La plainte déposée au pénal contre Mustapha Mansouri, actuel président du RNI, par le groupe des réformistes menés par Salaheddine Mezouar, a suscité un grand émoi parmi des membres du parti. «Je ne suis pas d'accord avec la gestion de Mansouri, mais en arriver à la justice, c'est trop. Ce n'est ni dans les habitudes des Marocains ni dans celles du parti », confie un membre influent. Et d'ajouter : « Si on voulait aller en justice, on l'aurait déjà fait du temps d'Ahmed Osman. Le parti dispose de plusieurs organes comme le comité des sages pour résoudre nos conflits en interne». Les observateurs du feuilleton du RNI notent que l'action en justice elle-même est «vide de sens» puisqu'elle n'a finalement pour objet qu'un «audit financier». Démarche possible en dehors de l'utilisation d'une procédure judiciaire. Derrière le dépôt de la plainte, l'objectif stratégique est en fait de déstabiliser Mustapha Mansouri. «C'est du lynchage médiatique, ce n'est plus de la politique», commente un observateur qui poursuit : « Il s'agit tout de même du Président du Parlement !». Joint au téléphone par le Temps, Mustapha Mansouri s'est refusé de tout commentaire : «Je m'abstiens de toute déclaration en attendant le Conseil national du parti», nous a-t-il déclaré. Deux clans, deux objectifs Le bras de fer entre Mansouri et les partisans de Mezouar alimente quotidiennement les colonnes de la presse avec déclarations fracassantes, coups bas et mots incendiaires. Les observateurs politiques tablent sur l'imminence d'une scission et la perspective que les réformateurs rejoignent au final le PAM de Fouad Ali El Himma. Le parti est déjà le grand perdant du dernier remaniement ministériel avec la perte de deux portefeuilles. Au cœur de la bataille qui oppose les partisans de Mansouri et ceux de Mezouar se trouve actuellement les voix des indécis dont le cœur balance entre les deux camps. Les ministres estampillés actuellement RNI ont rejoint le mouvement réformateur, reste à rallier la majorité des membres. Le prochain Conseil national est décisif puisqu'il devra statuer sur la tenue ou non d'un Congrès national extraordinaire et «trancher le cas de Mansouri» en lui trouvant un successeur en la personne de Mezouar. Selon les partisans de ce dernier, celui-ci aurait déjà le soutien des 2/3 du Conseil national. En attendant, Mansouri fourbit ses armes puisqu'il a convoqué une session du comité central qui devait se tenir le 16 janvier avec comme ordre du jour l'évaluation du discours du 6 novembre du roi Mohammed VI et l'examen des affaires internes du parti. Une session-test qui permettra aux deux clans de mesurer leur poids en prévision du prochain Conseil national.