La bande dessinée traverse une mauvaise période. Les bédéistes marocains sont presque inexistants. Une situation qui reflète la pauvreté de la production. Les explications lors d'une rencontre dédiée au sujet à Casablanca. La production de bandes dessinées au Maroc est pauvre. Ce constat a été soutenu lors d'une rencontre débat le jeudi 22 décembre à Casablanca. Les deux bédéistes Abdelaziz Mouride et Jean-François Chanson alias Mustapha Hornia ont chacun à leur façon expliqué la raison derrière cette quasi absence de bande dessinées marocaines, faites par des Marocains et édités par des Marocains. «Il n'y a pas suffisamment de bons dessinateurs capables de réaliser des bandes dessinées», déclare Abdelaziz Mouride, également journaliste et enseignant de BD à l'Ecole technique d'arts plastiques (ETAP) à Casablanca. C'est donc une question de rareté. « Je ne pense pas que ce soit lié à des éditeurs réticents ou que ce soit une question relative à la diffusion. La production de bande dessinée n'est pas suffisante c'est là le vrai problème», déclare Bichr Bennani de Tarik Editions. Cette même maison d'edition a publié On affame bien les rats de Abdelaziz Mourid. Une bande dessinée où l'auteur revient sur sa détention durant les années de plomb. Au Maroc, contrairement au voisin algérien, on produit moins d'un album par an. «Actuellement les algériens réalisent un album par mois et au Maroc nous arrivons a peine à une bande dessinée par an» confime Jean-François Chanson. Situation paradoxale Ce professeur de physique au Lycée Descartes de Rabat est dessinateur et s'intéresse de trés près à cet art; ce qui l'a encouragé à établir le diagnostic de la situation de la bande dessinée au Maroc. C'est une situation paradoxale. «Le Pays est le seul dans le continent africain à dispenser des cours de bande dessinées. Cette formation existe dans les deux écoles de Beaux arts sous la tutelle de l'Etat. Il s'agit de l'école des Beaux arts de Casablanca et l'Institut National des Beaux arts de Tétouan (INBA). Malgré ces deux filières spécialisées, il existe très peu de dessinateurs de bande dessinées» insiste Jean-François Chanson. Mis à part ces deux dessinateurs présents à cette rencontre à la FNAC de Casablanca, il y en d'autres mais ils ne sont pas nombreux. Mohamed Nedrani, Abdelaziz Nedrani, Larbi Babadi et Brahim Raiss. « Actuellement, les Algériens réalisent un album par mois et au Maroc nous arrivons a peine à une bande dessinée par an ». Le bédéiste Jean-François Chanson. Ce dernier n'a pas réussi à publier son album au Maroc et s'est donc dirigé vers des éditeurs algériens. La dernière bande dessinée éditée au Maroc est Tagine de lapin, publiée chez Yomad Edition spécialisée dans les livres jeunesse. Abelaziz Mourid quand à lui répare une bande dessinée adaptée du Pain nu de l'écrivain défunt Mohamed Choukri. «Il me restent quelques pages que je n'arrive pas à dessiner. Cela fait un an que j'ai arrêté, j'attends ma muse», assure Abdelaziz Mouride dans un ton humoristique. Ce dernier confie qu'avec la bande dessinée il est dans une relation à la fois d'amour et de répulsion. «Il y a des moments où je ne jure que par la bande dessinée et où je m'investis à fond et il y a d'autres fois où je suis dans une répulsion totale», déclare -il. Après le coiffeur son dernier publié aux éditions Nouiga, Abdelaziz Nouiga prépare donc la sortie du pain nu une fois qu'il aura achevé l'ensemble de l'album.