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Ahmed Attaf: désinformation pure
Publié dans Barlamane le 02 - 01 - 2024

Deux déclarations algériennes en cette fin d'année retiennent l'attention. Celle du ministre algérien des affaires étrangères, Ahmed Attaf, d'une part et celle de son président, d'autre part. Chronologiquement, l'interview d'Attaf au micro d'une chaine arabe a été recueillie le 19 décembre 2023, voire avant. Elle n'a été diffusée que le 27 décembre 2023, en podcasting, deux jours après que le président algérien se soit exprimé dans le discours qu'il a prononcé le 25 décembre au Parlement.
Le ministre Attaf, à propos du Sahara marocain, a dit que, dans sa relation avec le Maroc, « l'Algérie peut être considérée comme [la partie] la plus portée à la recherche rapide d'une solution».
Déclaration infondée, démentie tous les jours par les actes du régime algérien depuis près de 50 ans, et contredite par le propre Attaf dans la suite de l'interview.
Le ton modéré des propos peut surprendre, dans la mesure où il tranche avec celui d'autres responsables algériens, civils et militaires, passés et présents, parmi lesquels, par exemple, l'ancien ministre des affaires étrangères, Ramtane Lamamra et Amar Belani. Nous ne sommes plus dans l'invective et la menace, mais dans le langage diplomatique feutré.
La même observation vaut pour le chef de l'Etat algérien qui, de son côté, a à peine effleuré la question du Sahara dans son discours du 25 décembre. C'est, par rapport aux « petites phrases » perfides auxquelles Tebboune nous a habitués, une évolution majeure. Que le président algérien ne profère pas de mot qui fâche et se contente du service minimum dans une question qui lui a servi plusieurs fois en politique intérieure et dans laquelle il fait figure de faucon, ne peut être l'effet du hasard. Il est vrai que le discours fleuve de Tebboune devant les deux chambres réunies tenait plus de la harangue électorale avant l'heure que du discours convenu sur l'état de la nation. Mais, justement, l'« antimarocanisme » est vendeur à Alger et les piques contre le voisin marocain sont habituellement attendues et servent à mettre la claque de son côté.
Pour preuve, lorsque Tebboune, dans une sortie de route dont il est coutumier, s'en est pris sans raison à la devise officielle du Maroc, plusieurs parlementaires ont ri, d'autres ont esquissé des sourires entendus.
Ahmed Attaf a quant à lui pris quelques libertés avec la vérité dans la suite de l'entretien.
Habilement mené par la journaliste Khadija Benguenna, sa compatriote, qui lui a posé les questions voulues, il a été néanmoins parfois hésitant et peu inspiré. Il a été peu convaincant au sujet du style agressif de la diplomatie de l'Algérie, mais aussi à propos de l'Espagne. Il n'est pas exact de dire que l'Espagne conserve toujours la souveraineté sur son ancienne colonie et qu'elle n'aurait transféré au Maroc « que l'administration ». La réponse du Maroc à cette affirmation sans fondement est claire : L'Espagne ne pouvait pas transférer ni rétrocéder au Maroc une quelconque souveraineté dès lors qu'elle ne l'a jamais eue. Le dicton arabe le dit, on ne peut pas donner ce qu'on n'a pas. Le Maroc a été spolié de ses provinces du sud à la fin du XIXè siècle, il les a récupérées en 1975, mettant fin à la colonisation espagnole.
Dans une observation de bon sens, Benguenna a fait remarquer que l'Espagne a pris une décision souveraine en reconnaissant la marocanité du Sahara, ce à quoi Attaf n'a rien trouvé de mieux à répondre que de prétendre que « la décision espagnole est grave car c'est l'ancienne puissance coloniale et elle a une responsabilité qui est enregistrée aux Nations unies ». Cette responsabilité, en réalité, a pris fin en 1976 et n'est « enregistrée » nulle part. Aux yeux des Nations unies, il n'y a pas au Sahara de puissance administrante au sens du Comité des 24 et aucun pays ne présente le rapport prévu à l'alinéa e de l'Article 73 de la Charte de l'ONU.
