«Le rachat de Mercure.com, société de services également, rentre parfaitement dans la stratégie du groupe, centré sur les métiers de services à valeur ajoutée. D'autant plus que nous détenons déjà un savoir-faire sur les métiers du BPO puisque le groupe est à l'origine de la structuration des centres d'appels au Maroc et sur les SSII à travers Isis Soft, très bien positionnée sur son marché», s'en targue Farid Bensaid, Pdg de la holding Ténor. Alors que les opérateurs économiques font du surplace en attendant que le vent tourne et que la crise économique ne soit qu'un mauvais souvenir vite oublié, le groupe ténor sort son grand jeu et se met au-devant de la scène via deux opérations d'envergure. La première concerne le rachat d'une des filiales de l'ONA pour la bagatelle de 97 millions de DH. La deuxième est une association avec le français «la Financière Duval» pour la création d'Yxime Maroc, une joint-venture spécialisée dans les métiers du Property et Facility Management. Un projet sur lequel le top management ne souhaite pas s'étaler vu que «l'opération n'est pas encore finalisée», se contente-t-on de préciser. Une chose est sure. La joint- venture qui sera dirigée Badr El Yacoubi, un ex de la CDG, ne compte pas faire dans la figuration. Elle ambitionne de devenir un acteur majeur du property et du facility management sur le territoire marocain, selon les déclarations des partenaires français. Un premier pas dans l'immobilier En effet, si Farid Bensaid ne souhaite pas trop s'attarder sur le projet Yxime, c'est peut-être en raison du caractère nouveau que le secteur des services immobiliers présente pour le groupe. Un tour d'horizon des activités de la holding permet de le confirmer. Trois secteurs y ont leur importance. Il s'agit de l'assurance via le groupe Afma, 2e courtier de la place, le BPO (avec le rachat de Mercure.com) et la distribution, que ce soit au niveau de la téléphonie mobile ou le transfert de fonds à travers le réseau d'agences Western Union. «Un groupe doit se diversifier pour assurer sa pérennité. C'est pourquoi aussi nous sommes également présents, par exemple, sur le transport, location longue et courte durée, avec la master franchisé ADA», ajoute Farid Bensaid. Tout compte fait, c'est en s'attaquant à la croissance en externe que le groupe compte obtenir une taille critique. «Le chalenge sera de rester une entreprise à taille humaine, ce que nous sommes aujourd'hui», poursuit Bensaid. Et là, taille humaine ne veut pas dire petite taille. Les chiffres sont là pour en témoigner. Aujourd'hui, le groupe Ténor, fondé en 2005, dégage un chiffre d'affaires de plus d'un milliard de DH et emploie un peu moins de 1000 personnes. Farid Bensaid: Portrait Quand nous avons tenté de le contacter pour évoquer la reprise par son groupe de Mercure.com, Farid Bensaid était difficilement joignable. Et ce n'est pas la nouvelle recrue du groupe qui monopolisait le plus clair de son agenda, mais plutôt la préparation d'une série de spectacles, organisée par l'Orchestre philharmonique du Maroc, dont il est le président. Sa passion pour la musique ne date pas d'aujourd'hui, lui qui a simultanément décroché son bac et le premier prix de violon au Conservatoire de Rabat. Depuis, il porte sa double casquette avec aisance. L'ingénieur en génie civil est aussi un entrepreneur dans l'âme. Issu d'une famille de fonctionnaires, avec un père est cheminot et une maman postière, il fait le choix d'évoluer pour son propre compte, mais sans brûler les étapes. C'est ainsi qu'il crée sa propre société spécialisée dans le transport, alors qu'il est directeur des travaux dans l'entreprise Margec, devenue son premier client. Il n'avait pas encore chopé le virus de l'entrepreneuriat au point de s'y consacrer entièrement. Preuve en est, même quand il quitte Margec, c'est pour intégrer la CDG, puis Matra. Il a fallu qu'une belle opportunité (reprise de Mondial Assistance avec Moulay Hafid Elalamy) s'offre à lui pour qu'il change de trajectoire une fois pour toutes. Son appétit grandit. Il multiplie les reprises d'entreprises, mais aussi les cessions et devient un spécialiste du redressement des entités en difficulté. En créant son groupe Ténor, il s'impose comme un homme qui flaire les bonnes affaires.