Brahim Jalti est de retour Décidément, les drames font plutôt bien les choses. Aucune allusion n'est faite ici, aux malheurs des uns et aux bonheurs des autres. Mais à ce que le 16 mai a apporté, en preuve et insinuation, à un détenu militaire, Brahim Jalti. Le militaire d'Oujda qui purge une peine de prison pour un chef d'accusation aussi long que les sanglots du violon de Verlaine. L'histoire remonte à plus d'une année. Ce détenu-là et son ami ont séquestré un de leurs chefs hiérarchiques, pistolet en main. Motif déclaré : ils auraient filmé, recueilli des informations, fouiné et Dieu sait quoi encore pour préparer un dossier accablant pour le remettre aux supérieurs des supérieurs. S'ensuit un procès, un verdict. A l'époque, le pays vivait au rythme des scandales CIH, CNCA et Cie, et des commissions d'enquête parlementaire. Jalti et son ami ont cru le moment propice pour crier à un procès fabriqué pour mettre au pas des justiciers droit dans leurs bottes (c'est militaire, ça !). Le plaidoyer se résumait en ceci : on les a ciblés (c'est aussi militaire, ça !) pour passer sous silence la corruption. La défense n'a pas tenu la route. Changement de décors: les attentats du drame font parler de la Salafiya Jihadiya et la nébuleuse intégriste. Une aubaine pour un prisonnier qui a tout le temps pour concocter des rapprochements. On rectifie le tir (on n'est pas encore sorti de l'auberge). Et voilà Jalti qui, dans un article paru dans “Assahifa” cette semaine, qui nous édifie : “ils (les autres) ont essayé d'établir des liens entre notre affaire et l'appartenance aux groupes islamistes, Salafiya y compris”. Vainement, parole d'un détenu. Mais ce dernier persiste et signe : “les interrogatoires subis par nos familles portaient sur notre comportement religieux : prière, mosquées fréquentées…”. Le comble : “ils (les autres, toujours) ont peur de l'Islam plus que ses ennemis”. La conclusion, on ne vous la fera pas dire : les ennemis de la religion sont ceux qui nous ont condamnés ! Pas la peine d'aller plus loin. L'idée ici va aux esprits sensés, pas à Jalti qui lui, boucle la boucle : “qu'ils amendent, abrogent de la Constitution l'article qui stipule que le Maroc est un pays musulman”. Il y a ici la bêtise de conclure aussi gauchement. Il y a surtout l'obstination de faire l'amalgame. De qui s'agit-il en fait ? Des militaires en poste aux frontières ! Qui font un travail plus proche de celui de personnes douteuses que des détectives version Transparency, poursuivis pour “séquestration, menace à l'encontre de supérieurs, insubordination et dérogation aux règles militaires”, un chef d'inculpation qu'ils n'ont pas nié au départ, qui sautent du coq de la bergère à l'âne de la fable. Franchement, c'est un peu - comment dire - hâtif ! Il fallait, pour être un bon Musulman, les laisser séquestrer, manu militari, leur chef. Sinon ? Changez la Constitution. Les pinceaux se mélangent, les choses s'emmêlent. Comment appelle-t-on cela dans le jargon militaire ? Là-dessus, le détenu n'éclaire en rien notre lanterne, mais on voit bien que la Jihadiya lui tient d'exercice réquisitoire. On n'aura pas besoin, le cas échéant, de suivre les minutes de son affaire. Un écrivain français du siècle dernier disait : “quand je veux savoir les dernières nouvelles, je lis Saint-Paul”. Brahim Jalti a tous les droits de dire sa vérité. Tous les droits, même les plus légaux. La vérité, néanmoins est constante, les jusfifications muables. Mais on n'est pas là pour le sérieux, le syllogisme et toute la panoplie philosophique, c'est un cas de style. Ni plus, ni moins. Il changera demain, promis, juré. Il suffit que l'actualité change de titres. Et puis, on se défend comme l'on peut. Comme quoi la bêtise, même désespérée, n'enlève rien à l'humain. Clin d'œil final : il ne faut jamais parler gravement des choses graves. L'histoire remonte à plus d'une année. Ce détenu-là et son ami ont séquestré un de leurs chefs hiérarchiques, pistolet en main. Motif déclaré : ils auraient filmé, recueilli des informations, fouiné et Dieu sait quoi encore pour préparer un dossier accablant.