Au passage le ministre algérien admet que le problème du Sahara est « important » pour l'Algérie. On s'en doutait, au vu des moyens et de l'énergie que ce pays consacre à la question. Attaf dit sans s'embarrasser de précautions de langage qu'il ne pouvait pas accepter que l'Espagne « soutienne aussi facilement le plan d'autonomie » du Maroc. A quel titre et de quel droit l'Algérie peut-elle vouloir accepter ou ne pas accepter une décision souveraine d'un pays tiers dans une question qui ne la concerne pas ? A la journaliste qui lui demande si l'Algérie est une « partie », Attaf ressort un ancien statut qui a déjà servi dans d'autres circonstances, celui de « partie intéressée ». Rappelons que l'Algérie a créé pour elle-même une panoplie de casquettes, dont elle s'affuble au gré des circonstances : « observateur », « pays voisin », « pays limitrophe », « pays intéressé », « partie concernée », « acteur important », « simple membre de l'ONU », « partie prenante », « observateur préoccupé ».
Attaf soutient que l'Espagne a modifié sa position et s'est rangée à l'avis des autres pays européens, ce qui a permis à l'Algérie de normaliser ses relations avec Madrid. Il date le changement à partir du discours du président Pedro Sanchez à l'Assemblée générale des Nations unies en septembre 2023. Or, plus récemment, le 14 décembre, le ministre espagnol des affaires étrangères José Manuel Albares a déclaré à Rabat: « La position de l'Espagne sur la question du Sahara n'a pas changé. C'est ce qui est déjà exprimé dans la Déclaration conjointe, adoptée le 7 avril 2022, et dans la Déclaration sanctionnant la 12ème session de la Réunion de Haut Niveau Maroc-Espagne en février 2023 ».
À propos des relations avec le Maroc, prenant prétexte du refus par le Maroc de l'aide humanitaire algérienne au lendemain du séisme qui a frappé le Haouz et, selon lui, du refus de son collègue marocain de répondre à son appel téléphonique, Attaf affirme « qu'il n'y a pas de volonté politique ni de bonne foi chez les autorités marocaines ». Il en conclue, un peu vite, que les Marocains n'ont pas accepté cette « main tendue » de l'Algérie, voulant donner à entendre qu'une occasion a été ratée. Le ministre a la mémoire courte ou sélective, il semble oublier que les autorités algériennes n'avaient donné aucune suite à la proposition marocaine de mettre à leur disposition des avions Canadair pour aider à éteindre les incendies qui avaient ravagé la Kabylie en août 2021. Faut-il rappeler que l'Algérie ne possède pas de Canadair ? Quant aux produits alimentaires et autres articles qui font généralement partie des lots d'aide humanitaire, le Maroc se suffit à lui-même et s'il a fait appel à l'aide d'un groupe restreint de pays pour les recherches des victimes, il l'a fait selon des critères dont il est seul juge. Le Maroc n'a que faire d'une aide venant d'un régime qui lui voue une haine féroce, lequel régime ne se serait pas privé, si son offre piégée avait été acceptée, d'exploiter l'événement pour donner libre cours à sa hargne habituelle.
Le problème de l'Algérie avec le Maroc ne se réglera pas par un appel téléphonique ou par des condoléances sur commande (« On m'a chargé... ») et dépourvues de sincérité.
Alger n'a jamais fait cesser les attaques scandaleuses de la presse algérienne contre le Maroc et ses institutions, preuve s'il en est de son hypocrisie. Le jour où il le fera, et à partir de ce jour seulement, ce sera un premier pas dans la bonne direction et on pourra commencer à discuter.
Attaf affecte aussi d'oublier que son gouvernement a choisi de ne pas donner suite à la main tendue du Maroc, noble, généreuse et authentique celle-là, dénuée d'arrière-pensées et exprimée en la forme la plus solennelle et au plus haut niveau par la voix la plus autorisée du Royaume.
S'il y a mauvaise foi et absence de volonté politique, ce n'est certainement pas du côté marocain.
Contrairement à ce qu'avance le ministre algérien, son pays n'a jamais cherché à favoriser une solution. C'est le pyromane qui crie au feu. L'énergie et les moyens que l'Algérie a mobilisés n'ont visé qu'un seul but, contrecarrer le parachèvement de l'intégrité territoriale du Maroc et le déstabiliser. Les prétendues offres algériennes de médiation, un comble de duplicité, ne visaient qu'à essayer d'imposer le polisario comme interlocuteur et lui faire reconnaitre par le Maroc la représentativité qu'il n'a pas.
