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Maroc : Ces réfugiés camerounais LGBT qui tentent de s'intégrer tant bien que mal [2/2]
Publié dans Yabiladi le 15 - 10 - 2017

Dans la suite du dossier consacré au réfugiés camerounais au Maroc, nous avons tenté de savoir comment se passe leur intégration au royaume, leur quotidien, mais aussi leurs difficultés. Détails.
Dans la première partie du dossier, Yabiladi a relaté les parcours de vie de trois réfugiés camerounais installés au Maroc depuis quelques années. Malgré des chemins jalonnés de difficultés, ils tentent tant bien que mal de s'intégrer au sein de la société marocaine. Il faut noter que les trois Camerounais doivent faire face à l'insécurité et au racisme.
Fabien* et Caroline* ont fait part de leur inquiétude quotidienne : l'insécurité. Ils ont eu leur lot d'agressions dans la rue, le trentenaire a même été agressé chez lui. Et pour cause, le réfugié habite dans un quartier difficile de Rabat, le seul où il peut vivre étant donné ses faibles revenus. «Une fois j'ai oublié le portail ouvert, un homme est rentré armé d'un long couteau. Il m'a volé mes deux téléphones et de l'argent que j'avais posé sur ma commode. J'étais seul, je ne pouvais pas me défendre», se remémore Fabien.
Depuis, le papa d'un garçon de 4 ans sort rarement de chez lui. Une chose l'a marqué dans son quartier, c'est le «couteau». Il voit ça au quotidien, il confie que la veille, deux hommes se sont blessés avec des couteaux «à cause de 5 dirhams».
«Chacun marche avec son couteau. Si tu effleures quelqu'un dans la rue, il sort le couteau. A Meknès, c'est pareil. Je ne vois que ça au Maroc.»
Caroline, pour sa part s'est fait agresser à plusieurs reprises. Une fois, en plein jour, à proximité de l'association «Action Urgence» où elle se rendait. «On m'a agressé au marché, mes vêtements étaient déchirés. J'avais mal. Même dans les environs de la maison de protection du HCR où on m'a placé, je ne me sentais pas du tout en sécurité», confie à Yabiladi la Camerounaise. La jeune femme de 21 ans indique qu'une autre fois, une femme a tenté de kidnapper son enfant. Elle se rend au commissariat le plus proche pour la dénoncer, «mais je n'ai pas de carte de séjour, donc je ne pouvais pas porter plainte», s'insurge-t-elle.
Brice préfère ne pas évoquer les problèmes liés à l'insécurité. Il tient à «s'intégrer» et pour cela, il veut sortir du «quartier populaire» où il vit pour «avoir une autre image du Maroc».
«J'essaie de m'y faire et de m'adapter, de me reconstruire un peu dans cette vie. J'essaie d'avoir cette paix intérieure malgré les blessures du quotidien. L'intégration au Maroc est encore un grand chantier.»

«On m'a craché dessus dans la rue»
L'insécurité n'est pas le seul souci auquel font face les réfugiés, le racisme est également présent. Fabien témoigne de son quotidien glaçant : «Parfois quand je sors, je reçois des crachats depuis les fenêtres. C'est la pire humiliation que l'être humain puisse vivre. Quelques fois, on me dit de rentrer dans mon pays. C'est pour ça que je n'aime pas trop sortir. Je me suis construit un petit refuge», murmure le trentenaire.
Brice quant à lui, toujours optimiste, tente de relativiser. «En quatre ans, j'ai beaucoup appris sur le Maroc. Le racisme est quelque chose qui m'a beaucoup instruit, et m'a rendu plus fort. On doit montrer une forme d'exemple, fournir plus d'efforts pour montrer qui nous sommes pour surpasser le racisme», avoue l'homme de 24 ans, un brin philosophe.
Caroline a subi de la discrimination à cause de son orientation sexuelle. Lors de sa première année dans le royaume, elle vivait en colocation. Ses colocataires ont su qu'elle est lesbienne. A partir de ce moment-là, elles commençaient à mal se comporter avec elle. Le HCR a dû intervenir pour la placer en maison de protection. «Une fois, alors que je coiffais une fille, elle m'a embrassé. Sa mère est entrée et nous a surpris. Après deux jours, je commençais à recevoir des appels et être harcelée par la famille de la fille», raconte la jeune femme de 21 ans, avec des larmes dans la voix.
Financièrement, les trois réfugiés tentent tant bien que mal de joindre les deux bouts. Pour Fabien*, le HCR donne 800 dirhams par mois. «Je me débrouille avec ce qu'on me donne. Je vois ça comme une grâce et un soutien inconditionnel. On dit que c'est pas suffisant, mais il vaut mieux ça que rien», déclare-t-il reconnaissant envers l'organisme Onusien.
Caroline* coiffait des jeunes femmes pour vivre, mais suite à l'incident avec la fille et sa famille, elle sort difficilement de chez elle. Dorénavant, elle vit une précarité extrême, ne peut se permettre d'avoir son propre chez elle, vu le peu de moyens dont elle dispose.
Quant à notre éternel optimiste, Brice, il vit «au jour le jour». Le réfugié de 24 ans est reconnaissant aux «structures d'accompagnement comme le HCR et le GADEM (Groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers et migrants, ndlr)». Selon lui, les activités proposées par les associations peuvent mener vers des sources de revenus.
«Le GADEM a orienté mes activités, et m'a permis de sortir de ma coquille. Le HCR est ma cellule de sécurité. Je suis content de ce que je suis aujourd'hui, j'en suis vraiment fier. Avec toutes ces structures, je vais davantage apprendre.»
Le travail des réfugiés camerounais au Maroc
Jean-Paul Cavaliéri, représentant du HCR au Maroc, indique à Yabiladi : «C'est vrai que la plupart travaillent dans le secteur informel, et ont du mal à trouver un travail formel. Ils risquent d'être sujet à exploitation par des employeurs. C'est malheureusement la même chose que pour beaucoup de Marocains. Ils travaillent dans un contexte difficile parce que déjà une partie de l'économie marocaine qui est dans l'informel».
Et d'ajouter : «Beaucoup de citoyens de ce pays sont dans la précarité au niveau du travail, c'est difficile d'avoir un statut plus privilégié pour les réfugiés. Ce qu'on fait dans ces cas-là pour ceux qui le peuvent et qui sont prêts à avoir un projet économique. On les aide à créer des activités génératrices de revenus avec l'AMAPPE par exemple. Tout le monde n'a pas une âme d'entrepreneur et beaucoup d'entre eux préféraient un emploi salarié. C'est là qu'il y a encore du travail à faire pour développer les contacts avec le secteur salarié. Ce que le gouvernement et nous-mêmes continuerons à faire. C'est-à-dire promouvoir l'emploi salarié par le secteur privé. Le gouvernement a levé la préférence nationale pour l'accès à l'ANAPEC. C'est déjà un point positif.
Le HCR continuons de développer des contacts et surtout de l'information avec les employeurs qui ne savent pas ou ne comprennent pas que les réfugiés et migrants régularisés sont exemptés de la préférence nationale. Sur le terrain, il y a encore des réticences à employer des réfugiés régularisés. C'est certainement un des défis qu'on a.»


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