Député et membre du secrétariat général du PJD, Abdelkader Amara critique le code électorale et revient sur les choix du PJD. Il regrette l'approche du gouvernement Jettou. La majorité gouvernementale a trouvé un accord concernant le code électoral. Le PJD critique ce code tant au niveau de la forme que du fond. Qu'en est-il aujourd'hui ? Il est évident que nous avons critiqué ce projet de loi et cela dès le départ. Au niveau de la forme nous pensons que ce code ne répond pas aux attentes de toute la classe politique. Il me semble que le gouvernement a exclu certaines fractions politiques et a cherché à tailler sur mesure une loi pour garder un certain avantage électoral. L'opposition n'a pas été consultée, au contraire on a implicitement rejeté ses propositions. Nous sommes dans une phase de transition, il fallait mettre en avant un nouveau code qui pérennise la démocratisation du pays. Or, on a repris celui de 2002 en essayant de rajouter quelques modifications. Le gouvernement a failli sur tous les niveaux. Concernant le fond, nous avons relevé plusieurs lacunes. D'abord, les principales déficiences dont souffraient les élections précédentes n'ont pas été dépassées. Aucune révision de liste électorale n'a été programmée. Rien n'a été fait pour lutter contre la balkanisation. Le gouvernement a instauré au début, un seuil butoir, mais il l'a retiré en le remplaçant par les signatures des électeurs. Une approche qui encouragerait la corruption. Le PJD avait suggéré de permettre à tous les partis de participer mais avait demandé d'instaurer un seuil de 7 % à l'échelle national pour accéder au Parlement. La majorité gouvernementale a rejeté cette approche et a refusé toute négociation. Plus grave, le vote des Marocains résidents à l'étranger n'a pas été programmé. Il fallait créer une circonscription pour cette catégorie de citoyens. Le PJD avait également demandé un amendement concernant la liste nationale. Mais le gouvernement a refusé… Pourtant le gouvernement a fait des concessions pour rectifier certaines lacunes et répondre aux attentes des autres parties politiques ? Ce n'est qu'un détour. Il est vrai qu'ils ont abandonné l'idée des signatures des grands électeurs, mais cela n'a aucun impact. Pis, ils ont réduit le seuil local de 7 % à 6 %. Je ne crois pas que ces mesures éviteront la balkanisation. Le Maroc a une nouvelle fois raté un rendez-vous avec l'histoire. Ce code est discriminatoire. Pour preuve, la majorité gouvernementale n'a pas facilement trouvé un compromis. Chaque parti défendait ses propres intérêts. On a l'impression que les partis qui composent la majorité se sont mis d'accord pour faire barrage au PJD… Ce n'est plus une impression, mais c'est la réalité. La preuve est cette loi qui a été faite pour de simples calculs électoralistes. Les partis de la majorité se sont dressés contre le PJD depuis la sortie du sondage de l'IRI. Les changements qu'a connu le code électoral ont été programmés lorsque les partis ont découvert les résultats du sondage de l'IRI. Cela est désolant. Ne pensez-vous pas que le PJD aura des difficultés à trouver des alliances dans le futur ? Le problème ne sera jamais posé. Les partis ont un discours avant les élections, mais ils changent de position après l'annonce des résultats. La période post-électorale change complètement la donne. Et croyez moi, si nous sommes appelés à former un gouvernement personne ne nous boudera, au contraire nous serons sollicités par tout le monde. En 2002, on a été rapproché par le RNI, l'Istiqlal et les mouvements populaires. Le PJD cherche à trouver des partenaires et de baser des alliances avec des gens qui ont le même programme que nous. Simplement, nous voulons plus de cohérence au sein de la classe politique. Comment comptez-vous aborder les prochaines élections ? Avec beaucoup de sérénité. Nous allons présenter notre programme et baser notre discours électoral sur le plus que nous pouvons apporter. Nous allons également présenter notre bilan communal et législatif. Mais le plus important est que la PJD va couvrir la totalité des circonscriptions. Le but est de gagner en 2007. Le PJD devra mener campagne en annonçant son souhait de moraliser la vie publique. Mais malheureusement, les dernières élections du 8 septembre nous laissent sceptiques. Allez-vous participer au prochain gouvernement ? Cela dépendra des résultats. Si nous arrivons à trouver un compromis avec les grands partis, nous pourrons considérer ce choix… Même l'USFP vous intéresse ? L'USFP, l'Istiqlal, le RNI ou le Mouvement Populaire. Il faut uniquement mettre en avant les priorités et se mettre d'accord sur un programme commun. À notre niveau, il n'y a pas de refus de principe. Mais comme je l'ai dit, nous allons statuer le moment venu. D'abord, il faut réaliser un bon score et ensuite on tranchera.