Attaf ne contredit pas Benguenna lorsque celle-ci égrène les réalisations du Maroc et les points qu'il a marqués. A court d'arguments, il s'accroche à la MINURSO comme à une bouée de sauvetage. C'est le déni.
Evoquant le plan d'autonomie qui a été proposé par le Maroc, le ministre algérien a sorti ce qu'il a vraisemblablement considéré come un argument massue. Le Conseil de sécurité, a-t-il affirmé, n'a jamais étudié cette proposition. « Même ceux qui ont soutenu la proposition marocaine, a-t-il cru pouvoir ajouter, n'ont pas lu le plan ». Ils apprécieront. Lui-même en revanche semble avoir bien étudié le document marocain, à en juger par les précisions qu'il confie à la journaliste.
Depuis 2007, le Conseil de sécurité « prend note de la proposition marocaine » et se félicite des efforts « sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l'avant vers un règlement». Si le Conseil de sécurité n'a pas débattu de la proposition marocaine, c'est parce qu'il ne lui appartient pas de le faire. Il agit dans le cadre du Chapitre 6. En revanche, de nombreux pays, et non des moindres, parmi lesquels l'Espagne, n'en déplaise à Ahmed Attaf, ont étudié la proposition d'autonomie du Maroc et ils n'en ont dit que du bien. Les dizaines de pays qui se sont succédé au Conseil de sécurité depuis 2007 en tant que membres non permanents, sans compter les membres permanents, ont également étudié la proposition marocaine avant d'en « prendre note ». Cette proposition, le ministre ne l'ignore pas, est, justement, une « proposition » qui est mise sur la table et soumise à la négociation.
Chose étonnante de la part d'un diplomate professionnel, Attaf ne semble pas se rendre compte de la portée de ses propos. En outre, il fait des confusions, se trompe sur les noms des personnes (Benny Gantz au lieu de Yaïr Lapid) et des villes (Toronto au lieu de Montréal) et étale une méconnaissance du fonctionnement du Conseil de sécurité et du contenu de ses résolutions. Il aggrave son cas lorsqu'il dit, non sans fierté, que l'Algérie a présenté plusieurs initiatives et plans de règlement. Un pays voisin et observateur singulièrement actif, l'Algérie, au point de vouloir prendre les choses en mains. Entre autres « plans », dans sa quête éperdue d'une « entente entre frères », Alger est même allé jusqu'à proposer une partition du territoire du Sahara marocain ! Quid des principes ? Alger n'en a cure.
À la journaliste qui lui a fait remarquer que la mésentente entre le Maroc et l'Algérie est lassante, que les gens sont fatigués, la frontière reste fermée, on s'insulte mutuellement sur les réseaux, il a répondu que « si quelqu'un doit être blâmé, ce n'est pas l'Algérie...l'intransigeance n'a pas été de notre côté ». Le ministre, encore une fois, est dans le déni. C'est, décidément, un trait de caractère: faire une chose et soutenir le contraire. Faut-il lui rappeler la (longue) liste des méfaits algériens, depuis la rupture des relations diplomatiques et l'arrêt du gazoduc (GME) ? Faut-il lui rappeler qui héberge, arme et soutient des bandes armées sur son territoire ? Non, il continuera sûrement à nier, il jurera que l'Algérie n'est pas blâmable.
Et quand le ministre algérien prétend qu'il est « conscient [de l'importance] de l'édification du Maghreb arabe », nous le renvoyons à l'appel du Secrétaire général de l'UMA, Tayeb Bekkouche, qui invite l'Algérie à payer ses arriérés de cotisations et à pourvoir les postes qui lui sont réservés. Ce serait un bon début sur la voie exaltante de l'édification du Grand Maghreb.
Vus de Rabat, les propos d'Attaf sur les relations maroco-algériennes et sur le Sahara sont à ranger dans la rubrique « Non-événement ». C'est une simple manœuvre, cousue de fil blanc, une opération de charme visant à donner à l'Algérie le beau rôle à la veille de l'entrée de ce pays au Conseil de sécurité. Ceux qui ont cru y déceler un message devront déchanter.


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