Dans une interview accordée à TV5monde, le Chef du gouvernement s'est penché sur plusieurs thématiques liées à la politique marocaine, au printemps arabe et au conflit au nord-Mali. Durant près de 50min d'interview en face de journalistes de TV5monde, de Rfi et du Monde, le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane a exposé différents aspects de la pratique du pouvoir par son gouvernement et ses rapports avec la monarchie. Sur la situation politique du pays, Benkirane a assuré aux journalistes que le Maroc ne comptait pas de prisonniers politiques. "Je ne pense pas qu'il y ait un prisonnier politique du mouvement du 20 février au Maroc" a-t-il déclaré. Quand à la question de la torture dans les centres de police qualifiée comme récurrente par les Nations unies, elle est inexistante, selon notre chef du gouvernement. "La torture existait au Maroc, et ça date de 30 à 40 ans. Maintenant c'est fini (...) Nos services et notre ministre de la Justice disent que c'est fini". Sans donner de détails, Benkirane a expliqué que les réformes de la compensation, des retraites, de la fiscalité et de la justice sont inévitables, même si elles sont douloureuses. "Bien sûr que les fonctionnaires ne seront pas contents de voir leur pouvoir d'achat baisser, mais cet argent, je ne le mets pas dans ma poche. Je suis en train de réparer les équilibres budgétaires de l'Etat", rappelant que les Marocains adorent la politique de la vérité et du "consensus" : "Il suffit qu'une décision émane de réunions rassemblant tout le monde, syndicats, partis...etc pour qu'elles soient acceptées par le citoyen". Interrogé sur la question de la Ligne grande vitesse (LGV), Benkirane évoque directement la position de la France dans la question du Sahara, jugée "raisonnable et dans le bon sens", "ça pourrait expliquer des choses qui pourraient être difficiles à comprendre pour les gens", avant de se rattraper et rappeler que le Maroc n'a pas que des besoins sociaux "Vous ne voudriez jamais que le Maroc ait aussi son TGV?!" A propos de la guerre au Mali, Benkirane explique qu'il a été chargé par le roi Mohamed VI de lire une lettre saluant les efforts de la France "qui a eu beaucoup de courage", tout en critiquant l'Algérie "qui n'a pas fait son devoir, poussant la France à réagir". Concernant la politique de l'Etat marocain à l'égard du conflit, Benkirane ne dira rien, car "ce sont les prérogatives de sa majesté dont je ne suis pas au courant. Sa majesté ne m'informe que quand il le veut" en réponse à si oui ou non le Maroc avait envoyé un commando de 300 soldats marocains au nord Mali.