Aïcha Sakhri est sûre d'elle : “Nous sommes le nº1 de la presse féminine au Maroc”. Parue en novembre 1995, un mois à peine après son éternelle rivale Citadine, la revue cible une lectrice “élitiste, francophone, instruite et âgée de 25 à 45 ans”. Dès son lancement, Femmes du Maroc s'est avérée une revue militante, féministe de bout en bout. Un choix éditorial qui est intervenu après plusieurs mois de recherche et de contact avec le lectorat potentiel. Aïcha Sakhri se rappelle de cette période de prépublication durant laquelle, on a essayé de répondre à une question : “Quelles sont les attentes de la femme marocaine ?”. “Nous avons mené une petite enquête sur le sujet. Pendant les mois qui ont précédé notre parution, nous avons organisé des réunions de groupes avec des femmes avec lesquelles nous avons discuté de leurs besoins et attentes de la presse féminine. C'est ainsi que nous avons trouvé chez ces femmes un fort besoin d'identité féministe” raconte-t-elle. “Nous voulions que Femmes du Maroc soit à la fois une revue féministe, militante, intelligente et belle”. A la différence d'autres féminins, Femmes du Maroc refuse d'associer la femme à la famille. “Il nous arrive de traiter des sujets en rapport avec la famille, mais on ne perçoit en aucun cas la femme comme membre d'une famille. On ne veut pas la traiter ni comme mère ni comme épouse, mais comme une personne tout court qui a ses besoins et ses préoccupations personnelles en dehors du cercle familial” précise la rédactrice en chef. Tout en étant l'une des premières publications à briser bien des tabous, Femmes du Maroc s'efforce de ne pas dépasser certaines limites “car il ne faut pas non plus se tromper de contexte. Il ne faut pas mélanger modernité avec minijupes et cigarettes” conclut Aïcha Sakhri.