Le Ministère de l'Intérieur, agissant en conformité de la loi et dans le cadre de ses compétences, a demis 13 présidents de commune. La gravité des reproches est variable, mais tous ont trait au respect des règles de la dépense publique. En clair, à chaque fois, l'inspection du ministère de l'Intérieur a pu établir que des marchés ont été passés dans des conditions irrégulières, parfois avec une prise d'intérêt directe de la part du concerné. La fermeté de l'Etat sur ce dossier, en dehors de toute instrumentalisation politicienne puisque les «punis» proviennent de différents partis, est la bienvenue. L'image des élus est très mauvaise auprès de l'opinion publique, ce qui est injuste pour ceux dont la probité est indiscutable. Cependant, la réalité est que pendant trop longtemps, les collectivités locales ont été une véritable vache à lait, qui a enrichi des présidents, souvent portés à ce poste par des pratiques corruptrices. C'est un vrai drame, parce que cette image incite à la non-participation, ce qui facilite les combines et l'achat des voix, et complique la tâche des militants politiques qui se portent candidats en ne comptant que sur les moyens légaux. C'est aussi un drame parce que le binôme gouverneur-président, se trouve estropié handicapant le processus de développement et retardant l'émergence de régions entières, gérées par des présidents, mus par leurs seuls petits intérêts et n'ayant aucune compétence. L'attitude actuelle de l'administration territoriale, qui tranche avec celle qui a prévalu sous l'ère Basri, est certes à saluer. Il faut espérer que le contrôle soit systématique et la sanction universelle. Il faut même espérer que tous les pourris soient poursuivis en justice. Au-delà, il faut prévenir le mal. D'abord, en imposant le respect des règles démocratiques lors des prochaines consultations municipales. Il est impératif de mettre hors jeux tous les candidats ayant recours à l'achat des voix, au ramassage des cartes d'électeurs. Cela est le rôle de l'Intérieur qui ne peut se retrancher derrière le principe de neutralité. Mais les partis politiques ont une énorme responsabilité. Tous cèdent à la tentation de présenter un notable «sûr de gagner» sans être regardant sur les moyens qu'il met en œuvre, ni sa moralité. Les véreux trouvent toujours une étiquette partisane sans grande difficulté. A la sévérité nouvelle du contrôle de l'exécutif, les partis doivent collaborer par une sélection rigoureuse de leurs candidats, s'ils veulent réellement anoblir la politique. ■