Destiné au transport de marchandises, le triporteur est devenu un moyen de transport en commun. De la calèche au triporteur, des jeunes chauffeurs ont franchi le pas en investissant dans ce business. Super Moto, Kazawi, Top Moto, Docker, les marques de ces engins à trois roues fleurissent dans toutes les villes du Royaume, en particulier dans la capitale économique. Même si leur aspect renvoie à des produits tout droit venus de Chine, la plus populaire d'entre elles, Docker, est un produit monté au Maroc. Avec 120 à 180 unités montées mensuellement dans leur usine implantée à Tit Mellil, la SOCOMADIS importe de Chine toutes les pièces de son triporteur, «Docker». Au total, quelque 35.000 nouvelles unités sont importées ou montées localement tous les ans. «L'engin coûte 15000 DH qui est acheté d'habitude par des jeunes qui font le transport, et nous sommes leader depuis trois ans dans les triporteurs low-cost», note l'un des responsables commerciaux de la société de distribution. «Il suffit d'acheter l'engin à 15000 DH avec son remorqueur et d'installer la cage en fer avec une bâche à 4000 DH », lance un chauffeur de triporteur qui fait la liaison Ryad Oulfa et Hay Hassani, deux quartiers périphériques . La bâche est confectionnée par un soudeur et c'est ce qui permet aussi d'installer des bancs latéraux comme sièges. Des jeunes se lancent dans ce business et ont investi près de 20000 DH avec une assurance d'une année à 1600 DH. Cependant, cette assurance ne couvre que deux personnes, à savoir le chauffeur et une autre pour le transport de marchandises. Alors qu'au complet le triporteur peut transporter jusqu'à huit personnes. En cas d'accident, ces dernières ne sont pas couvertes par l'assurance et « des fois les chauffeurs se sauvent avant qu'un agent de police ne fasse le constat. Le chauffeur indélicat risque d'être interpellé et son matériel peut être amené à la fourrière », précise le jeune chauffeur. Mais quoi qu'il en soit, ces tricycles permettent à de nombreux jeunes d'assurer leur gagne pain avec une marge journalière estimée entre 100 DH et 150 DH, selon les courses. Visiblement, les autorités semblent fermer les yeux sur ce phénomène, pour des raisons sociales. Mais, le transport de personnes est une activité strictement règlementée et ne peut en aucun cas être fait par le biais de ces triporteurs. Malgré ce caractère illégal, pour certains, ce serait en raison des embouteillages causés par le tramway que les chauffeurs de triporteurs ne sont pas interpellés par les agents de police. Les triporteurs sont donc une alternative face aux bouchons immenses qui sévissent dans la capitale économique surtout avec les travaux du tramway. Ainsi, ils sont utilisés par les gens au sortir du travail en attente des bus ou grands taxis au Maarif, Garage Allal ou Sidi Maarouf. Ils desservent des zones à forte concentration démographique comme Hay Baraka, Hay Hassani, Derb Ghallef, etc. «Nous transportons des personnes qui n'ont pas les moyens de prendre le bus et quelques fois pour des courses à trois dirhams, on est payé à deux dirhams ou même gratuitement», ajoute le chauffeur. La concurrence des triporteurs aux légendaires Honda est de plus en plus rude dans le transport interurbain des marchandises. A Derb Omar, près d'une centaine de triporteurs volent la vedette aux Honda avec des tarifs de transport qui atteignent à peine la moitié du prix des véhicules à quatre roues. Faudrait-il revoir la réglementation de ce moyen de transport qui voit 35000 unités dans le marché chaque année ? Beaucoup de jeunes qui pratiquent le transport en commun seraient privés alors de revenus journaliers destinés à des familles entières issues de zones difficiles. Un aspect non moins important à prendre en considération par les autorités compétentes, d'autant plus que les populations ont davantage recours à leurs services. L'approche de l'Aïd el Kébir crée une tension sur la demande, notamment avec le transport des moutons et autres marchandises. Pendant ce temps, ces transporteurs d'un nouveau genre se frottent les mains. Une puissance qui fait polémique Sans permis ni carte grise, les triporteurs sont conduits en toute imprudence. Prévus avec un petit cylindre et réservés pour les marchandises. A côté de ceux qui proviennent de Chine, le triporteur Docker qui peut supporter une charge de 300 kg à 500 kg avec son moteur de 49cc. Par contre, la vitesse et la capacité cylindrique de ces produits chinois restent une polémique. L'essai au laboratoire révèle en réalité une puissance de 90cc et une vitesse de pointe qui dépasse 100km/heure alors que la limitation initiale est de 50km/heure. Aussi, le poids à supporter est modifié par certains chauffeurs pour une contenance optimale. En fait, selon certains, le producteur chinois pourrait être le fournisseur commun des importateurs et distributeurs des différentes marques de triporteurs au Maroc. PAR serigne cheikh djitte