SM le Roi Mohammed VI, n'a eu de cesse d'oeuvrer, depuis Son intronisation, à consacrer la vocation méditerranéenne du Royaume à travers une multitude d'initiatives et de réalisations, a affirmé M. Mohamed Tawfik Mouline, Directeur Général de l'Institut Royal des études stratégiques. M. Mouline, qui s'exprimait lors de la 2e édition des "Rencontres de la Méditerranée", ouverte mardi soir à Hammamet, a souligné que ces initiatives et réalisations consistent notamment en l'intérêt accordé par le Souverain à la promotion et au développement des provinces du Nord, à travers le lancement d'un vaste programme d'investissement ayant concerné les domaines du tourisme et des ports, en particulier le port Tanger-Med. En vue de consacrer son intégration régionale au niveau de la Méditerranée, le Royaume a opté pour un "statut avancé" dans sa relation avec l'Union européenne, a rappelé le chercheur, relevant que ce statut n'est pas uniquement un accord de libre échange, mais une option multidimensionnelle qui englobe également le dialogue politique, ainsi qu'une dimension sociétale. Tout ceci, a-t-il estimé, requiert un travail et des efforts considérables devant impliquer l'ensemble des composantes de la société, afin que toutes les actions convergent vers l'édification d'un espace méditerranéen commun. Les pays méditerranéens sont appelés à élaborer une vision commune et claire pour être à même de faire face aux divers défis, notamment la crise économique et financière mondiale, et le monde de l'après-crise, qui sera, a-t-il dit, multipolaire fondé sur la coopération internationale, plus respectueux de l'environnement, plus soucieux du développement humain et où les pays non intégrés dans des groupements régionaux n'ont pas leur place. Passant en revue les différentes contraintes auxquelles doit faire face la région méditerranéenne, M. Mouline a notamment cité les changements climatiques. Il a expliqué, à cet égard, que cette éco-région, qui représente plus de 10 pc de la biodiversité et près de 7 pc de la population mondiale, connaîtra des effets désastreux de ce changement climatique. Un projet régional, sinon mondial, est requis à ce niveau et devrait normalement amener à repenser les politiques agricoles poursuivies au nord et au sud de la Méditerranée vers plus de gestion de la qualité au détriment de la quantité et vers la prise en compte de la question de l'eau qui va manquer énormément au sud de la Méditerranée et qui, à l'horizon 2030, ne sera pas seulement au niveau de la pénurie, à savoir au moins 500 m3 par habitant et par an, mais certains pays auront moins de 100 m3 par habitant et par an, a-t-il mis en garde. Abordant le défi sécuritaire, M. Mouline a indiqué que la Méditerranée, une zone marquée par des conflits qui durent depuis plusieurs décennies, connaît également des pratiques illicites, en ce sens que sa frontière sud, en particulier, se caractérise par sa porosité qui en fait une zone d'instabilité, notamment au niveau de la région du Sahel. L'autre défi fondamental auquel doit faire face cette région, est la migration, a indiqué le chercheur, expliquant qu'il ne s'agit pas de la migration du Sud de la Méditerranée vers le Nord, mais aussi de la migration subsaharienne qui va se développer énormément sous l'effet du changement climatique et d'autres facteurs, et où les pays du Sud méditerranéen qui étaient pourvoyeurs de migration vers le nord seront aussi des pays, non seulement de transit, mais de plus en plus des pays de résidence. Ceci étant, a-t-il estimé, la question de la migration doit être mise en considération, pas dans un conteste "raciste" mais dans un contexte de co-développement entre le Nord, le Sud de le Méditerranée et les pays africains. Le chercheur a, par ailleurs, appelé à accorder davantage d'intérêt aux valeurs, soulignant que les valeurs, qui ont été le ciment et le socle de la civilisation méditerranéenne pendant des siècles, représentent aujourd'hui l'approche novatrice en termes de construction d'une "Méditerranée de culture". Il a, en outre, souligné la nécessité de tirer des enseignements du processus de Barcelone, tout en prenant en compte la politique du voisinage qui est en train d'être menée aujourd'hui. "Si on veut plus de succès, il faudrait non seulement mobiliser les acteurs et les entreprises pour la création de l'emploi et l'investissement dans la région, mais également mobiliser des régions, pour que la vision méditerranéenne soit partagée au niveau des régions", a-t-il dit, rappelant dans ce sens que la politique de voisinage a inscrit la coopération régionale parmi les axes les plus importants. Quelque 400 personnalités politiques, opérateurs économiques et chercheurs prennent part à cette rencontre, tenue deux jours durant sous le thème "Pour une vision stratégique de la Méditerranée : stratégie, projets et financement". Les participants se penchent sur nombre d'axes, l'objectif étant de dégager un document comportant des propositions et recommandations sur une Vision méditerranéenne commune de la coopération et du partenariat au sein de l'espace euro-méditerranéen. Ce document doit être soumis au prochain sommet de l'Union pour la Méditerranée (UPM).