Elle est pressentie pour assurer la succession de Mohamed Moujahid à la tête du Parti socialiste unifié (PSU). Nabila Mounib, militante acharnée de gauche au sein de l'OADP puis du PSU, réunit toute les conditions pour décrocher cette responsabilité. Portrait. Une femme à la tête d'un parti de gauche. Rien n'est encore officiel, mais Nabila Mounib semble avoir toutes ses chances pour succéder à Mohamed Moujahid, le secrétaire général sortant du Parti socialiste unifié (PSU). C'est demain que le Conseil national du PSU en décidera par la tenue d'élections, à l'issue desquelles sera également renouvelé le bureau politique. Nabila Mounib en a d'ailleurs été l'un des membres les plus brillants durant ses deux mandats successifs. Son charisme et son franc-parler, conjugués à un charme certain, en font une main de fer dans un gant de velours pour ce parti. Un groupe de jeunes militants du PSU lui a même consacré un blog pour émettre un souhait unanime, celui de la voir devenir la première femme à prendre les commandes du parti. Candidate favorite « Je ne me suis pas portée candidate car c'est le Conseil national qui détient le droit d'élire le militant ou la militante qui lui semble le mieux qualifié à ce poste », tient-elle à préciser. Cette militante acharnée se dit d'abord convaincue par un projet collectif, celui de ses camarades hommes et femmes du PSU. «Nous menons tous, au sein de notre coalition, un combat pour notre projet commun de société progressiste où démocratie et égalité restent les principes fondamentaux. Nous continuons, pour cela, à clamer haut et fort la monarchie parlementaire ici et maintenant », précise Nabila Mounib, soulignant d'ores et déjà qu'elle ne sera pas du tout déçue au cas où le Conseil national de son parti déciderait de céder le siège du secrétaire général à un autre ou une autre de ses camarades. Cependant, l'unique grand concurrent, qui aurait réellement pesé lourd dans la balance des élections, Mohammed Sassi, a clairement exprimé son refus d'occuper cette responsabilité pour des raisons personnelles. «Le PJD n'a pas le programme qu'il faut pour sortir le Maroc de sa crise. Ce ne sont pas les petites retouches qui changeront le Maroc». Nabila Mounib Si demain Nabila Mounib est officiellement secrétaire général du PSU, elle devra mettre les bouchées doubles, car il sera question pour elle de renforcer le parti, mais aussi les rangs d'une gauche à l'allure disloquée. « Assumer cette responsabilité, c'est assumer l'engagement du PSU de porter un projet alternatif. La gauche doit aujourd'hui répondre aux attentes de la société, d'autant que nous vivons une période critique. Le Maroc souffre d'une crise plurielle, marquée par la colère sociale du Mouvement du 20 février», rappelle Nabila Mounib. La société, en ébullition, aspire à retrouver espoir dans la gauche ; et pour la militante, il n'y a aucun doute sur l'urgence de redonner confiance aux citoyens. « Pour cela, nous devons mettre en exergue le pôle de gauche, consolider notre parti, lui permettre une meilleure rentabilité et ouverture sur la politique. C'est un travail de fond dont il est question et non pas un lifting », soutient-elle de toutes ses forces. Opposition : contre-pouvoir A son 3e congrès national, le PSU a insisté sur l'urgence de renforcer la gauche pour retrouver ses racines au sein de la société. Pour Nabila Mounib, l'opposition doit définir une stratégie. « Nous avons notre alliance avec le CNI et le PADS, mais au sein de l'opposition, je ne sais pas comment le PAM travaillera avec l'USFP. Notre parti restera ouvert à ce dernier, à condition que cela se fasse sur la base d'un projet de gauche et dans le respect des principes », prévient la jeune femme. Et d'ajouter que le PPS a grand besoin de clarifier sa position depuis son ralliement au gouvernement de Benkirane. « Le PJD n'a pas le programme qu'il faut pour sortir le Maroc de sa crise. Ce ne sont pas les petites retouches qui changeront le Maroc », martèle la militante de gauche. Difficile de dissocier Nabila Mounib de son action politique, les deux ne font qu'un. Même à ses heures creuses, elle choisit de lire encore des récits politiques. « Je viens de terminer la lecture de la biographie de l'Emir Abdelkader. Lorsque je mets les pieds dans une librairie, je pleure presque de ne pouvoir tout lire ! », confie-t-elle. Dévoreuse de livres, Nabila n'hésite pas à en lire 3 à 4 parallèlement. A cet exercice, vous ne pourriez pas non plus la dépasser ! Bidaouia et fière de l'être Native de Casablanca, Nabila Mounib ne cache pas son amour fou pour sa ville natale où elle réside d'ailleurs toujours. Mariée depuis trente ans, elle est mère de 3 enfants : deux filles et un garçon. Enseignante universitaire de biologie, elle a su faire des éléments de sa vie une parfaite alchimie d'un projet et d'une conviction. « Déjà, depuis ma thèse que j'ai passé en France, en 1985, j'ai milité au sein de la jeunesse, les étudiants démocrates. Ensuite, j'ai intégré l'OADP, le syndicat national de l'enseignement supérieur (SNESup) et l'Organisation pour les libertés d'information et d'expression (OLIE) », raconte-t-elle. Membre de plusieurs autres associations, Nabila Mounib avoue que son foyer en pâtit parfois, mais que sa famille reste toujours à ses côtés. « J'ai beaucoup de chance ! », s'exclame-t-elle arborant son beau sourire.