Noor passe rarement inaperçue. Danseuse de talent, elle s'essaie aujourd'hui à l'humour. L'ouverture du Festival du rire de Casablanca était une occasion rêvée pour approcher Noor et découvrir la nouvelle facette de cette artiste hors pair. Imposante au premier abord, il suffit d'échanger quelques propos avec elle pour découvrir une femme d'une accessibilité et d'une simplicité déroutante. Dés lors, on oublie pendant quelques instants l'artiste et on découvre une femme qui porte en elle l'amour, la paix et la joie de vivre, débordante de sensualité, de tendresse et de courage aussi. A fil du spectacle suivi en sa compagnie, on ne peut s'empêcher d'imaginer son courage, la ferveur avec laquelle elle a dû affronter le regard des autres, le rejet ou l'accablement. Noor force le respect par son combat de femme et son dévouement à ses arts. Ayant d'abord affirmé sa féminité par le mannequinat, elle brille sous les feux de la rampe, aux couleurs de styliste de renom comme Christian de Lacroix. Cela lui permet de gagner la reconnaissance du public, mais ne la contentera pas. Elle continuera à s'affirmer, mais cette fois en tant que danseuse orientale. Une orientation qui lui garantit une présence sur la scène artistique et lui fait prendre conscience de sa vraie nature, celle d'une artiste épanouie et pluridisciplinaire. Plus tard elle cèdera aux sirènes du 7e Art et fera sa première apparition cinématographique dans Une minute de soleil en moins, de Nabil Ayouch. Dès lors les propositions filmiques et télévisées se multiplieront, ouvrant à Noor les portes d'une carrière artistique supplémentaire. Noor, l'humoriste Il est surprenant de voir une femme qui a fait du glamour et de la sensualité ses cartes de visite choisir l'humour comme nouveau violon d'Ingres. Entre les entractes, elle prend le temps de nous éclairer, répondant le plus naturellement du monde que le rire fait partie intégrante de sa vie. «J'aime rire et je ne rate jamais une occasion de m'esclaffer. Avec mes amis et proches, je m'accorde souvent quelques instants de détente et de drôlerie et je prends les devants en multipliant les plaisanteries, explique-t-elle. Ce sont d'ailleurs eux qui m'ont encouragée à partager mon humour avec un public pluslarge». Sans surprise, son répertoire laisse la part belle à la femme ou plutôt aux femmes. De la petite snobinarde jusqu'à la modeste femme populaire plongée dans la masse commune, elles y passent toutes, à travers sa voix, ses blagues et ses costumes. Elle manifestera aussi sa préférence pour la petite femme du peuple, celle qui lui ressemble le plus. «J'ai plus de douze femmes différentes dans mon répertoire, chacune représentant l'une de mes facettes. Je ne pouvais malheureusement pas les présenter toutes dans mon premier spectacle et ce en raison de la programmation assez serrée du festival. Mais sur les cinq femmes que je présenterai, celle qui compte le plus pour moi et dont je ne me détacherai pas, c'est bien «bent echaâb». Elle est ce que je suis vraiment et elle est celle qui mérite le plus d'attention de ma part de la part du public», affirme l'artiste. C'est donc un spectacle 100% Noor qu'elle nous promet. Des textes agrémentés par les mimiques et les grimaces, chaque instant a été imaginé par elle et résolument inspiré de sa vie. Pour un coup d'essai, l'apprentie humoriste semble bien partie, elle promet d'ailleurs de revenir à la charge pour un spectacle plus abouti et surtout pour des apparitions télévisées mettant en vedette chacune des douze facettes de sa féminité. La pièce théâtrale qui nous a réunis s'achève et sur le départ nous ne garderons qu'un seul sentiment, celui d'avoir eu face à soi une femme simple et une artiste accomplie. On ne peut d'ailleurs s'empêcher de lui demander une dernière fois ce que serait Noor si elle n'avait pas choisi d'être artiste. A cette question, elle préférera laisser parole à ses amis présents qui répondent unanimes : «Noor est une artiste et il ne pourrait en être autrement». Yassine Ahrar