«Il ne fait pas bon être en prison au Maroc !». Les membres de l'Observatoire marocain des prisons (OMP), qui ont tenu leur conseil d'administration élargi ce samedi 27 mars à Mohammedia, sont unanimes sur ce fait. Jugez-en par vous-même : selon l'OMP, le règlement intérieur des prisons, autant que le code de procédure pénale, restent inadéquats. Les 59 établissements pénitenciers que compte aujourd'hui le pays, dont 14 ont été construits avant l'indépendance, emmurent dans leurs enceintes quelque 60.000 détenus, alors que leur capacité ne dépasse guère les 30.000. Le budget consacré à l'alimentation des détenus ne dépasserait pas les 5 dirhams par détenu et par jour. Pire encore, selon les chiffres officiels du ministère de la Justice, la superficie moyenne pour chaque prisonnier ne dépasse pas 1,5 m2, alors que la norme internationale établit cet espace à 9 m2. Cette situation serait-elle alors du seul fait et sous la seule responsabilité de l'Etat ? La réponse est «oui !» : «S'il ne fait aucun doute que la nouvelle organisation du système pénitentiaire a répondu partiellement aux critiques et revendications de la société civile et de la communauté des juges et des avocats nationaux, la situation des prisons et des droits des prisonniers se détériore», explique les membres de l'OMP. Bien évidemment, l'Etat, à travers l'administration pénitentiaire, tient un autre discours : «La délégation s'est penchée, en dépit des difficultés, sur l'amélioration des conditions de séjour des détenus aux niveaux de l'alimentation, de la santé et des programmes de réinsertion... L'administration ne ménagera aucun effort, à tous les niveaux, pour préserver les droits et la dignité des détenus», déclarait à la presse, Abdelhafid Benhachem, le délégué général de l'administration pénitentiaire. Le cheval de bataille de l'OMP Fer de lance dans l'amélioration du quotidien des prisonniers, l'OMP, à l'issue de la dernière réunion de son conseil d'administration, s'est fixé comme objectif pour les deux prochaines années une stratégie à trois axes : le premier, structurel et systémique, est lié notamment à la volonté des gouvernants d'adopter des lois respectueuses des droits des prisonniers. Le deuxième concerne surtout la capacité des acteurs à s'ériger en force d'encadrement, de mobilisation, de proposition, capable d'infléchir les résistances. Puis, un troisième axe, plutôt humanitaire, contribuerait sensiblement à alléger la souffrance liée à la détention et à réduire les risques de récidive. Une mobilisation touts azimuts La convention, conclue février dernier à Rabat entre l'OMP et l'Union européenne (UE), comporte un ensemble d'actions à appliquer sur le terrain : le renforcement des capacités des membres de l'Observatoire à travers la formation, l'assistance sociale aux détenus et la promotion du cadre législatif et organisationnel liée aux droits et conditions des détenus. Derrière ces actions résident deux objectifs: humaniser les centres pénitenciers du pays et créer des mécanismes de suivi et de contrôle de ces centres. Pour cela, l'OMP propose un plan d'action multisectoriel : la consolidation de l'OMP, en interne, avec notamment la mise en place d'une base de données des doléances des prisonniers et de leurs familles. Et le renforcement des capacités des professionnels de l'administration pénitentiaire à travers des formations à thèmes.