BIO EXPRESS Khalid Naciri, professeur de Droit constitutionnel et de sciences politiques, Directeur de l'Institut supérieur de l'Administration et membre du bureau politique du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), n'est plus à présenter. Ancien président de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme (OMDH), il n'est pas du genre à faire des petits arrangements avec les convictions et les engagements. Au contraire, celui qui a épousé très tôt la cause du progrès et du modernisme ne fait pas dans la dentelle une fois son pays menacé. Cette semaine, maître Naciri commente pour les lecteurs de LGM le mouvement de rassemblement que connaît la gauche, la visite de Zapatero à Sebta et Melillia ou encore la victoire du Hamas et ses éventuelles retombées sur le champ politique national. Il va sans dire que le principe de l'union de la gauche est incontestable. Atomisée, cette gauche a le devoir de mettre un peu d'ordre dans la demeure. Reste cependant l'obligation d'arrêter les modalités et déterminer les meilleures conditions pour atteindre cet objectif. A cet égard, il existe plusieurs approches, qui ont toutes d'ailleurs droit de cité .Pour l'heure, on n'a pas de réponses définitives, pour la simple raison qu'elles sont à définir en concertation avec tous les partis concernés. Un principe, cependant : il serait plus approprié de procéder par étapes sans céder à la tentation de les brûler. Ceci étant, l'absorption du PSD par l'USFP est une voie concevable, sans être pour autant l'unique formule. De notre part, on est convaincu que l'essentiel est de préparer les conditions favorables à faire émerger un cadre fédéral évolutif à même d'aboutir à la constitution du grand parti de gauche, où peuvent cohabiter toutes les sensibilités modernistes du pays. Hélas, nous n'y sommes pas encore. Il n'est que grand temps pour former, dans un premier lieu, plusieurs pôles de gauche au lieu de cette multitude contre-productive. Déjà ,l'USFP forme à elle seule un pôle. Idem pour l'alliance socialiste, formée du PPS et de Al Ahd et qui continue de bien fonctionner . Le troisième pôle est incarné par le PSU qui en dépit des difficultés d'usage, avance dans la même voie. Mot de la fin : ce mouvement du rassemblement de la gauche est encore en phase préparatoires. Et c'est tant mieux. Visite de Zapatero Autant le dire d'emblée, cette visite est en rupture avec la logique qui a prévalu jusqu'ici dans les relations maroco-espagnoles, et ce, grâce justement à l'effort de Luis Rodriguez Zapatero. Bref, il y est pour beaucoup. Curieusement,le chef du gouvernement espagnol a fait ce que même la droite de son pays n'a pas osé faire. C'est pour le moins une contradiction qui laisse perplexe. Certes, l'explication est à chercher dans le désir du PSOE, le parti de Zapatero d'aller de l'avant afin de neutraliser la surenchère de la droite sur la question des deux présides Sebta et Melillia. Mais, ce n'était pas la meilleure manière de le faire. D'où le sentiment de l'opinion publique marocaine,toutes tendances confondues, d'être profondément déçue. Le Maroc a, toutefois, fait dans la mesure. Sans jeter le bébé avec l'eau du bain, il a tenu à exprimer sa position, sans la moindre concession sur le principe de son droit souverain. Victoire du Hamas Une chose est sûre, la victoire du Hamas crée une nouvelle donne géopolitique, non seulement dans l'environnement immédiat du Moyen-Orient, mais bel et bien dans tout l'espace arabo-musulman.Par ailleurs, même le Hamas ne s'attendait pas à une victoire aussi écrasante et, partant, il se trouve obligé de gouverner et, à se mettre à découvert. Ce qui n'est pas forcément son point fort. Il réalisera nécessairement qu'on ne peut pas gouverner un Etat en construction avec des slogans. De sa part, la communauté internationale a été prise de court face à une situation imprévisible où elle sera amenée à composer avec un mouvement qui rejette la démarche de base quant au processus de paix, à savoir les accords d'Oslo. Du côté de l'aire arabo-musulamn et vue sous l'angle du conflit opposant archaïsme et modernisme, cette victoire, ajoutée à celle moins importante remportée par les Frères musulmans en Egypte, posent un vrai problème pour les démocrates. Déjà, les intégriste locaux du Maroc l'investissent, voire en font une pré-campagne électorale. Ce qui interpelle les gens du progrès. En d'autres termes : qu'ils se ressaisissent et trouvent la parade idéologico-politique convenable. Or, un certain défaitisme pointe déjà, et ses partisans sont d'ores et déjà convaincus du raz-de-marrée des intégristes locaux en 2007. Et c'est là une position totalement irrationnelle et dépourvue de fondement. D'ailleurs, les résultats des élections 2002, n'ont donné au PJD, et ce, en prenant en compte sa décision de restreindre ses candidatures que 10% des voix. On est loin, donc, de la déferlante qu'on ne cesse de miroiter. C'est compter sans la combativité et la capacité d'encadrement de toutes les forces vives du pays.