En réponse aux nombreuses anomalies observées sur les marchés de production et de distribution des fruits et légumes au Maroc, le Conseil de la concurrence a émis un avis sur l'état de la concurrence dans les marchés des fruits et légumes au Maroc. Aussi, il a formulé une série de recommandations exhaustives pour remédier à ces irrégularités. Parmi elles, la nécessité de réviser et d'actualiser le cadre juridique qui régit chaque étape de la chaîne de distribution. L'objectif de cette mise à jour est de garantir une régulation efficace et de soutenir un développement harmonieux du secteur, impliquant à la fois les entités publiques et privées. Ainsi, il est essentiel d'établir clairement, via un cadre réglementaire, les modalités de mise en place et de gestion des infrastructures commerciales utilisées pour la commercialisation des fruits et légumes, assurant de cette manière des standards uniformes et justes pour tous les intervenants. Les difficultés identifiées freinent l'efficience du secteur agricole marocain, en particulier par l'allongement des circuits de distribution et la spéculation engendrée par les nombreux intermédiaires qui imposent des marges excessives, répercutées finalement sur le consommateur. En effet, la multiplicité des intermédiaires, sur toute la chaîne de valeur, jouent un rôle prépondérant dans le fonctionnement des marchés et dans la détermination des prix des fruits et légumes. « En raison de la longueur du circuit de distribution et de commercialisation des produits des MGFL, les producteurs ont du mal à réaliser des profits suffisants de leurs cycles de production respectifs, tandis que les consommateurs ont du mal à accéder aux fruits et légumes, essentiels à leur alimentation de base, à des prix raisonnables ». Le document pointe du doigt par ailleurs, les intermédiaires qui captent la majeure partie de la valeur ajoutée générée par le circuit. En effet, la marge brute des intermédiaires constituerait la composante dominante dans la formation des prix de vente, s'appropriant en moyenne près de 34% du prix final, contre une part de 30% pour les producteurs », souligne le rapport. Il est pertinent de rappeler, par ailleurs, que le Maroc, bénéficiant d'une diversité écologique remarquable allant des plaines fertiles aux zones montagneuses, dispose d'un potentiel agricole considérable. Cette diversité est un atout pour une variété de cultures agricoles, une réalité soulignée par le Souverain lors de son discours à la 81ème édition de la Semaine Verte internationale de Berlin, le 14 janvier 2016. Le Maroc se positionne ainsi comme un acteur agricole de premier plan sur la scène mondiale, étant le 4ème exportateur mondial de clémentines, le premier de haricots verts, le troisième de conserves d'olives et le cinquième de fraises. Ces performances sont le résultat d'une stratégie de développement agricole bien orchestrée depuis l'indépendance, notamment à travers le lancement de projets structurants et de divers programmes comme le Plan Maroc Vert en 2008. Ces initiatives ont permis d'accroître significativement la production agricole nationale et les exportations. Aujourd'hui, la filière des fruits et légumes s'étend sur près de 700 000 hectares, incluant 460 000 hectares de plantations fruitières et 240 000 hectares de cultures maraîchères, avec une production totale avoisinant les 11,5 millions de tonnes par an, dont 4,2 millions de tonnes de fruits et 7,3 millions de tonnes de légumes. Un autre dysfonctionnement relevé, et non des moindres, est la croissance et la multiplication des marchés parallèles et informels, attestant ainsi dans les faits « un laxisme dans l'application des dispositifs de contrôle par les autorités compétentes ». Une situation, note l'avis, qui a incité les grossistes de ces marchés à renforcer leurs capacités logistiques en mettant en place des installations frigorifiques et des entrepôts de stockage clandestins. Le Conseil de la concurrence a identifié un problème majeur dans la fixation des prix de détail au Maroc, attribuable à une collusion tacite entre détaillants qui fixent des marges exorbitantes, affectant tous les types de marchés, des petites boutiques aux grandes surfaces. Cette situation soulève des inquiétudes quant à l'équité et la transparence du marché, impactant les consommateurs par des prix disproportionnés. Le Conseil souligne aussi l'importance de combattre les pertes et le gaspillage dans le secteur agricole, spécialement dans la culture de l'oignon dans lequel jusqu'à 80% de la production peut être perdue. Pour y remédier, il recommande de valoriser les produits via des circuits courts et d'améliorer la traçabilité avec des technologies avancées, garantissant qualité et sécurité alimentaire.