L'opération de rajeunissement du mythique palace la Mamounia aura duré plus de 3 ans puisqu'il a fermé ses portes exactement le 30 juin 2006 pour des travaux au délai imprévu. Au fait, c'est la seconde opération du genre. La première a eu lieu en 1986 frappée du sceau de l'architecte français André Pacard mais n'a pas occasionné le même budget ni pris autant de temps. Celle-ci aurait surtout été distinguée par l'unicité des tons, l'harmonie de ses composantes, le rajout d'un troisième étage et enfin l'enfantement d'un casino dont la gestion sera indépendante à la faveur d'un bail à une société étrangère. Et c'est un professionnel français du nom de Robert Berger qui assurera la direction de la Mamounia version Pacard jusqu'au 29 septembre 2006, c'est à dire pendant 10 ans, bien qu'il ait dépassé l'âge fatidique de retraite de prés de 15 ans avant de remettre les 230 clés et les dossiers de 460 employés permanents à son assesseur Haj Mohamed Chaab qui deviendra, quelques mois après le maître des céans. Cette fois, il est question d'une totale métamorphose sous la baguette magique d'un autre architecte tout autant reconnu que son prédécesseur à une différence prés, celle de parapher de sa signature le parachèvement de plusieurs prestigieux hôtels à l'étranger. Il s'agit de Jacques Garcia, actuellement sur un autre projet hôtelier à quelques dizaines de mètres de la Mamounia pour, laisse t- on entendre, 1 million d'Euro, rien que pour les gros œuvres, question de vous situer sur l'échelle de son statut professionnel. A la Mamounia par contre, il aura tout orchestré pour en faire un nouveau joyau sans sacrifier son originalité et sa spécifité . Les mosaïques de zellige et les plâtres blancs finement sculptés sont toujours là pour l'identification de la main d'œuvre de l'artisan marocain. Toutefois, ses aspects tant intérieur qu'extérieur ont été rafraîchis, conférant à l'ensemble la silhouette d'un top modèl frais émoulu aux atours traditionnels. Déjà l'opération d'amaigrissement a coûté la réduction du nombre des clés passant à 116 au lieu de 130 qu'il comptait, au profit de la transformation de quelques chambres en suites et de l'élargissement de bien d'autres. Le restaurant marocain et le Bar Soleil furent rasés permettant à leur espace de s'intégrer dans un Spa qui s'étend sur 2500 m_. Le prestigieux restaurant l'Impérial n'a pas non plus échappé à cette opération de transformation. Salon et restaurant italien sont venus s'y installés dans un ordre parfait et un décor idyllique. Et c'est une villa nichée dans le jardin qui avait ouvert ses portes aux cinq chefs d'Etat des pays maghrébins lors de la fondation de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) pour y faire leurs ablutions avant de se diriger pour la prière à la mosquée la Koutoubia qui fut en partie démolie et refaite pour faire office de restaurant marocain. Reste enfin le Ball Room qui accueillait les congrès et les grandes cérémonies. Là l'opération de lifting est manifestement apparente, devenant une merveille du genre pour l'accueil de pas moins de 300 convives. Tout ça , diriez-vous, ne sert à rien sans une excellente équipe de gestion. Détrempez-vous. Cela fait 15 mois que le nouveau directeur général en l'occurrence Didier Picot qui arrive directement du Bahamas, un sexagénaire père de 2 enfants vivant à Madrid, est là, suivant de très prés l'évolution des travaux avec à ses côtés l'ex DG Haj Mohamed Chaab à titre de conseiller. Il résidait à l'hôtel Sofitel mais passait le plus clair de son temps au tri de ses nouveaux chefs de départements qui le rejoignaient illico. En d'autres termes, le gros du personnel était déjà là, logé, nourri, motorisé attendant le 29 septembre, la date de réouverture de l'établissement. Je vous laisse imaginer le coût que cela suppose pendant que l'hôtel était à plusieurs mois de la date officielle son opérationnalité. Bref, l'exigence de l'excellence se paie, ne prenant jamais en compte les petits calculs de l'épicier. Toujours dans le chapitre de l'excellence de la gestion ou plutôt de la satisfaction du client, la direction a scellé plusieurs partenariats avec des enseignes à la renommée internationale. On citera entre autres, celui conclu avec shiseido pour les soins de beauté, avec maroc Maroc pour les soins orientaux, avec Jean Michel Faretra Paris pour le salon de coiffure, avec le Ric pour la manucure pédicure. Côté restaurant qui fait et défait la réputation d'un établissement hôtelier, la cuisine française fut confiée au chef parisien Jean Pierre Vigato et la cuisine italienne à Afonso Iaccarino. Quant à la cuisine marocaine, elle a gardé son ancienne équipe. 5 bars et un salon de thé compléteront la gamme des services. Vous allez sans doute vous interroger sur le sort des 3 villas qui jouxtent le pavillon de la piscine ? Elles sont toujours là mais transformées en riads et dotées de piscines privatives. Enfin pour fignoler tous les détails et ne rien laisser au hasard, l'hôtel fonctionne déjà, façon de roder les employés, ce que les professionnels appellent l'ouverture technique. La question qui se pose aujourd'hui c'est si Chirchill qui affectionnait de son vivant cet hôtel le reconnaîtrait- il aujourd'hui dans cette nouvelle mouture ? Oui s'il s'agit de ses jardins qui ont gardé leur allure et leur architecture. Non s'il est question de l'intérieur car les lieux ont tellement changé dans le fond et dans la forme pour épouser leur époque que nous même qui nous est si familier, avions du mal à les reconnaître. Rendez-vous donc le 29 du mois courant pour découvrir la fée Mamounia, version Jacques Garcia.