet enseignement va mal. C'est ainsi que les citoyens plus ou moins nantis n'hésitent pas à inscrire leurs enfants dans les établissements d'enseignement privé qui affiche une bonne santé relative et qui a de ce fait de beaux jours devant lui. Selon les opérateurs de ce secteur, la demande dépasse largement l'offre. Elle ne fait que progresser d'année en année. L'enseignement secondaire : collège et lycée est de plus en plus prisé par les parents, en partie pour la qualité de l'enseignement, la diversité des langues enseignées et le grand taux de présence des enseignants (pas question de faire grève même pour une heure), mais également les nouvelles méthodes pédagogiques utilisées, notamment en matière de nouvelles technologies de l'information et de communication. Autre particularité : l'enseignement privé actuel, est de plus en plus investi par de jeunes opérateurs diplômés qui se font assister par des pédagogues forts de nombreuses années d'expérience dans l'enseignement public. Indirectement mais aussi directement, l'enseignement privé profite sérieusement des faiblesses et de l'expérience de l'enseignement public. Dès qu'un établissement privé (ils s'appellent presque tous des institutions) ouvre les portes, il est submergé de demandes dès l'ouverture. La preuve que le besoin est réel et que la demande est là. Dans les grandes villes, comme le cas pour Agadir, trois ou quatre établissements ouvrent la même année sans pouvoir absorber toute la demande exprimée, à tel point que nombreux sont les établissements qui passent des tests aux enfants dans ce qui ressemble de plus en plus à un concours d'entrée. Le choix d'une bonne école privée pour les parents, c'est d'abord l'emplacement. Plus l'établissement est près du quartier, plus cela arrange les parents, surtout lorsque le couple travaille. La réputation de l'établissement et la qualité de l'enseignement sont également des critères pris en considération par les parents. Dans le canal communication, le « bouche à oreille » se trouve en première place, suivi par les conseils des membres de la famille, des amis, de la délégation d'enseignement etc. L'institution Founty à Agadir réalise depuis son ouverture une enquête de satisfaction, unique en son genre et extrêmement révélatrice du degré de responsabilité de ses dirigeants, qui fait force en matière de référence pour la gestion pédagogique et didactique. Ouvert en 2002, cet l'établissement Founty compte 1110 élèves (dont 720 bénéficiaires du transport) ; entre préscolaire, 1er cycle fondamental, collège et lycée. Une nouvelle composante va entrer en jeu dès la prochaine année scolaire avec l'ouverture des cycles d'enseignement supérieur. Des conventions de coopération avec des universités françaises (licences appliquées et Master) ont été officiellement signées dans le cadre d'un partenariat officiel avec l'Université Ibn Zohr. Deux éléments sont importants à souligner dans le cadre du bon développement de l'enseignement privé : grâce au transport scolaire qu'il assure, le privé offre une chance appréciable aux parents d'être sûrs que leurs enfants arrivent à l'école sans difficulté, ce qui leur enlève un grand souci en matière de déplacement et d'acompagnement ; déplacements ennuyeux et difficilement gérables. L'apparition de l'enseignement supérieur dans le même établissement est aussi un atout formidable pour les établissements qui vont le pratiquer. Pour les parents, cela donne une chance extraordinaire de pouvoir mettre leurs enfants dans le même établissement, et ce durant tout le long du processus scolaire allant du préscolaire, au primaire, en passant par le secondaire jusqu'à l'enseignement supérieur. Cette nouvelle donne va bouleverser sérieusement l'enseignement privé et le pousser à être plus compétitif en matière de qualité, face à l'exigence des parents qui acceptent de payer le prix nécessaire. De plus en plus, l'investissement pour la construction des établissements devient lourd, preuve que les opérateurs misent sur la qualité matériel qui sera suivie par la qualité dans l'enseignement proposé. L'une des dernières écoles construites à Agadir et ouverte pour cette année scolaire, l'Institution scolaire Attaraji, a demandé pas mois de 20 millions de Dh d'investissement dans les murs, hors équipement et coût du personnel. Cela devient un vrai investissement immobilier. Dirigé par un ex-inspecteur de l'enseignement public, cet établissement, a pour devise « une nouvelle vision de l'éducation et de la Formation ». Il offre entre autres, à titre indicatif, des programmes bilingues en rabe et français dès la maternelle ; l'anglais en troisième langue dès le cours préparatoire ; l'espagnol comme langue optionnelle dès le secondaire. Inutile de faire la comparaison avec l'enseignement public, la différence est énorme. Devant de telles propositions, les parents craquent, incontestablement et se sacrifient pour leur progéniture jusqu'à s'endetter pour donner un enseignement valable pour leurs enfants. Les parents recherchent de plus en plus l'enseignement privé par le fait de trouver la réactivité qu'il faut auprès des enseignants et des responsables de l'établissement. Il est à signaler le rôle des associations des parents d'élèves qui sont de loin plus dynamiques, plus impliquées dans l'enseignement privé que public. Le cas de l'Association des parents de l'Institution Founty, qui s'investit à fond pour offrir le meilleur soutien aux responsables et enseignants de l'établissement est intéressant. Cela provient également du bon niveau d'instruction de la majorité des parents qui envoient leurs enfants dans le privé et qui les suivent au quotidien. Ce phénomène rarement rencontré dans l'enseignement public. En conclusion, l'enseignement privé est en train de gagner de plus en plus de terrain dans le domaine, principalement dans les villes. Certains observateurs avertis, parlent de la création possible d'une douzaine sinon plus d'établissements privés par an, pour une ville d'importance comme Agadir, afin de pouvoir satisfaire la demande et de déclencher le vrai phénomène de concurrence entre établissements. La demande va en augmentant et pour le préscolaire et pour le secondaire. L'enseignement Supérieur suit, ce qui laisse un avenir et des perspectives radieux pour l'enseignement privé quoique qu'un établissement bien fait ne peut rentabiliser son investissement qu'après 10 ans d'exploitation.